Les exilés des Gayeulles prochainement évacués. Qui sont-ils ? Que vont-ils devenir ?

Saisi par la ville, le tribunal administratif de Rennes a décidé de procéder à l’évacuation du camp de personnes exilées, installées dans le parc des Gayeulles. Ces sans-papier et sans abri ont jusqu’à vendredi 15 septembre pour quitter les lieux. Qui sont-ils et que vont-ils devenir ensuite ?

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Chaque année à la même époque, des centaines de personnes exilées se retrouvent à dormir sous des tentes, dans des parcs ou jardins de la ville de la métropole rennaise.

Chaque année, l’insalubrité et l’insécurité, pousse la ville à demander le démantèlement de ces camps devant le tribunal administratif.

Ce mardi 12 septembre, le tribunal de Rennes a, une nouvelle fois, ordonné l'évacuation du camp des Gayeulles.

Qui sont ces gens ?

Ils sont 135 selon la préfecture. 218 selon les associations, dont 57 enfants.

Ils viennent de Géorgie, Albanie, Afghanistan, Pérou, Afrique ou encore Mongolie. Ils ont fui des conflits armés ou la misère et ont choisi de quitter leurs pays, seuls ou en famille, en quête d’un avenir meilleur. Le hasard, ou l’opportunité, les a menés jusqu’à Rennes, où ils ont déposé une demande d’asile.

Certains attendent une réponse de la préfecture, et ont droit, en théorie, à être hébergés. Mais les dispositifs d’hébergement d’urgence sont saturés et la mise à l’abri, prévue par la loi, n’est pas assurée par les services de l’Etat.

D’autres migrants ont déjà été déboutés et ont reçu une OQTF, une obligation de quitter le territoire français. Parmi ces personnes, certaines tentent d’obtenir un titre de séjour, mais ne peuvent plus bénéficier de la mise à l’abri prévue par la loi. Elles ne peuvent pas, non plus, travailler.

 

Pourquoi sont-ils installés aux Gayeulles ?

L’instruction de ces dossiers prend plusieurs mois, parfois plusieurs années. En attendant la réponse de l’Etat français, ces personnes n’ont que les associations pour les aider à survivre.

L’administration et les structures d’aide se trouvant à Rennes, c’est naturellement là qu’elles ont décidé de rester.

Pour faciliter la distribution alimentaire, l’accès à l’eau et aux sanitaires, l’interorganisation de soutien aux personnes exilées, les oriente, l’été venu, vers le parc des Gayeulles qui dispose de points d’eau, et de quelques bâtiments en dur, comme les vestiaires du club de rugby.

À LIRE : Les demandes d'hébergement d'urgence de familles explosent

Pourquoi évacuer le camp ?

Malgré la mobilisation des associations et des services municipaux, les conditions de vie sont très précaires, et la salubrité du campement se détériore au fil des jours.

Face à cette situation, et afin que la préfecture assume ses responsabilités de mise à l’abri, la ville de Rennes a demandé la fermeture du camp, au tribunal administratif pour "permettre la réalisation de cette opération".

Dans son communiqué de presse la municipalité précise qu’après plusieurs semaines de recherches "la préfecture est aujourd’hui en mesure de mettre en œuvre un plan de mise à l'abri".

Que se passera-t-il ensuite ?

Selon les associations, la préfecture va proposer des solutions d’hébergement à 114 personnes. Mais les services de l’Etat n’ont donné aucun détail sur le type de logement (Centre d’accueil, hôtel), leur localisation, ni sur la durée de la mise à l’abri.

Vingt autres personnes vont être prises en charge par la ville de Rennes.

La centaine d’exilés restants va, quant à eux, rester à la rue.

Phénomène inexorable ?

Les services préfectoraux financent aujourd’hui environ 1.500 places. La ville de Rennes, à elle seule, héberge près de 1.000 personnes. Mais cela ne suffit pas. Chaque jour le 115 qui gère l’hébergement d’urgence ne peut pas répondre favorablement à 85% des demandes.

Pour Carole Bohanne, bénévole qui accompagne les personnes exilées depuis près de 20 ans, la situation restera inextricable tant que l’Etat ne régularisera pas davantage de monde. "Les services d’hébergement d’urgence sont saturés et il n’y a pas de turn-over puisqu’il n’y a pas de régularisation" constate la militante. Aussi "ces femmes et ces hommes ne peuvent pas travailler puisqu’ils n’ont pas de papier et ne peuvent donc pas trouver d’appartement, ni subvenir à leurs besoins. Ils restent dépendants des associations et de la solidarité ».

Pourtant la circulaire Valls de 2012 permet de régulariser des familles qui sont sur le territoire depuis 5 ans et dont les enfants sont scolarisés depuis plus de 3 ans. Selon l’ancienne porte-parole d’Un toit est un droit, ils sont nombreux dans cette situation, en Bretagne.

En 2021, 4000 personnes ont obtenu le statut de réfugié en Bretagne dont 1300 en Ille-et-Vilaine. Mais, en moyenne, quatre demandes d’asile sur 10 sont rejetées.

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