À la veille du procès qui doit se tenir à Rennes et qui doit juger les auteurs présumés de violences contre deux policiers pendant la manifestation "Ni Le Pen, Ni Macron", la communication des deux parties se joue sur le web. Suite à une tribune relayée par Libération, la police a décidé de réagir.
L’image, les images, sont à nouveau au cœur du débat suite à la manifestation "Ni Le Pen, Ni Macron" du 27 avril dernier à Rennes. Ce 19 juin, la police nationale réagit à une tribune relayée par Libération. Elle publie sur son compte twitter quatre photos, sur lesquelles on voit un motard entouré de manifestants. Le tweet a été repris par le compte de la police nationale 35.[REPONSE] @libe Après la tribune publiée ce jour, pour être complet et comprendre les événements qui ont précédé, consultez les photos pic.twitter.com/ArehXkQ9op
— Police Nationale (@PoliceNationale) June 19, 2017
Depuis le 18 juin, le site du journal Libération relaye en effet une pétition lancée par "les inculpés" de Rennes. La tribune intitulée "Rennes, laboratoire de l'ordre en marche?" dénonce les violences policières, pendant les interpellations qui ont suivi la manifestation du 27 avril. Elle évoque également une audience pendant laquelle deux témoins ont été arrêtées sur place, suspectées de faux témoignage. À Rennes, les magistrats et la police "s’affranchiraient de plus en plus du droit commun". Pour illustrer la tribune, la photo du policier le jour de la manifestation du 27 avril, mettant en joue l’un des manifestants. Cette image a fait le tour des réseaux sociaux.
#Rennes : laboratoire de l'ordre "En Marche" https://t.co/Nei9KBRDW4 pic.twitter.com/DAoy4jX1lQ
— Louis Witter (@LouisWitter) June 19, 2017
Cette pétition a récolté plus de 3000 signatures, parmi lesquelles celles d’intellectuels, d’écrivains, de professeurs. Joint par téléphone, Serge Quadruppani, écrivain, est l’un des signataires. Pour lui "brandir une arme de poing dans un contexte de manifestation n’est pas acceptable." et d’ajouter qu’un policier doit savoir garder son sang-froid, que c’est "son métier". Il souligne "quelle que soit la manière dont s’est passée la manifestation, cela ne justifie pas la manière dont ils ont été interpellés, cette façon de les traiter comme des terroristes. Ça, plus l’interpellation de témoins à l’audience, c’est assez inouï, c’est très rare dans les annales de la justice."
Contactée, la police ne souhaite pas commenter sa publication sur Twitter. Une réponse pourtant, c’est ce qu’y voit Nicolas Jacquet, procureur de la République de Rennes. "le point de départ c’est la tribune de Libération qui met en cause la façon dont est traitée cette affaire, par les autorités, avec une désinformation importante. Avant que ce policier ne sorte son arme, il est agressé. Ce qu’il y a de marquant dans la photo que l’on voit partout, c’est qu’elle est sortie du contexte." Il rappelle "que le procès ne se fera pas hors de la salle d’audience."
Selon lui, les photos publiées sur le compte twitter de la police nationale ont été prises par la police elle-même. Il précise qu’elles étaient déjà connues du grand public. L’une d’entre elles a été publiée par 20 minutes Rennes.C’est ce mercredi 21 juin que doit avoir lieu le procès. Cinq personnes âgées de 23 à 31 ans comparaîtront au tribunal pour "violences sur agent de la force publique commises en réunion avec usage d'une arme par destination - dans le cadre d'une manifestation publique". Deux d'entre eux sont en détention provisoire.