"On ne sait pas ce qu'il va advenir de ces personnes ce soir", un bâtiment de la région Bretagne, occupé par des demandeurs d'asile, évacué à Rennes

Jeudi 11 juillet en début d'après-midi à Rennes, suite à une décision de justice, l'ancien bâtiment de la Direction des canaux de la région Bretagne a été évacué par les forces de l'ordre. Il était occupé (illégalement) depuis janvier par 80 personnes originaires d'Afrique et du Caucase. Pour l'heure, aucune solution de relogement ne leur a été proposée.

Environ 80 personnes originaires d'Afrique et du Caucase, des mineurs isolés, des familles avec enfants, qui occupaient depuis janvier dernier un bâtiment situé 33 rue Armand Rebillon à Rennes, ont été évacuées par les forces de l'ordre le 11 juillet dans l'après-midi. 

Le Tribunal administratif de Rennes avait, par décision du 24 juin 2024, pour des raisons de sécurité, ordonné l’évacuation du bâtiment appartenant à la région Bretagne. C'était l'ancienne Direction des canaux de la région Bretagne, située dans le quartier Nord Saint-Martin. Cette décision de justice a été signifiée aux occupants par voie d'huissier. 

Evacuation par les forces de l'ordre

Dans un communiqué, le cabinet du préfet d'Ille-et-Vilaine indique : "L'huissier ayant constaté la présence des occupants au-delà du délai fixé par le tribunal pour libérer les lieux, le Conseil régional de Bretagne, propriétaire des lieux, a sollicité auprès de Philippe Gustin, préfet d’Ille-et-Vilaine, l’évacuation des lieux avec le concours de la force publique. Le préfet a décidé d’accorder le concours de la force publique". Il indique enfin que "cette évacuation a été menée dans le respect des règles de droit grâce au concours des effectifs de la direction interdépartementale de la police nationale d’Ille-et-Vilaine et s’est déroulée sans incident". 

On ne nous parle pas de solution de mise à l'abri donc on est tous très inquiets. On ne sait pas ce qu'il va advenir de ces personnes ce soir.

Marie Chapelle

Coordinatrice de l'association Utopia 56 à Rennes

Des soutiens étaient sur place lors de l'évacuation, à l'image de l'association UTOPIA 56 : "On ne nous parle pas de solution de mise à l'abri. On n'a vu aucun responsable pour le moment. Donc on est tous très inquiets. On ne sait pas ce qu'il va advenir de ces personnes ce soir. Il y a des femmes, des enfants, des personnes très malades et une vingtaine de mineurs non accommpagnés en recours", explique Marie Chapelle, coordinatrice de l'association Utopia 56 à Rennes

L'une des jeunes occupantes suivie par l'association UTOPIA, Nita, 12 ans, originaire de Géorgie, témoigne : "On était dans le bâtiment et quand tous les policiers sont venus, ça nous a fait peur", raconte-t-elle. 

"Pas de locaux disponibles au sein de son propre parc"

La région Bretagne signale quant à elle que "l'occupation illégale de l’ancien bâtiment de la direction des canaux de la Région Bretagne, en instance de vente à un acteur immobilier qui projette de le transformer en logements dont une partie serait réservée à des étudiants, devait s'arrêter".

Elle dit avoir "vainement recherché d'autres locaux disponibles au sein de son propre parc. La Région Bretagne regrette que l’accueil d'urgence, qui est de la responsabilité de l'Etat, ne soit pas assumé et que les collectivités locales se voient contraintes de prendre le relais et de compenser les manquements de l'Etat".

"Un désastre au plan humanitaire"

Ce soir, David Travers, adjoint à la Maire de Rennes, délégué à la Solidarité, a déploré que cette évacuation ait été "réalisée sans qu'aucune solution de mise à l'abri ne soit recherchée pour les dizaines de personnes migrantes qui avaient trouvé refuge dans le bâtiment. Elles se retrouvent ce soir à la rue. C'est incompréhensible, alors même que le dispositif d'accueil est totalement saturé sur notre territoire et que l'Ille-et-Vilaine est placée en vigilance jaune pour risque orageux, avec de très fortes précipitations attendues dans la soirée"

Il a tenu à rappeler que "l'hébergement d'urgence est une compétence exclusive de l'État. Avant de procéder à l'évacuation, les autorités compétentes auraient dû concevoir un plan de relogement et prendre contact avec les associations qui viennent en aide aux personnes exilées pour le mettre en œuvre. Cette mise à la rue pure et simple est un désastre au plan humanitaire".

La Ville de Rennes participe activement à l'hébergement des personnes migrantes, depuis de nombreuses années, "afin de compenser l'insuffisance des dispositifs de l'État. Chaque soir, ce sont ainsi plus de 900 personnes (familles avec enfants mineurs) qui sont mises à l'abri directement ou indirectement par la Ville. Ce dispositif volontariste, qui n'a cessé de croître depuis 10 ans, est aujourd'hui totalement saturé, tout comme les dispositifs associatifs et les hébergements citoyens".

(avec Colombine Denis)

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