Rennes : le réseau Envie Autonomie redonne une seconde vie aux fauteuils roulants

Serrés à l'horizontale, des centaines de fauteuils roulants attendent de vivre leur nouvelle vie. À Rennes, le réseau Envie Autonomie propose du "matériel médical de seconde main mais de première qualité". 

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"On achète bien des voitures d'occasion, alors pourquoi pas des fauteuils roulants revendus comme neufs et garantis ?", interroge Bernard Victor, 65 ans, venu se procurer un chargeur de batterie pour son fauteuil roulant. "J'ai payé 70 euros un chargeur d'occasion reconditionné, alors que mon fournisseur ne me proposait que du neuf, à 280 euros", témoigne ce fonctionnaire à la retraite, atteint d'une polio depuis l'âge d'un an, qui dit ne plus avoir "le sentiment d'être attendu pour [sa] carte bancaire".

Spécialisée depuis 1994 dans la réparation d'électroménager en fin de vie, l'entreprise d'insertion rennaise Envie 35 s'est diversifiée en 2017 dans le matériel médical pour handicapés, une offre unique en France, selon la direction du magasin-atelier de Rennes. Une idée venue de ses clients.

"En presque trois ans, on a collecté 4600 matériels, principalement auprès d'Ehpad qui entassaient leurs fauteuils et déambulateurs usagés en réserve, d'hôpitaux ou de particuliers", raconte le directeur Ludovic Blot, soulignant que la filière génère un "fort gaspillage". "Les études montrent que 30% du matériel prescrit n'est plus adapté une fois livré, soit parce que les délais de livraison sont trop longs et que la maladie a évolué, soit encore parce que la prescription n'est pas adaptée au domicile de la personne", poursuit M. Blot.

Quant aux fauteuils roulants électriques, dont le prix varie de 2000 euros à plusieurs milliers d'euros, voire davantage, ils ne sont utilisés en moyenne que trois ans, alors que leur durée de vie est d'au moins 10 ans... 

De quoi faire réagir le gouvernement, qui, dans son budget de la Sécu 2020 adopté définitivement mardi, prévoit d'expérimenter le remboursement par l'Assurance maladie des fauteuils roulants reconditionnés, afin de les rendre plus accessibles financièrement et de réduire leur impact écologique. Une aubaine pour Envie Autonomie, qui assure revendre "50% moins cher que du neuf" et espère "un reste à charge zéro" pour le patient qui achètera du matériel d'occasion remboursé. 


"Norme d'homologation"


Dans l'atelier, plusieurs salariés s'activent. Chaque équipement est démonté jusqu'au dernier boulon, et vérifié pour identifier d'éventuels problèmes. Ici, "pas question de faire du low cost". "On change les pièces défectueuses et les pièces d'usure, pneus, batteries, câbles de frein, on teste le moteur. Puis on aseptise à la vapeur sèche. Cela peut prendre deux heures comme deux jours", explique le responsable de l'atelier Alban Le Pape.

"En cas de doute sur la disponibilité future de certaines pièces, le fauteuil ira dans un parc locatif", précise-t-il. Sur l'ensemble du matériel collecté, au moins 31% pourra être rénové, contre 3% dans l'électroménager. Le reste sera soit donné à l'étranger, soit expédié au recyclage ou, plus rarement, à l'enfouissement. Afin de garantir la qualité de la rénovation, Envie travaille avec l'Afnor à l'établissement d'une norme d'homologation. Au premier étage du bâtiment, des ergothérapeutes affiliés à la Mutualité française peuvent également fournir des conseils.

"La plupart des Français sont pour l'économie circulaire, mais quand on touche à la santé, ils ont des doutes. Il faut les rassurer", reconnaît Ludovic Blot, davantage sollicité pour l'achat de petit matériel que pour des fauteuils. L'association APF France Handicap, qui réclame un meilleur remboursement du neuf, considère notamment "qu'il ne faudrait pas (...) que la personne handicapée se retrouve contrainte de prendre un fauteuil d'occasion pour des raisons financières, alors que ce n'est pas son premier choix". 

Sur le terrain, les ergothérapeutes de l'APF Rennes disent "beaucoup travailler" avec ce nouvel acteur, pour "un retour d'expérience vraiment positif". "C'est une filière qui démarre. On est dans une dynamique d'économie solidaire avec une vraie exigence d'excellence", a déclaré à l'AFP la secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées Sophie Cluzel, venue fêter fin novembre les 25 ans d'Envie 35.
    
  
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