Les jurés ont suivi les réquisitions de l'avocat général. La cour d'assises de Rennes a condamnée ce mardi soir, après trois heures de délibéré, une mère de famille à 5 ans de prison avec sursis pour avoir mis fin aux jours de sa fille handicapée en 2010 à Saint-Malo.
Le verdict est tombée peu avant 20h, après 3 heures de délibération.
Laurence Nait Kaoudjt, 49 ans, a été reconnue coupable du meurtre de sa fille mineure, particulièrement vulnérable du fait de son handicap, mais avec altération de son discernement et du contrôle de ses actes.
La mère condamnée a crié sa colère aux jurés et à la cour aussitôt après l'énoncé du verdict: "J'aurais mieux fait de mourir. Vous n'avez pas de coeur, vous n'avez pas compris mon geste d'amour : si, demain, vous lisez que je me suis suicidée, je vous regarde tous dans les yeux, c'est sur votre conscience".
Un réquisitoire emprunt d'humanité
Tout au long de son réquisitoire de plus d'1h30, l'avocat général, Yann Le Bris, a appelé les jurés, quatre femmes et deux hommes, à faire preuve de "raison" pour déclarercoupable la mère infanticide.
"Ne pas la déclarer coupable, cela signifierait que quelqu'un qui a un enfant handicapé, qui éprouve des difficultés importantes à un moment donné" pourrait bénéficier d'une "exonération" et "tuer son enfant parce que c'est le sien", a-t-il souligné.
"Si vous dites aujourd'hui : elle n'est pas coupable, vous niez cette humanité (...) Cette petite fille, elle fait partie de l'humanité", a-t-il ajouté. "Ce n'était pas seulement un handicap, c'était avant tout une petite fille".
L'avocat général a déploré "l'absence", lors de cette audience de deux jours, de la victime, qui n'était représentée par aucune partie civile.
Des circonstances particulières
Yann Le Bris a toutefois appelé les jurés à faire preuve "d'humanité" et à reconnaître les "conséquences de la vie difficile d'une mère seule qui élève un enfant handicapé". "A aucun moment je n'aurais envisagé (...) une peine comportant une partie ferme avec incarcération", a-t-il souligné.A LIRE le récit de cette mère : Mère infanticide : "C'est un geste affreux mais c'est un geste d'amour"