Rennes 2 : Le Président prend position contre le classement à l'entrée de l'université

Le président de Rennes 2, dont l'université est bloquée par le mouvement étudiant jusqu'au 30 avril, rappelle dans un communiqué "son attachement au principe fondamental de libre accès à l'enseignement supérieur sans aucune forme de sélection". Une façon de désavouer le dispositif "Parcoursup".

Le Président de l'université de Rennes 2, Olivier David, annonce dans un communiqué, que pour toutes les filières de formation qui ne sont pas en tension, soient 70% des formations de l'Université, tous les étudiants qui ont émis le voeu de venir y étudier, y seront accueillis, sans classement et sans sélection, "afin de rester en cohérence avec ses principes et valeurs". Une position en contradiction avec le nouveau dispositif  "Parcoursup", de la Loi ORE, Orientation et Réussite promulguée au mois de mars dernier, qui implique classement et donc sélection des étudiants à l'entrée, quelque soit la filière. Un dispositif, qui remplace le tirage au sort décrié, de l'ancienne plate-forme APB, et qui a déclenché depuis quelques semaines un large mouvement des étudiants dans les universités.


Un classement pour les filières en tension

En ce qui concerne les filières en tension, en revanche, c'est à dire Psychologie, Staps (sport), Info-Com, Sciences de l'Education et Arts plastiques, un classement s'appliquera, "selon le cadrage défini à l'échelle de l'établissement qui garantit la prise en compte de tous les profils de lycéen.ne.s et tous les types de baccalauréats." Parce qu'il n'est pas possible d'accueillir tout le monde rappelle le président "sous peine de proposer des conditions d'études très dégradées aux futur.e.s étudiant.e.s."
 

Appel à la négociation

Dans une tribune publiée ce mercredi, Olivier David, avec cinq autres présidents d'université appelait le gouvernement à "ouvrir rapidement des négociations avec toutes les parties prenantes" du mouvement de protestation dans les facultés. Des présidents qui écrivent notamment que "Pensée pour éviter les tirages au sort dans les quelques filières dites en tension, la loi ORE et les faibles moyens qui l'accompagnent ne permettent pas d'améliorer l'accueil et la réussite des étudiants."
 


Contre le blocage de l'université

Le président de Rennes 2, qui "fait en sorte de garantir les conditions du débat et de l'expression libre des opinions sur la réforme en cours", réaffirme dans son communiqué, son opposition au blocage de l'université jusqu'au 30 avril, date de début des partiels. Un blocage écrit-il qui "se fait au détriment de la défense d'une Université ouverte, de l'esprit critique et de la vie intellectuelle qu'elle entend porter, et des conditions de travail des personnels et des étudiant.e.s." La poursuite du blocage de Rennes 2, entamé le 9 avril, a été votée en Assemblée générale ce lundi 16 avril.

Déclaration de l'équipe de direction à l'attention de la communauté universitaire de l’Université Rennes 2 - 18 avril 2018

À plusieurs reprises, l'équipe de direction a affiché son attachement au principe fondamental de libre accès à l'enseignement supérieur sans aucune forme de sélection. L'Université Rennes 2 a ainsi accru ses capacités d'accueil en première année de licence pour la rentrée prochaine afin de tenir compte de l'augmentation prévue du nombre de lycéen.ne.s et d'assumer ainsi sa responsabilité de service public ouvert à tou.te.s.
  
Proposée par la Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, Frédérique Vidal, la loi relative à l'orientation et à la réussite des étudiants du 8 mars 2018 (loi ORE) est mise en œuvre à travers une nouvelle plateforme de gestion des vœux : « Parcoursup ». Le tirage au sort, système décrié et contraire au droit mis en œuvre dans l'ancienne plateforme APB, est désormais supprimé pour les filières en tension et remplacé, pour toutes les filières, par un système de classement des candidatures des bachelier.e.s par les universités. Or, ce nouveau dispositif soulève au sein des équipes pédagogiques et parmi les étudiant.e.s de nombreuses interrogations sur le principe du classement et l'impossibilité d'une évaluation qualitative valable des candidatures, ainsi que des critiques sur la précipitation de la mise à place de ce dispositif et sur son imposition aux filières qui ne sont pas en tension.

Malgré la mise en œuvre vertueuse du dispositif qu'elle a jusqu'à ce jour promue, l'équipe de direction entend les contestations qui s'expriment dans l'établissement. Afin de rester en cohérence avec ses principes et valeurs, l'équipe de direction de l'Université Rennes 2 laisse la possibilité aux équipes pédagogiques d'accepter sans condition toutes les candidatures déposées dans Parcoursup, dans les filières qui ne sont a priori pas en tension. Cela concerne environ 70% des formations de l'Université pour lesquelles, comme le permet l'outil Parcoursup, tous les vœux seront appelés sans classement dès lors que l'établissement s'engage à prendre tou.te.s les candidat.e.s qui répondront favorablement à cette proposition. Cette responsabilité devra être collectivement assumée par l'établissement et les équipes pédagogiques.

Pour les filières actuellement en tension, dans lesquelles il n'est pas possible d'accueillir l'ensemble des candidat.e.s sous peine de proposer des conditions d'études très dégradées aux futur.e.s étudiant.e.s, un classement des candidatures sera effectué selon le cadrage défini à l'échelle de l'établissement qui garantit la prise en compte de tous les profils de lycéen.ne.s et tous les types de baccalauréats. En ce sens, les Commission d’Examen des Vœux (CEV) sont suspendues jusqu’à l’AG des personnels du vendredi 20 avril.

L'équipe de direction réaffirme enfin son objectif d'œuvrer à la qualité de l'orientation des lycéen.ne.s. Cela passe par une meilleure information sur les formations de l'Université et par un travail approfondi avec les établissements scolaires et les enseignant.es du secondaire. Cela passe aussi par un accompagnement renforcé des nouveaux et nouvelles étudiant.e.s notamment à travers les dispositifs de remédiation que l'Université met déjà en place et veut renforcer dès la rentrée prochaine.

A ce jour, l'équipe de direction fait en sorte de garantir les conditions du débat et de l'expression libre des opinions sur la réforme en cours. C'est pourquoi elle estime que le blocage des campus, qui interdit le déroulement des activités de formation, de recherche, de diffusion des savoirs, de médiation culturelle ainsi que le fonctionnement des services techniques et administratifs se fait au détriment de la défense d'une Université ouverte, de l'esprit critique et de la vie intellectuelle qu'elle entend porter, et des conditions de travail des personnels et des étudiant.e.s. Elle maintient sa mise à disposition de locaux consacrés à la mobilisation en journée pour des réunions, conférences, débats et projections, dans un cadre respectueux des biens et des personnes.

Olivier David,
Président de l'université
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