Quand Monteverdi, Purcell ou Haendel s'invitent au sein de l'hôpital psychiatrique, patients et soignants s'ouvrent à une autre relation. Plus apaisés et libérés des carcans habituels, les émotions se libèrent.

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Du soleil, une petite brise et de l’opéra. Ce jeudi 29 juillet, comme tous les étés depuis neuf ans, la compagnie BarokOpera donnait une représentation dans le cadre splendide de la cour d’honneur de l’hôpital psychiatrique Guillaume Régnier à Rennes, face à la chapelle.

Pour les patients et les soignants, un moment sacré. Un instant où ils se retrouvent dans un environnement joyeux, paisible, loin des soins.

"Personne ne vient chez nous d’habitude, c’est un lieu fermé. On est des fous, ironise Maryvonne, en soins à Guillaume Régnier. Donc des gens qui viennent ici tous les ans, c’est rare. C’est la fête !"

Et même si la fête a dû être restreinte cette année pour cause de Covid laissant à l'écart les habitants du quartier et les familles, le public écoute dans un calme religieux. Quelques têtes battent la mesure. "C’est bien, sourit Geneviève 88 ans. J’aime l’opéra."

Bien-être

Geneviève est venue de l’EHPAD de Châteaugiron, qui dépend de l’hôpital Guillaume Régnier. "C’est un moment de rencontre, confirme Edith, aide-soignante qui accompagne les résidents de l’EHPAD. L’an dernier, une chanteuse lyrique est venue animer des ateliers dans l’établissement. C’était un vrai bonheur après le confinement. Ça apporte beaucoup de bien-être."

Cette chanteuse lyrique qui apporte tant de réconfort aux patients, c’est Tania Bracq de la compagnie Chantefables. Aujourd’hui, elle se joint à la compagnie BarokOpéra comme récitante.

On sollicite beaucoup la mémoire des personnes âgées mais peu leur imaginaire.

Tania Bracq

Depuis une dizaine d’années, elle se déplace dans les structures d’accueil pour parler chant, musique, costume et même inciter les patients à écrire : "Je reconnecte les gens à leurs émotions. Je fais travailler les personnes âgées autour de leur imaginaire. On sollicite beaucoup leur mémoire mais peu leur imaginaire."

Dans le public, certains la reconnaissent : "Bonjour Tania, vous étiez venue nous voir." "Oui et je reviendrai", répond-elle, pleine de douceur.

De l’avis de nombre de soignants, ces séances apaisent les patients. "L’intérêt est aussi d'approcher les patients par un biais différent, analyse Gaëlle Briens, infirmière psychiatrique. On peut les faire parler de leurs émotions, de leur ressenti. C’est important en psychiatrie. Ce sont des personnes en souffrance."

Et pendant que le gardien de phare et la sirène Ondine se chantent leur amour sur des airs de Monteverdi, de Purcell ou d'Haendel, Maryvonne toujours aux anges s’amuse : "Pour tout le monde, l’opéra c’est un privilège. Il faut y aller, on n’y comprend rien. Là on montre à tous que c’est accessible. C’est notre rayon de soleil."

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