Depuis le 20 septembre 1989 et l’inauguration de la ligne à grande vitesse en direction de l’Ouest, Rennes n’a cessé de se rapprocher de Paris. Une épopée ferroviaire qui a changé le visage de la capitale bretonne.
Il est à peine 7 heures du matin et les quais de la gare de Rennes font déjà l’objet d’une activité fébrile. Le TGV s’apprête à s’élancer vers Paris. Un trajet qui permet aujourd’hui à plus de 8000 personnes de travailler dans la capitale tout en vivant à Rennes. Des chiffres de l’Insee qui datent de 2020, avant la crise sanitaire. Le phénomène s’est encore accentué avec l’essor du télétravail.
Le pied à moitié sur le quai, à moitié dans le train, Timothée a trouvé son équilibre. Il vit a Saint-Malo et monte à la capitale deux à trois fois par semaine : "Je fais l’aller-retour dans la journée et, quand il n’y a pas de retards, c’est quand même sympa. Je préfère clairement vivre ici qu’à Paris, c’est une belle révolution."
Une révolution qui a débuté le 20 septembre 1989, très exactement. Il est 8 heures du matin quand, au départ de la gare de Montparnasse, le premier TGV Atlantique s’élance vers la Bretagne. Il est confortable, plus spacieux et beaucoup plus rapide.
Rennes est alors à 2h04 de Paris au lieu de 2h53 et Brest à 4h09 au lieu de 5h33. Le train peut atteindre des pointes à 300 km/h, comme le raconte ce reportage d’Antenne 2.
15 millions de voyageurs par an en gare de Rennes
L’arrivée de ce TGV, c’est aussi un accélérateur du désenclavement de la Bretagne, et Rennes va amorcer sa mutation. A commencer par la construction en 1992 d’une deuxième gare aux lignes géométriques et au formes contemporaines.
Puis, 25 ans plus tard, retour des pelleteuses et des grues pour une transformation complète du bâtiment, qui prend un aspect futuriste.
Une manière d’accompagner l’arrivée de la LGV en 2017 et le développement d’un nouveau quartier baptisé Euro Rennes. Avec un trajet à moins d’1h30 de Paris, la fréquentation de la gare explose, passant de 10 millions de voyageurs à 15 millions en seulement 5 ans.
On estime qu’entre 120 et 170 entreprises et près de 7000 emplois ont été créés sur le quartier Euro Rennes.
Marc Hervé, premier adjoint chargé de l'Urbanisme à Rennes.
La LGV, accélérateur de développement économique
Un dynamisme économique boosté par l’essor de la Ligne à grande vitesse, tout en faisant en sorte que ce quartier de la gare fasse partie intégrante de la ville. 1500 logements y ont été construits et des entreprises ont sauté le pas de l’installation.
C’est le cas de la société Niji, dont les fenêtres donnent sur les quais de la gare. Cette entreprise, spécialisée dans les services numériques, a été créée en 2001 à Cesson-Sévigné. Elle emploie 1400 salariés répartis sur plusieurs sites en France et à l’étranger. L’arrivée de la LGV a été l’élément déclencheur pour que le siège ne parte pas vers Paris.
Être en région, ce n’est plus aujourd’hui un handicap. On ne vous caractérise plus comme une sous-entreprise. On vous reçoit de la même façon que lorsque vous êtes une grande marque implantée à Paris dans les beaux quartiers.
Hugues Meili, le directeur et le fondateur de Niji.
Prochaine étape de l’épopée ferroviaire en Bretagne. Mettre la pointe Finistère à l’heure de la grande vitesse. Un Paris-Brest en moins de 3 heures. Un projet qui n'est pas encore tout à fait sur les rails.