Ce lundi soir, place de l'Hôtel-de-Ville à Rennes, le service des archives a ramassé les messages laissés en hommage aux victimes. Objectif : les archiver pour les rendre accessibles au public et aux chercheurs.
Il est 19 heures ce lundi soir, place de l'Hôtel-de-Ville de Rennes. Le service des archives commence son travail devant le mur où ont été déposé bougies, objets et divers messages depuis le lendemain des attentats du 13 novembre.
Un à un, les messages de soutien quittent ce lieu de mémoire. "Il sont en danger de dégradation, et il faut pouvoir les conserver", observe Marie Penlaë, en charge de la collecte et du traitement aux archives de Rennes. Minutieusement, le personnel des archives collecte les messages déposés en hommage aux victimes des attentats puis les inspecte un à un.
De nombreux soutiens
Depuis les attentats, plusieurs dizaines de messages ont été déposés en mémoire des victimes. Ce lundi soir, Nathalie venait déposer une bougie. "Je ne savais pas que tout allait disparaître, s'étonne-t-elle. C'est dommage que tout parte, mais il faut peut-être passer à autre chose". Dominique, elle, savait que tout allait disparaître. "Je suis venue une dernière fois ce soir. Depuis quinze jours, je viens tous les deux jours", lance-t-elle, émue, les larmes aux yeux.Deux personnes du service des archives répondent aux badauds qui s'interrogent sur cette collecte. Jean-Marie Berton, responsable adjoint des relations publiques à la mairie de Rennes, reconnaît : "Il y a toujours une corde sensible qu'on touche, car c'est un peu comme une tombe qu'on viderait de ses hommages. Mais notre démarche se fait aussi en hommage aux victimes. C'est aussi protéger ce qui a été fait."
Cette démarche a vocation à œuvrer à un devoir de mémoire
Une fois nettoyés, ces documents seront mis à la disposition des archives de la ville. "Cette démarche a vocation à œuvrer à un devoir de mémoire, affirme Romain Joulia, directeur des archives de Rennes. D'un point de vue sociologique, il est également intéressant d'étudier les mouvements de ferveur et d’élan républicains." Plusieurs sémiologues et sociologues ont déjà manifesté leur intérêt.
Cela avait déjà été le cas lors des attentats de Charlie Hebdo. Le service des archives avait alors collecté les messages de soutien aux victimes. Après numérisation, ces archives avaient été consultables aux archives de la mairie. Les messages collectés lundi seront disponibles, quant à eux, aux alentours de Pâques 2016.