Des "oubliés" de la dalle Kennedy, aux résidents du centre-ville si surveillés, du quartier de La Courrouze où l'on apprend en construisant, à une salle de boxe de Villejean où l'on se construit en suant, découvrez le témoignage de Rennais en marge du bruit de la campagne.
Consultation, codécision, co-construction… Autour de concepts souvent vagues, prétendument rassembleurs, le discours politique, qu’il soit local ou national, joue sur les mots et emprunte à l’air du temps.Mais il peine indéniablement à qualifier clairement les attentes des citoyens autant qu'à y répondre. À force, cela nourrit, entre autres, l'abstention, que l'on craint massive pour ces élections municipales. Pire peut-être qu'en 2008, qui fut marquée, à Rennes, par une participation d'à peine plus de la moitié des électeurs.
Que produisent ces mots sur le terrain, que changent-t-il dans la vie des Rennais? Que peuvent-ils encore en attendre de ce discours souvent policé, assez calculé, que portent les élus chargés de mettre en oeuvre la politique municipale, ou de la contester ?
C'est ce que nous avons souhaité apprécier nous-mêmes, non pas en nous extrayant de la campagne, mais en nous l'appropriant à notre manière. Car les grands dossiers Rennais, "les problématiques" dit-on à l'université, ne nous étaient pas forcément familiers. Etudiants en journalisme à Sciences Po Rennes, nous sommes majoritairement originaires d'autres régions. Alors, nous nous sommes immergés, au sens propre comme au figuré, dans ce Rennes que nous maîtrisions peu, par des lectures d'abord, puis très vite par du terrain justement.
Pour illustrer ce qu'il nous semblait judicieux d'explorer, nous avons mené l'enquête au cœur de trois quartiers, aux profils, aux habitants, à l'histoire, à la sociologie que l’on peut penser différents. À travers la diversité de Villejean, de Cleunay et du centre-ville, nous avons observé la vie quotidienne, les expériences partagées, les bienfaits ou les non faits d'une politique territoriale.
Des "oubliés" de la dalle Kennedy, aux résidants du centre-ville si surveillés, du quartier de La Courrouze où l'on apprend en construisant, à une salle de boxe de Villejean où l'on se construit en suant, nous avons recueilli des témoignages. Ils dressent un portrait de ville sans doute imparfait, mais crayonné dans un style qui nous est propre. Reportages et enquêtes, le cœur de notre formation, éclairent et colorent ce tableau, qu'une simple analyse politique aurait rendu terne.
Ce webdocumentaire est le fruit de plusieurs semaines de rencontres, de confrontations, d’échanges, quand les portes ont bien voulu s’ouvrir. Au fur et à mesure, la confiance s’est établie avec nos interlocuteurs, en première ligne pour agir, faire vivre ou défendre les expériences auxquelles nous nous sommes intéressés.
Nous avons bien entendu aussi interrogé les sources plus institutionnelles et politiques. S'y soustraire n'aurait pas été pertinent, car malgré une certaine défiance, elles sont incontournables pour décider et financer, et même initier parfois.
Mais elles n’incarnent pas à elles seules les quartiers. Ils appartiennent avant tout aux habitants, qui nous ont livré leurs voix.