La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes a ordonné ce vendredi 22 novembre 2024 la prolongation "exceptionnelle" de la détention "provisoire" d'un ouvrier-serriste de Plougastel-Daoulas (Finistère) accusé d'avoir commis un viol à Brest en avril 2023.
Renvoyé devant la cour criminelle départementale du Finistère pour répondre de faits de viols, un ouvrier-serriste de Plougastel-Daoulas (Finistère) aurait, à ce titre, dû être jugé avant le 3 décembre 2024, soit "six mois" après que l'ordonnance de mise en accusation soit devenue définitive. Mais la "charge" des juridictions criminelles finistériennes n'a pas permis à la justice de programmer l'affaire dans les délais : son dossier sera évoqué les 12 et 13 mai 2025, soit pratiquement six mois après l'achèvement du délai légal.
L'homme est accusé d'avoir violé une quadragénaire à Brest : le 30 avril 2023, elle avait été "déposée par un taxi" au commissariat de police, où elle avait expliqué qu'un "voisin du quartier" qu'elle avait "accepté de suivre" l'avait violée. Deux de ses amis avaient recueilli ses "confidences" juste après les faits et leurs témoignages "correspondent" au récit de la partie civile, a-t-il été dit lors de l'audience de ce jeudi 21 novembre 2024. Un témoin avait d'ailleurs "reçu des photos de la victime" montrant "des traces de violences". Depuis les faits, "elle ne sort quasiment plus", a-t-il été dit à l'audience.
"Elle ne sort quasiment plus"
Mais ce ressortissant sénégalais qui a quitté son pays à cause de son homosexualité en 2016 avait expliqué avoir "terminé la soirée" avec cette femme : après avoir "bu des bières" et "fumé deux joints", ils avaient "discuté de musique" et eu "un rapport sexuel consenti". Il s'était toutefois "réveillé à 4h du matin" pour "lui dire qu'elle parte" parce qu'une "autre compagne" allait arriver dans la matinée. Ses anciennes compagnes l'avaient toutefois décrit comme "un homme physiquement violent", l'une d'elles avait déjà été "tenue par la gorge pendant les rapports sexuels".
Il a "toujours nié les faits"
Le parquet général de la cour d'appel de Rennes souhaitait donc que le mis en cause soit maintenu en détention jusqu'à son procès : les "circonstances insurmontables" du "stock de dossiers" justifiaient que la cour ordonne une "prolongation exceptionnelle" de sa détention provisoire.
"Le report sur d'autres cours n'est pas possible, il est nécessaire d'obtenir un renfort", avait bien insisté l'avocate générale à l'audience. "Un sixième poste de conseiller a été demandé et pourvu, mais le procès du chirurgien Le Scouarnec [à Vannes] bloque les effectifs", a détaillé la magistrate.
L'avocate de l'ouvrier-serriste avait pour sa part critiqué le fait que le parquet général invente "de nouvelles raisons" pour justifier son maintien en détention. "On part du principe que le manque de magistrats justifie que son droit a être jugé dans un délai raisonnable soit bafoué", a déploré Me Noémie Lebigot.
D'autant que son client, jamais condamné, est détenu à la maison d'arrêt de Brest où la densité carcérale est de "181,5 %", soit "le double" de personnes par rapport au nombre de lits prévus. Le mis en cause a par ailleurs "toujours nié les faits" et n'a jamais fait l'objet d'un dépôt de plainte. Mais finalement, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes l'a maintenu en détention.