En réaction à la validation quasi-totale de la réforme des retraites par le Conseil constitutionnel vendredi 14 avril, entre 750 et 1 500 Rennais ont manifesté en centre-ville pour exprimer leur mécontentement.
Le Conseil constitutionnel a rendu sa décision ce vendredi en fin de journée. Les neuf Sages ont ainsi validé l’essentiel de la réforme des retraites, dont sa mesure phare de recul de l'âge légal de départ à 64 ans.
Dans un communiqué officiel, les membres du Conseil précisent avoir toutefois rejeté six dispositions, notamment celle prévoyant la création d’un "index senior", destiné à favoriser leur embauche ou leur maintien en emploi dans les entreprises. Les Sages ont dans le même temps rejeté la demande d’un référendum d’initiative partagée (RIP) déposée par la gauche.
"Un mépris total envers les personnes dans la rue"
En réaction immédiate à cette annonce, l’intersyndicale a appelé à manifester ce vendredi à 18 heures au départ de l’esplanade Charles-de-Gaulle à Rennes. Dès les premières minutes de la mobilisation, les différents représentants syndicaux ont pris la parole.
"Nous n’attendions rien du Conseil constitutionnel, nous ne sommes donc pas déçus, a assuré un représentant de Force ouvrière action sociale 35. Avec cette décision, l’Etat crache à la figure du peuple. Ces gens-là n’ont rien compris à la gravité de la situation, à cette régression sociale et démocratique."
C’est totalement inadmissible, c’est un mépris tout à fait affirmé envers les millions de personnes dans la rue
CGT35
"Cette réforme était injuste avant 18h et elle l’est toujours. On n’en veut toujours pas ! On ne va rien lâcher, s’est insurgé Wilfried Lemaréchal, secrétaire général de la CFDT d’Ille-et-Vilaine. On va continuer de porter la parole des travailleurs. Le 1er mai sera l’occasion d’une nouvelle journée de mobilisation nationale."
Une décision "anti-démocratique", "illégitime"
Au-delà des instances syndicales, des manifestants de tous âges et horizons professionnels étaient présents pour exprimer leur colère : "Un Conseil constitutionnel qui refuse d’entendre le peuple n’a plus de légitimité", assure Philippe, retraité. "Je finis par presque ressentir de la haine vis-à-vis de ce gouvernement alors que c’est un sentiment que je n’ai jamais eu. Je n’en peux plus", se désole Michel, ancien enseignant.
Bien décidé à poursuivre la mobilisation, Thomas, assistant d’éducation de 32 ans déplore l’attitude du gouvernement : "Dans les années 90 on avait l’impression que le pouvoir pouvait encore se retirer face aux pressions populaires. Là au fil des décennies on a essuyé pas mal de défaites sur le plan social en plus de celle d’aujourd’hui. C’est dur, on encaisse mais arrivera un moment où ça craquera et pas dans le bon sens."
Mobilisation régionale ce samedi
Selon la préfecture, 750 personnes sont descendues dans la rue en cette fin de journée. 1 500 selon les syndicats. Aucun incident n'a été signalé. Vers 20 heures, la salle Vilar du théâtre national de Bretagne (TNB) a été envahi en début de spectacle par des manifestants, applaudis par le public.
Un autre rassemblement est prévu dans la soirée place Saint-Anne. La mobilisation se poursuivra ce samedi avec l’organisation d’une nouvelle manifestation –régionale cette fois–, prévue à 14 heures à Rennes place de la République.
(Avec Gilles Le Morvan et Thierry Bouilly)