"Si on n'a pas de canards à Noël, ça va être catastrophique !" Le témoignage d'un producteur breton

La Bretagne représente la 4e région en termes de production de foie-gras. En raison de la grippe aviaire, ce produit phare des fêtes de fin d'année risque de manquer sur les tables de réveillon. Le témoignage d'un producteur de Guipry-Messac, au sud de Rennes.

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"En 30 ans d'exploitation, je n'ai jamais vécu une telle situation", s'alarme Christophe Lelièvre, producteur de foie-gras. En temps normal, mille canards sont gavés chaque semaine à la ferme du Luguen située à Guipry-Messac à quarante minutes de Rennes dans le sud de l'Ille-et-Vilaine. Mais à cause des répercussions de la grippe aviaire, la ferme n'a pratiquement pas pu se fournir en canards depuis le mois de mars. "Là, nous venons à peine de remettre en gavage des canards pour les fêtes de fin d'année", explique le directeur. 

Pour comprendre cette pénurie, il faut remonter à l'année dernière. De novembre 2021 à mai dernier, une violente épidémie de grippe aviaire a frappé les aviculteurs français, en particulier ceux des Pays de la Loire. Afin de lutter contre sa propagation, 16 millions de volailles ont été abattues, dont plus de la moitié dans les Pays de la Loire, le principal centre d’approvisionnement en canetons pour les élevages de foie gras. 

Beaucoup d'incertitude

À cause de ces abattages préventifs, la production de foie gras devrait donc baisser d’environ -30 % à -35 % en 2022, selon le CIFOG (Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras). Pour continuer, malgré tout, à proposer ce produit phare des fêtes, la ferme du Luguen a dû s'adapter. À la place des canards introuvables, le directeur, Christophe Lelièvre, a pris des femelles - même si leur foie est réputé être de moins bonne qualité- en provenance de Vendée ou de Bulgarie.

On va avoir du foie-gras dès la semaine prochaine et on va pouvoir ainsi tenir pendant toute la durée des fêtes.

Christophe Lelièvre, directeur de la ferme du Luguen

Mais en raison de l'incertitude de la situation, aucune commande ne pourra être prise en dehors des canaux de vente directe. "C'est frustrant, car habituellement, on a 2000 commandes. Mais si on en prend et que dans plusieurs jours, notre élevage est positif à la grippe aviaire, il faudra tout arrêter et rappeler les clients, c'est inconcevable pour nous", soupire le producteur. 

Du foie-gras plus cher 

Autre difficulté : l'inflation. Du fait notamment de la hausse des prix de l'électricité, des céréales pour nourrir les canards et du verre utilisé pour les bocaux, les produits au foie-gras de la ferme seront 15 à 17% plus chers, quitte à prendre le risque de perdre des clients. 

D'ici à la fin de l'année, l'entreprise devrait perdre 50% de son chiffre d'affaires. Après des mois d'incertitude, elle vient de recevoir une aide "conséquente" de la part de l'Agrimer, l'Établissement national des produits de l'agriculture et de la mer, mais il n'en reste pas moins capital pour la ferme de réaliser de bonnes ventes de fin d'année. 

 

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