À Rennes, le square Louis-Armand est un ancien quartier de cheminots où habitent aujourd'hui quelques locataires et des familles de migrants. Une vingtaine de maisons vouées à la destruction pour laisser place à un nouveau projet immobilier à l'horizon 2027. Mais la justice pourrait prononcer l'expulsion des exilés dès la fin de la trêve hivernale l'année prochaine.
Ils avaient trouvé là un peu de tranquillité. Depuis un an et demi, square Louis-Armand, une cinquantaine de migrants et demandeurs d'asile ont investi neuf maisons inoccupées sur une vingtaine qui doivent être détruites d'ici 2027. Un peu de stabilité, le temps que les travaux ne commencent pour fuir la galère de la rue.
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Ces maisons avaient d'abord été murées en 2021 par ICF Habitat Novedis, le gestionnaire privé du parc immobilier du square, qui est aussi une filiale de la SNCF.
L'ensemble du quartier doit en effet laisser place à un nouveau projet immobilier de construction de logements neufs dans le cadre du programme EuroRennes.
Des militants du droit au logement de personnes migrantes, ont libéré l'accès à ces maisons inoccupées afin que des familles de migrants puissent y habiter jusqu’au lancement des travaux.
Parmi elles, Elena, géorgienne et mère de quatre enfants : "Les gens sont très gentils. J'aime beaucoup ici. Nous, on reste tranquilles, ça se passe bien, y compris avec les autres migrants."
Une expulsion imminente pour des travaux prévus dans deux ans
Le reste des habitations est occupé par des locataires qui vivent ici depuis parfois plusieurs années. La cohabitation se passe à merveille selon Gaëlle, qui habite le quartier depuis six ans : "On fait des fêtes dans le quartier tous les six mois environ. Chacun apporte des plats, on est soudés quoi."
Une harmonie qui pourrait bien être rompue, car Elena, sa famille et la cinquantaine de migrants hébergés au square pourraient être expulsés d'ici à la fin de la trêve hivernale.
Une audience en justice a eu lieu jeudi, le jugement a été mis en délibéré au 7 décembre 2023.
Choquant, pour les autres riverains, qui ne comprennent pas pourquoi ces migrants ne pourraient pas rester dans ce quartier jusqu’à sa démolition, prévue fin 2026.
"Ça fait un an et demi qu'ils étaient ici, assure Christophe Chouet, résident du square Louis-Armand. Ça leur amenait une stabilité, un équilibre. On voit bien que la joie est revenue."
"Ce sont des gens qui ont vécu dans des campements dans différents parcs à Rennes, donc se retrouver avec un toit, ce n'est que du bonheur pour eux. Ils ne voulaient rien faire de ces maisons-là, autant qu'elles servent à quelque-chose."
Christophe ChouetRésident du square Louis-Armand
Contacté, le gestionnaire du parc immobilier du square assure être en contact "avec la Métropole de Rennes, [...] pour proposer des solutions de mise à l'abri de personnes vulnérables, par une convention très temporaire de mise à disposition à titre gratuit."
"Certaines procédures d’expulsion sont en cours concernant des occupants sans titre qui se sont introduit au cours de l’année 2022 dans des maisons fermées qui étaient vouées à la démolition. Ces procédures se font dans le strict respect de la réglementation et aucune expulsion, qui serait décidée par la justice, n’aura lieu durant la période de trêve hivernale."
ICF Novedis
Alors que la crise du logement s'intensifie à Rennes et que les demandes d'hébergement d'urgence ne cessent de croître, difficile de se passer d'un tel parc immobilier, même pour deux ans seulement.
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