VIDEO. La Bretagne nouvelle terre de vin ? "C'est un combat qui n'est pas gagné d'avance"

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Les vignes sur le Mont Garrot qui surplombe la Rance, près de St Suliac.
Vendanges en Utopie, le retour des exploitations viticoles en Bretagne. ©FTV

Sur les vingt dernières années, un réseau de passionnés de vin s'est déployé en Bretagne. Mathieu et Noémie, en font partie. Ce jeune couple de viticulteurs, installé sur l'Ile de Groix, témoigne de son expérience dans le film "Vendanges en Utopie" du réalisateur, Gérard Alle, passionné lui aussi.

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Ce qui paraissait utopique devient réalité. Les vignes qui étaient présentes autrefois un peu partout en Bretagne, semblaient effacées de nos mémoires. Mais l'attachement des Bretons à la viticulture est toujours présent, et ils sont nombreux aujourd'hui à se lancer. 

C'est le cas de Mathieu Le Saux et Noémie Vallélian, qui ont planté leur domaine, sur la pointe des chats, à la ferme du Port-Coustic, sur l'Ile de Groix.

Se projeter vers demain, tout en regardant le passé

Ce jeune couple de vignerons, a planté ses premiers pieds de vignes en 2019. Combatifs, convaincus et déterminés, ils se projettent sur les cinq prochaines années, tout en gardant un œil sur les expériences du passé. 

C'est une culture pérenne. On n'est pas sur du maraichage. Il faut être patient.

Mathieu Le Saux

Un projet de passionné, mené pour l'amour du vin, du cidre, de la terre et de ses campagnes. 

Ce qu'on veut, c'est en vivre et que nos voisins puissent se payer nos bouteilles

Mathieu Le Saux

Viticulture année zéro

Pourtant, sur l'île de Groix, il n'y avait pas de passé viticole. Le domaine de Mathieu et Noémie, c'est une viticulture année zéro.

Ils savent que leur parcours est semé d'embûches et que le défrichage est l'une de leurs principales difficultés. 

C'est en défrichant, qu'ils ont découvert de vielles aubépines et de vieux prunelliers de 80 ans. Les tracteurs et les gros bras des copains ont fini par en venir à bout. "Ça se gère", répond Mathieu, imperturbable.  

Ici, on a des contraintes que d'autres vignobles n'ont pas dans d'autres régions, mais ils ont les leurs aussi. Chacun compose avec son territoire.

Mathieu Le Saux

"Le problème de toxicité au cuivre, par exemple, dans les régions qui l'utilisent depuis plus de 100 ans, est tout aussi contraignant"  avance le jeune viticole. "Nous, nous n'avons pas ce problème ".

Un domaine à taille humaine

Ici, dans leur domaine, tout est fait à la main. Mais, en raison des contraintes du gel, de sécheresse et d’enherbement, les premières récoltes n'auront pas lieu avant cinq ans.  

Le jeune couple est soutenu par le père de Noémie, Gérard Vallélian, viticulteur en Suisse. Il participe aussi à la création de ce vignoble. "C'est un combat et qu'il n'est pas gagné d’avance" dit-il. Mathieu veut réellement une exploitation à taille humaine, mais arrivé à quatre hectares, il faut admettre qu’il va falloir de la mécanisation".

La nature reprend toujours ses droits et cela parait monstrueux. Il faut admettre qu'il faudra de la mécanisation, pour en arriver au bout de tous ces ajoncs.

Gérard Vallélian, père de Noémie

Gérard Vallélian conçoit que le jeune couple ne soit pas dans une démarche purement économique et que l'argent ne soit pas le but. Mais il rappelle "l’argent est un outil et cet outil permet de payer le développement du domaine". Confiant, il ajoute " Quand tu commences une saison à l'arrache, tu finis sur les rotules, mais s'il y en a un qui peut réussir, c'est Mathieu ! "

Car à terme, leur projet est de vivre de leur production de vin et de le vendre à échelle humaine. Ce sont les valeurs qu'ils défendent.

Activité parallèle

Pour permettre de vivre, en attendant que le vin vienne à production, ils se sont lancés dans une activité cidricole et jus de pomme. Cela leur permet de tenir. Mais cela est aussi un exercice difficile, car cette activité prend également beaucoup de temps.

 "On a tout juste défriché une parcelle, qu’il faut s’occuper des pommiers, et donc pas le temps suffisant pour labourer la parcelle fraîchement défrichée.", témoigne Mathieu.

Pour la trésorerie, l'activité cidricole permet de tenir, mais le cidre ce n’est pas mon métier

Mathieu Le Saux

Le raisin et la raison

Pour sa fille Noémie, "C'est un challenge de tous les jours, mais souvent quand on a des problèmes, il y a des gens derrière nous avec des solutions, comme par magie " dit-elle. 

On a beau faire de notre mieux, c'est la nature qui fait le raisin. On attend de voir ce que ça donne.

Noémie Vallélian

En parcourant le domaine, Mathieu et Gérard, constatent l'étendue du travail qu'il reste à accomplir.

Depuis 2021, il y a eu trois gelées, puis des sécheresses qui, à leur tour, achèvent les dégâts.

" La terre en souffre. On fait le travail, on surveille les parcelles, les gelées, les sécheresses qui cassent la terre, on repasse un coup de charrue et on replante. On n'a plus le temps de défricher " confesse Mathieu.

Il faut se planter, il faut se prendre des bûches, mais là, on en prend beaucoup quand même.

Mathieu Le Saux

La viticulture en terres celtes

Pourtant, rien n'arrêtera les Bretons passionnés de vin. L'histoire ancienne, les aventures humaines, les perspectives, les enjeux environnementaux, tous les ingrédients sont réunis pour que les vignes reprennent racine en Bretagne. L'ARVB, l'association pour le renouveau du vin breton, créée par l'œnologue Pierre Guigui, il y a 20 ans, est là pour le rappeler.

Aujourd'hui, près de deux cents petites vignes associatives et patrimoniales existent et une cinquantaine de projets professionnels est en cours.

"Vendanges en Utopie", un documentaire à voir sur France 3 Bretagne, le jeudi 30 novembre à 22 h 50, ou sur francetv.fr

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