Plus de 700 ordonnances ont été dérobées ou falsifiées. Les gendarmes ont interpellé une quinzaine de personnes soupçonnées d’avoir obtenu illégalement du Fentanyl, un opioïde extrêmement puissant.
Les gendarmes ont interpellé une quinzaine de personnes ce mardi 11 juin 2024, principalement à Rennes, mais aussi dans le Morbihan et dans les Côtes-d'Armor. Des personnes soupçonnées d'appartenir à un vaste trafic de Fentanyl, un analgésique puissant, utilisé comme antidouleurs, mais parfois détourné à usage de drogue.
Plus de 700 ordonnances volées ou falsifiées
À ce jour, l'enquête des gendarmes de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) a révélé que 709 ordonnances auraient été présentées en pharmacies, dont plus de 500 ont été falsifiées et les autres issues de vols chez des médecins. Au total, 2 300 boîtes de Fentanyl ont ainsi été délivrées illégalement dans dix-sept départements du Grand Ouest.
"Le médicament était destiné à la consommation personnelle des mis en cause, très dépendants, et à la revente intracommunautaire en France", indique le procureur de la République à Rennes, Philippe Astruc, pour ces personnes, qui appartiennent à la communauté géorgienne.
À lire encore : Trafic de drogue : une importante saisie de stupéfiants sur un voilier dans le golfe de Gascogne
Des pharmaciens mobilisés
Jean-François Guillerm, président de l'Ordre des pharmaciens de Bretagne, "se félicite" des résultats de cette enquête, qui a pu avancer grâce aux remontées des professionnels, qui "depuis des semaines ont été de véritables veilleurs en informant les forces de l'ordre".
"Une profession, qui doit faire preuve d'une vigilance de chaque instant, poursuit le pharmacien, et demandeuse d'un système de certification et d'authentification, qui devrait être mis en place dans les prochains mois, afin d'éviter les ordonnances frauduleuses" et qui attend aussi avec impatience l'application de la e-prescription, pour empêcher les fraudes, sur ce type d'analgésiques, de traitements psychotropes ou d'hypnotiques.
Trois personnes déférées
Sur les quinze personnes interpellées, seules trois ont été déférées devant un juge d'instruction. Le procureur explique que "ces remises en liberté sont motivées par le fait que deux personnes ont subi une usurpation d’identité. Pour les autres remises en libertés, il s’agit de simples clients du réseau ou de poursuivre les investigations."
Selon notre confrère du Parisien Vincent Gautronneau, c'est "la Caisse nationale d’assurance maladie qui se serait étonnée du nombre de boîtes de Fentanyl vendues dans certaines zones de Bretagne. Des pharmaciens auraient aussi fait remonter à leur Ordre, ainsi qu’à des médecins, leur sentiment d’avoir eu une fausse prescription de Fentanyl sous les yeux."
Des ravages aux États-Unis
Le Fentanyl, dont l'usage reste marginal en France, est connu pour avoir provoqué des ravages aux États-Unis, mais Philippe Astruc, nous précise que contrairement à ce trafic breton, "aux États-Unis, la consommation de Fentanyl ne porte pas sur les médicaments, mais sur une drogue de synthèse importée par les cartels mexicains ou venant de Chine."