La préfecture d'Ille-et-Vilaine, qui avait décidé en avril 2016 d'expulser le rappeur tunisien Weld El 15, a annoncé jeudi qu'il pouvait finalement venir retirer son titre de séjour.
Une des égéries de la révolution tunisienne, Weld El 15, de son vrai nom Ala Edine Yacoubi, est installé depuis mars 2015 à Saint-Malo.
Arrivé en France muni d'un visa "Compétences et talents", réservé aux artistes, il s'était vu notifier le 8 avril 2016 par la préfecture d'Ille-et-Vilaine un refus de titre de séjour assorti d'une obligation de quitter le territoire.
Cet arrêté préfectoral avait été annulé en juillet 2016 par le tribunal administratif de Rennes, puis, après appel de la préfecture, par la cour administrative d'appel de Nantes. Cette dernière faisait injonction à la préfecture de délivrer à l'artiste son titre de séjour.
C'est pour répondre à cette injonction que la préfecture dit avoir accepté jeudi de remettre à M. Yacoubi, 29 ans, son visa "Compétences et talents" pour une durée de trois ans.
"En droit de rester sur le territoire"
Parallèlement, la préfecture a reconnu jeudi avoir reçu il y a quelques jours un avis défavorable à l'expulsion émanant de la Commission départementale d'expulsion (Comex), qu'elle avait elle-même saisie à la demande du ministère de l'Intérieur. Cet avis n'est que consultatif et ne lie pas les autorités."Toutes les juridictions, judiciaires ou administratives, qui ont été appelées à statuer sur cette affaire, se sont montrées favorables à M. Yacoubi et ont justifié qu'il était en droit de rester sur le territoire", s'est réjoui jeudi son avocat, Matteo Bonaglia.
"Le ministère de l'Intérieur peut décider de l'expulser"
"Après presque deux ans de combat, a-t-il ajouté, il va enfin se voir remettre le titre qu'on lui avait promis alors qu'il était en Tunisie". Mais, a-t-il toutefois averti, "la police des étrangers est un domaine régalien", et "le ministère de l'Intérieur peut toujours aller à l'encontre de ces décisions et décider de l'expulser".Le ministère de l'Intérieur craint que la présence de M. Yacoubi ne constitue une menace pour la sûreté de l'Etat. Outre la condamnation du rappeur à plusieurs mois de prison avec sursis en 2015 pour usage illicite de stupéfiants et violences sur sa compagne, l'Etat français l'accuse d'avoir entretenu des liens d'amitié avec le rappeur Emino, parti en Syrie rejoindre l'Etat islamique et qui serait décédé depuis.