Le Space s'ouvre ce mardi à Rennes. Le salon de l'élevage place le bien-être animal au coeur de cette édition, lors de conférences réunissant chaque jour experts, scientifiques et éleveurs. Le bien-être animal peut-il se mesurer ? C'est la question que nous avons posée.
Le Space, salon international des productions animales, s'est ouvert ce mardi à Rennes, en présence du ministre de l'Agriculture Julien Denormandie. Un salon qui, pour cette 35e édition, s'est notamment saisi du thème du bien-être animal. Un sujet régulièrement abordé ici depuis 20 ans et qui répond à une attente forte de la société.
Début de la première table ronde à L’Espace pour Demain qui a pour thème cette année l'éleveur et ses animaux : un bien-être partagé ! #SPACE2021 pic.twitter.com/xin4nIY0I6
— SPACE (@SPACERennes) September 14, 2021
La recherche du bien-être animal fait partie intégrante du métier d'éleveur, "une recherche quotidienne, malgré ce que certains voudraient laisser penser" explique Didier Lucas, vice-président de la Chambre d'agriculture de Bretagne. Mais qu’en est-il du bien-être de l’éleveur dans un contexte d’injonctions parfois contradictoires ? C'est à partir de ces questions traitant à la fois du bien-être pour les animaux et pour les hommes qu'une série de conférences du salon a été construite.
Peut-on mesurer le bien-être animal ?
Nous avons voulu savoir comment il était possible de mesurer le bien-être des animaux dans les élevages et si les éleveurs disposaient d'éléments objectifs pour le faire. Il existe en effet des critères précis pour chaque espèce. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit le bien-être animal comme "l’état physique et mental d’un animal en relation avec les conditions dans lesquelles il vit et il meurt".
Valérie Courboulay, présente sur le salon et ingénieure, spécialiste de la question pour l'institut français du porc (Ifip), indique que ce qui définit le mieux cette notion de bien-être, ce sont les cinq libertés fondamentales de l’animal établies dès 2009 par le Farm Animal Welfare Council britannique.
Les cinq libertés de l'animal
Ces cinq libertés constituent un premier cadre pour le bien-être des animaux dans un élevage. Certaines d'entres elles, selon les espèces et les filières, sont très encadrées par les normes et réglementations, avec des cahiers des charges spécifiques.
- L'alimentation, c'est à dire l'absence de faim et de soif. Apporter à l'animal la nourriture qui correspond à ses besoins, qu'il puisse s'abreuver facilement.
- Le logement ou l'absence d’inconfort, avec en particulier les questions de surface, de luminosité
- La santé ou encore l'absence de douleur, de lésions et de maladie. Et là, il s'agit d'anticiper le problème.
- L'absence de peur ou de stress
- Le comportement, ou la possibilité d'expression d'un comportement normal de son espèce.
Les émotions positives des animaux
Valérie Courboulay souligne qu'en complément de ces libertés et, plus récemment, les éleveurs et les chercheurs observent aussi l'expression d'émotions positives sur les animaux. Ce bien-être s'évalue sur l'animal même, à partir d'indicateurs visibles. Il s'agit de s'assurer qu'il n'a pas de lésions, suite à un combat, une morsure par exemple. Mais encore de remarquer s'il joue, s'il est propre et s'alimente correctement, s'il a facilement accès à sa nourriture, s'il a suffisamment d'espace dans son logement pour s'étendre si besoin.
Arrêt de la caudectomie pour les porcs
Depuis quelques années, et en réponse à une demande européenne, la coupe des queues des cochons, soit la caudectomie, n'est plus systématique. Avec la castration des porcs, ce sont des pratiques qui sont aujourd'hui souvent remises en cause par la société qui s'inquiète du bien-être des animaux.
Les éleveurs doivent donc désormais justifier de sa nécessité, si des morsures sont observées sur l'animal. Mais avant tout, il leur est demandé d'améliorer les conditions d'élevages : espacer les animaux par exemple, pour prévenir les cas de morsures. "Les causes de ces morsures sont cependant multifactorielles" expliquent les chercheurs, et peuvent s'expliquer par la génétique, l'alimentation ou des raisons sanitaires.
La relation de l'homme et de l'animal
Les scientifiques de l'Inrae en Bretagne, institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement, se sont notamment penchés sur la relation entre les porcs et les hommes, "au centre de l’élevage, il est un des piliers du bien-être animal".
Ils font remarquer que l'éleveur "par son comportement et ses choix de pratiques, de conditions de logement et de gestion du troupeau va influencer l’état mental de ses animaux". Suite à ces travaux en élevage porcin, ils observent que certaines pratiques d'élevage, "source de douleur et de peur pour les porcelets, provoquent des réactions ultérieures de peur vis-à-vis des humains, même inconnus".
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A l'inverse, "des pratiques ayant pour but de développer une relation de proximité, diminuent la peur des humains et favorisent une relation de confiance". Même quelques minutes par jour, la présence de l'éleveur permet d'habituer le porcelet aux humains. Ainsi, poursuivent les chercheurs, "parler aux animaux est primordial, y compris in utero. Les porcelets apprécient les contacts tactiles doux, caresses ou grattages".
Ces contacts avec l'homme permettent d’instaurer un climat de confiance, qui pourra susciter des émotions positives favorables au bien-être animal. Des relations qui seront bénéfiques "non seulement au bien-être des porcs, mais aussi à la sécurité et la satisfaction au travail des éleveurs"conclut les chercheurs.