Les salariés de la filiale rennaise du groupe Smurfit Kappa France, d'abord surpris de se voir licenciés, s'inquiètent maintenant des conditions de départ. Ils se demandent comment ils vont pouvoir se reclasser dans le contexte économique actuel.
L’entreprise qui a eu différentes adresses dans Rennes existe depuis 63 ans. Auparavant identifiée sous le nom de Cartonnerie de Maurepas, elle a connu différents rachats. Elle est aujourd’hui l’un des 350 sites du groupe Smurfit Kappa qui compte 46000 salariés dans le monde et dont le siège est en Irlande. Au total, une quarantaine d'usines en France fabriquent du carton brut, du cartonnage ou créent et façonnent de la cartonnerie c’est-à-dire des montages : emballages, présentoirs publicitaires ou têtes de gondoles.
Colère et armertume pour les salariés
Marie Gautier est designer au bureau d’étude depuis 24 ans. Comme ses collègues elle a été surprise de cette décision soudaine. « L’entreprise avait eu des résultats négatifs ces dernières années mais les commandes sont reparties cette année et le carnet de commandes est plein jusqu’en février, on a même eu une très grosse commande récemment. C’est beaucoup d’amertume aussi pour l’équipe qui pendant le premier confinement n’a pas stoppé sa production et a même redoublé d’efforts pour faire tourner les machines. À la Mézière on a des commandes qui demandent du travail manuel de montage. Il y a par exemple des commandes de brasseries, des emballages de bières avec un verre, des supports de publicité mais aussi des "calages" c’est-à-dire des emballages pour des pièces détachées, par exemple dans l’automobile. »
C’est très violent : on ferme fin janvier !
La nouvelle est tombée fin novembre pour une fermeture annoncée fin Janvier. « C’est vrai que l’absence d’investissements dans les machines, dans les locaux, un changement de système informatique de production, une succession de directeurs et le départ d’un bon nombre de collaborateurs il y a 2 ans ont engendré des difficultés financières, explique Marie Gautier, mais c’est loin de mettre en danger la compétitivité du groupe qui annonce des résultats prévisionnels 2020 excellents!»
L'usine n'était plus chauffée ni entretenue avant même cette annonce de fermeture. Les salariés n'étaient pas très organisés non plus pour se défendre, alors récemment Marie Gautier a pris conseil auprès de syndicalistes d'une grosse usine de cartonnage du groupe. «En 2019, précise la représentante du personnel, le groupe a dégagé un bénéfice de 677 millions d’euros et pourtant notre site c’est la troisième filiale française à fermer cette année !»
L'entreprise plaide un contexte économique défavorable
Effectivement il y a des précédents à Bagneaux Sur Loing (Seine et Marne) et à Golfech (Tarn-et-Garonne). D'autres encore si on remonte de quelques années. Le groupe est coutumier de restructurations pour rester dans la compétition. « L’usine de La Mézière n’est pas rentable. Son chiffre d’affaires subit de grosses pertes depuis des années », a confié Clément Bel, le directeur général au quotidien Ouest-France.
Les salariés sont inquiets « La plupart sont là depuis plus de vingt ans» confie une salariée qui appréciait l'ambiance de travail. Dans le contexte économique actuel, les personnels savent qu’ils auront beaucoup de mal à retrouver un emploi, notamment pour le tiers de l’effectif âgé de plus de 50 ans. Mais aussi pour quatres jeune embauchés en CDI pour faire face à la relance il y a quelques mois.
Rudes négociations sur les conditions de départ
Selon la représentante syndicale, la direction a commencé par proposer les mesures minimales prévues par le droit du travail. Certaines règles étant plus favorables si l'entreprise compte plus de 1000 salariés ou moins avantageuses si les effectifs sont inférieurs à 25 personnes. Patrick Trégaro contaste : « Les propositions actuelles du Plan Sauvegarde de l’Emploi et les mesures d’accompagnement présentées sont très insuffisantes. Elles ne sont pas dignes d’un groupe tel que Smurfit Kappa et ne correspondent pas du tout aux moyens du groupe.»
Ce mardi matin,les salariés rencontraient la direction pour obtenir des primes de départ supra légales, mais surtout des financement sur la durée pour envisager reconversions et reclassements. À midi la direction ne souhaitait pas s'exprimer.