Plusieurs salariés des urgences hospitalières ont cessé brièvement le travail ce mardi, pour protester contre leurs conditions de travail. Ils sont en grève illimité.
"On demande des effectifs plus conséquents et une reconnaissance de la spécificité des urgentistes : en psychiatrie ils ont une prime de risque ce qui n'est pas notre
cas", a dénoncé Olivier Boissinot, infirmier de 50 ans, qui a fait partie de la trentaine de grévistes. "Un infirmier jeune va commencer à 1400 euros alors qu'il a un bac+3 et qu'il est responsable de la vie de personnes", a-t-il ajouté. Selon Chloé, qui travaille depuis sept ans aux urgences de Rennes, "on peut être un seul infirmier pour 25 patients pendant une journée".
Depuis le début de leur mobilisation, les grévistes ont obtenu des avancées de la part de la direction comme la réorganisation des secteurs, un poste d'aide soignante en traumatologie la nuit, quelques aménagements du circuit en 2020. Mais ces mesures n'ont pas été jugées totalement suffisantes pour le personnel mobilisé. "Si nous continuons notre mouvement, c'est que nous pensons que nous ne travaillons pas encore dans des conditions de sécurité pour les patients et pour nous-mêmes", a déclaré Christophe Le Tallec, aide-soignant de nuit aux urgences et membre du collectif inter-urgences. "On est dans une dégradation du soin avec parfois de la maltraitance vis-à-vis des patients puisque nous n'avons pas les moyens de travailler de façon correcte", a-t-il ajouté.
Seringue sur la tempe
L'image est symbolique. À Rennes, les manifestants se sont montrés seringue sur la tempe face. Le message doit passer, sur le manque de personnel récurrent et l'épuisement qui va avec puisque certains sont rappelés sur leur jour de repos.
Le mouvement social des urgentistes a débuté le 18 mars à l'hôpital Saint-Antoine à Paris après une agression contre un soignant et a essaimé en régions, avec actuellement plus de 60 services d'urgences en France concernés, selon le collectif Inter-Urgences.
La ministre de la Santé Agnès Buzyn a estimé lundi qu'il n'y a "pas de solution miracle" pour régler la situation de "tension" dans laquelle se trouvent les services d'urgences en France, assurant "entendre la fatigue et l'agacement" des urgentistes.
Selon un rapport du Sénat de 2017, les urgences ont vu leur fréquentation doubler en 20 ans, avec près de 21 millions de passages enregistrés en 2016.