L'attaque terroriste dans un lycée d'Arras vendredi 13 octobre a laissé des traces chez les adolescents. Nous sommes allés recueillir leur parole au lycée Zola à Rennes, alors qu'un moment solennel était organisé cet après-midi.
Trois jours après l'attentat dans un établissement scolaire d'Arras qui a coûté la vie à Dominique Bernard, une partie de ce lundi de reprise était consacrée à l'échange et au recueillement.
Il est 14 heures. Dans la cour du lycée Emile Zola à Rennes, le ciel est bleu, le soleil brille. Élèves et enseignants sont rassemblés pour une cérémonie d'hommage officiel et un temps de recueillement, en présence du recteur d'académie, Emmanuel Ethis ; du préfet de région, Philippe Gustin ; du président de région, Loïg Chesnais-Girard ; du président du conseil départemental, Jean-Luc Chenut et de la maire de Rennes, Nathalie Appéré.
Après quelques mots introductifs rappelant que "l'obscurantisme ne peut l'emporter sur le droit et la raison", une minute de silence est observée par l'assemblée. Une minute grave comme le contexte. Des adolescents, regards dans le vide, prennent toute la mesure de ce qui est en train de se passer, avant d'entonner "La Marseillaise". Avant leur retour en classe, certains jeunes ont accepté de nous livrer leurs sentiments, leurs peurs, leurs doutes. Ils ont entre 13 et 16 ans.
Jean, 15 ans, en seconde
"Je ne m'attendais pas à ce qu'il se passe un événement comme ce qui s'est passé avec Samuel Paty il y a 3 ans. Je pense que ça a un peu choqué tout le monde. Je suis un peu troublé. Après l'assassinat de Samuel Paty, on avait justement reçu plusieurs cours d'Education Morale et Civique. Et donc on avait évoqué la laïcité, le cyber-harcèlement, le harcèlement scolaire, le racisme et l'homophobie. Il y a eu des échanges avec les professeurs et on faisait des mini débats. De toute façon, aucun acte de terrorisme ne peut être justifié, surtout en tuant des civils mais généralement les gens qui font ça sont des gens manipulés, souvent à des fins religieuses".
Titouan, 15 ans, en seconde
"C'est choquant parce que l'école, c'est un lieu où tu as l'impression de te sentir en sécurité. C'est d'autant plus effrayant que c'est un événement qui se répète. Ca reste un assassinat pour des histoires de religion. Et dans un cadre scolaire, on doit rester en dehors de ça en fait".
"Je me dis que ça aurait pu arriver dans notre lycée et du coup, j'ai un peu peur d'y aller. Je me dis imagine, il y a quelqu'un qui arrive, il a envie de nous tuer, ça fait bizarre.
Hermance16 ans, en classe de première
Lou, 14 ans, en seconde
"C'est la peur pour tout le monde. Je pense que tout le monde ressent la même chose et voilà, c'est juste pas normal, c'est vraiment c'est grave. Quand on entend l'alerte intrusion, souvent on pense que c'est un exercice. On ne pense pas qu'il y a vraiment quelqu'un qui est là pour tuer des gens. On ne pense pas qu'il y a des terroristes qui viennent comme ça. Ce n'est pas la première chose qu'on se dit quand on arrive ici au lycée".
Hermance, 16 ans, en première
"Je me dis que ça aurait pu arriver dans notre lycée et du coup, j'ai un peu peur d'y aller. Je me dis imagine, il y a quelqu'un qui arrive, il a envie de nous tuer, ça fait bizarre. Honnêtement, je ne sais pas du tout comment on pourrait régler ce problème. Parler plus de laïcité, ça pourrait peut-être régler un petit peu les choses. On en a parlé un peu ce matin avec la prof de français. Peut-être qu'elle aussi elle a peur. Elle nous a dit qu'elle avait vécu un week-end assez bizarre par rapport à tout ça".
Nous, au lycée Zola, on a eu un exercice attentat jeudi. Et ça montre bien que ces exercices-là, ce n'est pas pour rire, ça ne sert pas à rien parce que ça arrive.
Louis13 ans, en classe de seconde
Balthazar, 16 ans, en première
"C'est ma mère qui m'en a parlé parce qu'elle est prof elle-même, du coup je trouvais ça assez difficile. Elle m'a expliqué globalement ce qui s'est passé. La solution est sans doute dans la sensibilisation comme pour plein d'autres sujets, après je ne sais pas ce qu'on peut faire d'autre".
Louis, 13 ans, en seconde
"Cela touche tous les élèves de France, même quasiment tous les Français parce que c'est l'éducation nationale qui est touchée et ce n'est pas anodin trois ans après Samuel Paty, c'est inquiétant. Il n'y a peut-être pas assez de sensibilisation par rapport à tous ces sujets-là. Nous, au lycée Zola, on a eu un exercice attentat jeudi. Et ça montre bien que ces exercices-là, ce n'est pas pour rire, ça ne sert pas à rien parce que ça arrive".