Embouteillages à Rennes : le bouchon poussé de plus en plus loin. On vous explique pourquoi (et si ca va durer)

Le magazine Autoplus a lancé un pavé dans la mare en sacrant Rennes, championne de France des bouchons. Sur la rocade de la capitale bretonne on a, en effet, l'impression que chaque jour est pire que la veille. Mais ces bouchons ont des raisons, et peut être aussi des solutions !

Pare chocs contre pare chocs. Les mains crispées sur le volant, les yeux affolés sur la pendule de la voiture qui voit défiler les minutes, et les noms d’oiseaux au bord des lèvres devant cette espèce de … qui déboite pour gagner une place dans la longue file de voitures arrêtées.

Matin et soir, sur la rocade, c’est le même cauchemar. "Rien à faire, s'énervent les automobilistes, tous les ans, c’est pire ! "

Frédéric Lechelon, de la Direction Interdépartementale des Routes de l'Ouest confirme. 76 000 véhicules empruntent chaque jour la rocade rennaise. "A la rentrée 2021, la circulationsur sur cette rocade était en hausse de 1% par rapport à 2019 ( 2020 était une année particulière à cause de l’épidémie ), cela représente 700 voitures de plus, mais sur une route déjà au bord de la saturation, cela suffit à tout bloquer d’autant que 2019 avait déjà connu une hausse de 1% par rapport à 2018."

Rennes, championne des bouchons ! 

Le magazine Autoplus a voulu faire les comptes. "En France, détaille le magazine, aux heures de pointe, les trajets en voiture se seraient rallongés de 60% en moyenne à cause des bouchons. Pour chaque ville, un trajet moyen domicile-  travail d’une heure par jour  a été scruté de près. A Rennes, en septembre 2021, qui comptait 22 jours ouvrés, au lieu de 22h, un rennais qui aurait effectué ce trajet théorique est  resté 40 h05 dans sa voiture, dont 18h05 dans les bouchons !" Ce qui place la capitale bretonne sur la première place du podium des villes embouteillées en France.

Chaque jour, Frédéric Lechelon est obligé de le constater. En 2019, un automobiliste qui arrivait à 8 h30 porte de Nantes mettait environ 20 minutes pour se rendre porte de Brest. En 2021, pour faire le même trajet, il lui faudra 35 minutes. Car les pénétrantes, elles aussi, sont de plus en plus chargées. Les axes Laval -Rennes, Caen- Rennes connaissent une hausse de trafic de 5 à 6 %.

La faute à l'aménagement du territoire 

Éric Le Breton, sociologue, spécialiste de la mobilité n’est pas étonné. "Dans les années 60, explique-t-il, les gens ont commencé à aller vivre hors des centres villes. Le phénomène s’est accentué dans les années 70. Les villes se sont étalées."

Depuis 60 ans, les gens habitent de plus en plus loin alors que le gros des activités reste concentré dans le cœur des agglomérations. Les lieux de travail, d’études, de commerces, de soins, ils n’ont pas d’autres choix que de prendre leur voiture.

Eric Le Breton, sociologue, spécialiste des mobilités

Le sociologue souligne que, paradoxalement, "depuis 50 ans, tous les efforts de mobilité ont été faits dans les centres villes. On y crée des pistes cyclables, on y aménage des voies piétonnes, on développe les transports en commun. Et au même moment, dans les campagnes, c’est le contraire, on supprime des bus, on fait disparaitre des gares et des lignes de train."

Abandonnés à la voiture

L’expression est terrible mais elle résume bien des choses. "Une partie de la population est abandonnée à la voiture répète Éric Le Breton. Avec tous les problèmes que cela pose. La crise des gilets jaunes l’a rappelé en 2018.  La première difficulté de tous ses trajets étant avant tout économique : selon les chiffres de l’INSEE, le coût des transports représente jusqu’à 20 % du budget des ménages."

"Et pourtant, remarque le sociologue, en 2021, on vend de plus en plus de voitures. A Paris, un ménage sur trois possède une automobile, dans les campagnes, il y en a parfois  trois ou quatre dans les familles."

Des solutions ?

"Il y a des solutions simples à mettre en place, comme le co -voiturage commente Eric Le Breton. Ca fait quarante ans que cela existe, on commence tout juste à vraiment l’utiliser."

La ligne B du métro rennais qui devrait ouvrir début 2022 permettra de transporter 100 000 voyageurs. Ce sera peut être des automobilistes de moins sur la rocade.

La Direction Interdépartementale des Routes de l'Ouest lance aussi un vaste programme d’amélioration 2021-2025 doté de 25 millions d’euros. Une voie réservée au transport en commun sur la nationale 137 entre Nantes et Rennes verra le jour en 2024 et des voies d’entrecroisement seront créées sur la rocade. Car on l’a tous constaté, c’est au moment des entrées et des sorties que ça coince, quand des voitures tentent de s’insérer dans le flux de circulation alors que d’autres essayent d’en sortir. Aux entrées les plus compliquées, celle de la route de Nantes et de celle de Saint-Malo, une troisième voie sera positionnée pour éviter ces points de friction.

"Mais le problème sourit Frédéric Lechelon, c’est que Rennes est tellement attractive que même si on rajoutait plein de voies sur la rocade, elles seraient toutes pleines !"

"On dit que 100 000 nouveaux habitants vont venir dans l’agglomération, s’inquiète-t-il, impossible de savoir comment cela va se passer. Cela dépendra du lieu où ils vont s’installer, de comment ils vont vivre et se déplacer."

Et il conclut : "Notre objectif serait de pouvoir revenir à la situation de 2018 -2019… des bouchons, mais des bouchons supportables !"

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