Une manifestation non déclarée contre la réforme des retraites a vite tourné ce samedi aux affrontements entre les manifestants et les forces de l'ordre à Rennes. Feux de poubelles, dégradations de devantures et feux de voitures émaillent le cortège dans le secteur de la place de la République.
Le rendez-vous avait été donné à Rennes ce samedi à 14h place de la République. Après trois quarts d'heure de rassemblement, les 1200 manifestants recensés par la préfecture d'Ille-et-Vilaine (près de 2000 selon les manifestants) se sont élancés sur les quais vers la place de Bretagne.
Déterminés à rester mobilisés et à se faire entendre face à "la position intolérable d'un gouvernement qui ne les écoute pas", les manifestants se sont vite retrouvés face aux forces de l'ordre. Ils ont dû rebrousser chemin.
Assez rapidement, des jeunes, vêtus de noir et cagoulés, se sont portés en tête de cortège. Moins d'une demi-heure après le départ de la manifestation, des individus ont commencé à jeter des projectiles, à s'en prendre à des abris bus ainsi qu'à des devantures d'établissements de banques. Parking Vilaine, plusieurs voitures ont été vandalisées et une incendiée. Une Mercedes comme ce jeudi 13 avril.
Dans le secteur de la place de la République, les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogène et canon à eau pour disperser les manifestants. Ces derniers ont continué à s'en prendre à des devantures de commerces et d'établissements financiers telle une agence Groupama. Des locaux de l'hôtel Mercure, rue Lanjuinais, ont été saccagés.
À 17h, la préfecture annonce l'interpellation de 8 personnes depuis le début du rassemblement. Elle signale qu'un gendarme mobile a été blessé.
Après des affrontements dans le secteur du boulevard de la Liberté, les manifestants rejoignent le centre historique et la place Sainte-Anne. Très vite, le canon à eau de la police est mis en action.
À 19h, la situation reste confuse dans le secteur de la place de Bretagne, entre gaz lacrymogène, utilisation du canon à eau pour disperser les manifestants et interpellations violentes.
Dans un nouveau bilan de la préfecture à 19h10, il est fait état de "11 individus interpellés qui seront présentés à l'autorité judiciaire", ainsi que de multiples dégradations dont deux voitures incendiées. Le procureur de la République a fait état dans la soirée de 13 gardes à vue au total.
"Moyens lacrymogènes, engins lanceurs d’eau..." La préfecture justifie un usage "adapté et proportionné" de la force face "aux violences et à l’agressivité de plusieurs centaines de casseurs grimés, ultras et manifestants violents".820156
Des dégâts considérables
Dans un communiqué de presse, Nathalie Appéré déplore "des dégâts considérables" et pose la question "Que va-t-il se passer désormais ? Jusqu'où ira cette folie destructrice ?" Selon elle, "les dommages se chiffrent en centaines de milliers d'euros".
Elle demande que l'État reconnaisse "la situation particulière de la ville" et la "pérennisation des moyens policiers supplémentaires déployés ce jour" [la CRS 8, NDLR]. Elle réclame aussi que "le préjudice de nos commerçants doit être reconnu et pris en charge. Ils doivent être accompagnés dans l'épreuve qu'ils traversent, comme en 2016, où nous avions obtenu du gouvernement un dispositif de compensation des franchises d'assurance".
La veille, vendredi soir, des casseurs s'en étaient pris à un poste de police en mettant le feu à sa porte. Le ministère de l'Intérieur avait aussitôt décidé de déployer dans la capitale bretonne, dès ce samedi, la CRS 8, spécialisée dans les violences urbaines.