En début d'après-midi, un huissier de justice est venu constater que le gymnase de la Poterie était toujours occupé. Le Tribunal administratif de Rennes a demandé aux migrants qui l'occupent d’évacuer les lieux avant ce vendredi 25 mars midi. Faute d’endroits où aller, des dizaines de personnes sont toujours sur le site et s’inquiètent.
Les tentes n’ont pas bougé. Mais devant certaines d’entre elles, les sacs de voyage se sont entassés. Personne ne sait ce qui va se passer dans les minutes qui viennent.
En début d'après-midi, un huissier est passé et a constaté que le gymnase était encore occupé. "142 personnes, dont 44 enfants" précise Ludivine Colas d'Utopia 56.
Il y a quelques jours, le tribunal administratif a ordonné aux occupants, "de quitter les lieux avant le vendredi 25 mars 2022 à midi, avec l’ensemble des tentes, matériels, marchandises, véhicules leur appartenant ou dont ils auraient la détention.".
Le tribunal avait été saisi par la mairie de Rennes après des problèmes sanitaires et sécuritaires, "depuis l’arrivée dans des lieux initialement occupés par des familles de façon relativement paisible, d’hommes célibataires adoptant des comportements violents, menaçants et non adaptés, et se livrant au trafic de stupéfiants."
"Nulle part où aller"
Les associations d’entraide aux migrants qui avaient demandé au tribunal un délai de 15 jours pour trouver des solutions de relogement craignent qu'elles ne soient obligées de dormir à la rue cette nuit. "Si on n'a pas évacué avant, c'est parce qu'il n'y a aucune solution de mise à l'abri" justifie Ludivine. "Elles n’ont nulle part où aller".
"On a l'impression que le même scénario se répète sans arrêt "poursuit la jeune femme, "on trouve un lieu, il est évacué, et on recommence. Mais on se demande ce qu'attendent les autorités pour créer le nombre de places dont il y a vraiment besoin à Rennes ? "
Ce matin, un certain nombre de personnes qui sont sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français sont parties avant une éventuelle arrivée des forces de l’ordre, mais de nombreuses familles sont restées.
Des rumeurs évoquent de possibles places d’hébergement temporaire mais les migrants s’inquiètent et se demandent où ils dormiront ce soir.
"C'est stressant"
Almira, 15 ans, essaye de garder le sourire mais avoue que "c'est stressant." Un peu plus loi, Goga, un jeune adolescent évoque sa mère, sa grand-mère et son petit-frère de trois ans et demi :"Si on sort, on ne sait pas où on va dormir" explique-t-il.
Les bénévoles d'Utopia 56 s'interrogent sur l'impact psychologique de ce type de journées sur les enfants et les familles.
"En ce moment, on parle sans arrêt de solidarité, s'indigne Patricia, mais on ne la voit pas !" Elle fait partie du collectif qui venait chaque soir faire de l'aide au devoirs et s'occuper des petits. "Je suis venue voir ce qui allait se passer pour eux," confie-t-elle, "je ne comprends pas pourquoi certains ont droit à notre compassion et d'autres pas ?"