Le Stunfest, festival du jeu vidéo bat son plein à Rennes. L'association Zyzomis est sur place pour présenter son jeu de rôle en ligne "Dragonium" conçu pour tous, y compris les joueurs non-voyants ou déficients visuels.
Pourquoi adapter son jeu vidéo aux personnes non-voyantes ? "Cela vient d'un constat personnel voire un peu égoïste. Si moi demain je perds la vue, comment je fais ?" explique Ludovic, président de l'association Zyzomis et qui propose le jeu de rôle en ligne en 2D par navigateur "Dragonium". Basé sur un univers médiéval fantastique, il s'agit de se créer son personnage, de le faire progresser tout en combattant d'autres, d'acquérir des objets.
S'adapter à la technologie existante, créer ses propres outils
Au départ, son jeu n'était accessible qu'à 25 %. Ludovic et son équipe ont dû faire évoluer leur codage. Les personnes aveugles se servent notamment de la synthèse vocale, un système qui permet de traduire ce qu'il se passe à l'écran, ou de plage braille. La plus grosse partie du travail s'est faite sur la retranscription des images avec la création d'info-bulles détaillées. Des joueurs non-voyants ont très vite donné leurs conseils car mis au courant de la démarche et continuent de le faire en tant que "volontaires" pour faire évoluer le jeu. Des raccourcis clavier ont également été mis en place, facilitant la vie de tous les rôlistes.
Autre point, la cartographie du jeu "un territoire virtuel" que "nous voyant on peut voir mais pas ceux qui n'ont aucun repère sensoriel". Des cartes sont donc disponibles physiquement en braille. Une carte principale d'abord. Puis d'autres versions, comme des zooms sur les différents endroits de la carte.
Le jeu de rôle en ligne "Dragonium" s'adresse aussi aux joueurs non-voyants. Ludovic explique les adaptations possibles @stunfest @Dragonium_RPG pic.twitter.com/p0zGFpcKEJ
— France 3 Bretagne (@france3Bretagne) May 19, 2019
Si le joueur veut obtenir les cartes du jeu, Ludovic lui envoie gratuitement par courrier en soulignant "ils n'ont pas choisi d'être aveugle, je ne vois pas pourquoi je leur ferais payer quelque chose à laquelle nous nous avons accès directement." Chaque page coûte 5 euros à fabriquer. L'atlas actuel en compte 40 et il faut 7 minutes d'impression pour chacune.
Sur les 250 joueurs actifs de "Dragonium", Ludovic estime que 30% sont des personne déficientes visuelles. C'est le cas de Marie-Najma, une joueuse régulière depuis un an, tombée dessus "par hasard". "Je jouais déjà sur mon téléphone et un peu en ligne, comme à "Blind Legend"". Elle se consacre à "Dragonium" plusieurs fois par semaine avec son personnage principal : un soigneur. "J'aime ce changement d'univers" explique-t-elle avant d'ajouter : "J'ai les cartes. C'est quand même plus pratique pour appréhender les territoires, la région où l'on se trouve. Ce qui est bien sinon en ligne c'est que l'on peut poser des jalons une fois qu'on est allé quelque part. Cela permet de se repérer, de bien identifier les endroits stratégiques.". Pour elle rien à redire sur l'acessibilité du jeu qu'elle trouve "bien fait".
Prochain changement et pas des moindres pour "Dragonium" passer à une version multilingue, "on espère en septembre 2019" dit Ludovic.