Après avoir campé au parc des Gayeulles puis dans un centre de vacances, 59 personnes dont 21 enfants se retrouvent à la rue. Dans l’urgence les associations ont décidé d’occuper un gymnase dans le sud de Rennes.
Ce samedi après-midi, il fait 5°C dans les rues de Rennes. Un froid qui glace les os. Pour autant près de 100 personnes ne savent pas où elles vont dormir cette nuit. Parmi elles une quarantaine d’enfants.
On ne sait pas quoi faire, on ne trouve plus de solution pour répondre aux situations d’urgence. C'est aux autorités de mettre à l'abri ces gens.
Armelle, association Un toit c'est un droit
Un toit c'est un droit, mais aussi Utopia 56, le DAL, le MRAP, Solidaires 35, la CGT, et le PCF ont organisé un rassemblement ce samedi 15 janvier sur l’esplanade Charles de Gaulle dans le centre de Rennes. Objectif : alerter les citoyens et les élus sur le sort de nombreux exilés sans solution d’hébergement. Aux côtés des bénévoles et militants, des enfants, des femmes, et des hommes attendent de savoir où ils vont passer la nuit.
Après le parc des Gayeulles et le centre de vacances... aucune alternative
Ce samedi matin, 59 personnes dont 21 enfants ont dû quitter le centre de vacances des Eclaireurs de France qu’ils occupaient depuis le 2 octobre, à Thorigné-Fouillard au nord-est de Rennes.
« Les Eclaireurs nous ont beaucoup aidé en proposant d'accueillir des familles. Mais il y a un mois ils nous ont demandé de trouver une autre solution d’hébergement afin qu’ils puissent reprendre leurs activités. Nous avons donc dû quitter les lieux aujourd'hui mais sans avoir de nouveaux logements. Nous avons pourtant alerté la préfecture et la mairie mais ils ne nous ont rien proposé » explique Coline Gayou, coordinatrice pour Utopia 56.
Après avoir passé, parfois plusieurs mois, dans le parc des Gayeulles, sous des tentes, le centre de vacances des Eclaireurs de France a été un vrai refuge. Alors, quitter le site qui leur offrait des lits, des toilettes, de l’eau courante et de l‘électricité est un vrai drame. « J’ai vu les familles pleurer toute la semaine » raconte Coline.
J’ai de la colère envers les institutions, envers les politiques qui ne prennent pas en compte ces enfants qui vont dormir dehors en plein hiver
Coline, coordinatrice d'Utopia 56 Rennes
Réquisition du gymnase de la Poterie
A ces 59 personnes s'ajoutent lune vingtaine de personnes hébergées au sein de l'université de Rennes 2, et 24 personnes identifiées par les associations, qui elles dorment dans des voitures, des halls d'immeuble ou dans la rue. C'est donc une centaine de personnes qui aujourd'hui n'ont pas d'hébergement.
Ce samedi 15 janvier constatant que les autorités ne proposaient rien, l’inter-organisation de soutien aux exilés a décidé d’occuper un lieu. Le gymnase de la Poterie dans le sud de Rennes a été réquisitionné pour mettre à l'abri les familles.
La ville de Rennes demande que l'occupation du gymnase prenne fin rapidement
De son côté, la ville de Rennes explique ne pas comprendre l'empressement des associations à quitter le site des Eclaireurs de France de Thorigné-Fouillard. Elle demande aux occupants de quitter le gymnase ce lundi pour permettre aux élèves de l'école d'accéder à l'équipement.
"L’occupation du gymnase de la Poterie questionne, s’agissant de la mise à l’abri de personnes qui avaient jusqu’ici des solutions d’hébergement plus adaptées, même si elles étaient précaires.
Le gymnase de la Poterie accueille dès lundi des activités sportives scolaires et associatives et n’est pas adapté à l’hébergement. Cette occupation doit en conséquence prendre fin rapidement. "La ville de Rennes explique par ailleurs avoir " saisi la Préfecture pour que des solutions soient trouvées au plus vite pour ces personnes."
Pour Utopia 56, les autorités, préfecture et mairie, abandonnent les plus démunis
L'association Utopia 56 qui a assuré la gestion de l'occupation du centre de vacances des Eclaireurs de France dénonce l'attitude des autorités qui ne jouent pas leur rôle et abandonne les plus démunis.
c’est un abandon total de l’Etat qui laisse ces populations par choix, par signal qu’ils veulent nous donner
Yann Manzi, coordinateur national Utopia 56
" Cela fait des mois qu’on négocie avec la préfecture qui repousse et ne prend pas ses responsabilités. Elle laisse à la charge des citoyens et des associations, le coût réel que ça représente et la gestion au quotidien de ces populations qui n’ont rien du tout. Les citoyens peuvent pallier quand il y a des manques mais là c’est plus un manque, c’est un abandon total de l’Etat qui laisse ces populations par choix, par signal qu’ils veulent nous donner, « regardez on ne s’en occupera plus » c’est tout simplement indigne. Ce sont des populations qui sont là, depuis des mois des années pour certains, avec des enfants scolarisés. Nous on demande simplement que ces populations, qui sont les plus vulnérables d’entre nous par rapport à cette pandémie et le froid qui est là , qu’ils soient simplement pris en charge" clame Yann Manzi, fondateur et coordinateur national d'Utopia 56