L’université de Rennes 2 et la Région Bretagne proposent une série de 16 ateliers en ligne pour lutter contre l’isolement et la détresse des étudiants. Depuis septembre 2020 les demandes de soutien psychologique ont fortement augmenté.
« Bonjour ! Nous avons une heure et demie pour faire le tour de ce qu’est le stress et trouver des astuces pour le réguler ! » . Sourire rayonnant aux lèvres et pleine d’entrain, Caroline Letourneau annonce le programme à ses étudiants. Cette experte en psychologie positive et en sophrologie animait ce vendredi un atelier intitulé « Réguler son stress ». Face à elle aucun étudiant, juste un ordinateur. Covid oblige les stagiaires sont restés devant leur écran, chacun chez soi. Mais qu’importe, l’énergie positive est là et Caroline Letourneau en a à revendre. Normal, c’est son métier.
De l’énergie positive pour combattre le stress
« Qu’est-ce que le stress pour vous ? » l’intervenante tient à l’interactivité. Questions-réponses, sondages, tests psychologiques, l’idée est de rendre ce moment vivant car les relations sociales manquent cruellement en cette période. Voilà pour la forme. Sur le fond les objectifs sont clairs : « il faut remettre le stress à sa place. Ce n’est pas une fatalité. Le stress peut aussi être moteur » explique Caroline.
Pendant une heure et demie les étudiants vont ainsi apprendre à identifier les signes du stress, les raisons qui l’ont déclenché et surtout les méthodes pour le gérer dans leur vie étudiante comme dans la vie de tous les jours.
Car le stress peut être à l’origine de maux plus ou moins graves : tensions musculaires, maux de tête, troubles digestifs ou du sommeil, eczéma etc. A l’approche des examens les étudiants y sont souvent sujets. « Je suis d’un naturel stressé. Je suis très anxieuse » explique Nathalie, étudiante en deuxième année de licence en géographie. « Cet atelier m’a donné des outils pour mieux contrôler cela, notamment les techniques de respiration ou les images mentales positives. Ça va m’aider pour les concours à venir »
Avec 28 inscrits, l’atelier affichait complet. Finalement ils seront 18 effectivement présents, tous étudiants à l’université de Rennes 2.
Laura, étudiante en master psychologie de l’éducation et de la formation a été particulièrement intéressée par les astuces proposées « je connaissais la théorie mais pas forcément la pratique. Ça va m’aider personnellement mais aussi dans ma future pratique. Caroline nous accompagne vraiment dans cette période hyper stressante qui précède les examens et où on ne peut pas voir nos amis et notre famille. »
La détresse psychologique gagne de nombreux étudiants
Si tous les étudiants connaissent le stress la période actuelle accentue ces stigmates. « Dans ma promotion il y a des gens très stressés qui vont voir des psychologues, surtout ceux qui sont seuls dans de petits studios » raconte Laura.
Depuis le début de la crise sanitaire les demandes de soutien psychologique ont fortement augmenté. Le service de santé pour les étudiants des deux universités rennaises a enregistré une hausse de 20% sur le premier semestre 2020-2021.
« En 6 mois il y a eu 1000 demandes de soins psychologiques qui ont été faites au service de santé des étudiants »
« Les situations sont très complexes. Les étudiants sont de plus en plus nombreux à souffrir de troubles de l’alimentation, comme l’anorexie ou la boulimie, de troubles du sommeil, ou de crises d’angoisse. On voit dans ces consultations des étudiants qu’on ne voyait pas avant, qui n’avaient pas de soucis particuliers. Aussi avec les cours en distanciel certains sont retombés dans des addictions qu’ils avaient dépassées : le tabac, l’alcool, la drogue. Parfois tout cela s’ajoute à la précarité financière dans laquelle ils sont. Le mal être est plus grave et beaucoup ont du mal à se projeter."
16 ateliers pour surmonter les difficultés
Pour accompagner ces jeunes l’université de Rennes 2 propose 16 ateliers de soutien psychologique en ligne. Développer son optimisme, respirer pour mieux gérer, apprivoiser les émotions ou encore se redynamiser et prendre confiance, les thématiques choisies sont toutes résolument positives. « En mars nous avions proposé dans le cadre de la Quinzaine santé, des ateliers centrés sur la santé mentale. Cette fois-ci nous souhaitions axer les ateliers sur le bien-être, créer du lien social, et donner des astuces pour leur permettre de rebondir après cette crise » explique Patricia Legris.
Des personnels insuffisants pour accueillir les étudiants en détresse
Pour répondre à l’urgence des situations le service santé des étudiants a reçu le renfort de deux psychologues dépêchés par l’ARS. "Mais ces postes sont temporaires" regrette la vice-présidente. En outre ils ne sont pas suffisamment nombreux pour répondre à la souffrance des étudiants. Ceux ci se tournent alors vers le bureau d'aide psychologique universitaire de Rennes. Mais là encore les listes d'attente sont longues, trop longues.
L’équipe médicale de la faculté redoute d’ores et déjà l’après crise, qui selon les psychologues pourrait être une période où le mal-être se renforce.