Nouvelle étape pour Marie et Guillaume, qui sont installés depuis 2020 à Sarzeau. Le binôme vient de mettre sa première cuvée en bouteilles. Le vignoble de Rhuys-Dantelezh attend une certification en bio pour cet été. Après plus de 70 ans, la presqu'île de Rhuys relance sa production de vin.
"Tout ce qu'il y a là, on enlève !" Mains gantées et lunettes de soleil à proximité, Marie sillonne les rangées d'un pas décidé. "On enlève tous les bourgeons qui sont sur le pied : ils ne nous serviront à rien, ils ne donneront pas de raisins."
Avec Guillaume, ils ont décidé de limiter le nombre de grappes par pied : "10 à 12 grappes maximum par pied, pour avoir des raisins bien mûrs, avec du sucre et un goût de fruit bien prononcé."
Pas le temps de traîner, les inflorescences sont déjà bien visibles, les vignes sont en pleine croissance. Ici c'est la nature qui impose le rythme : "Là, faut qu'on se dépêche ! Comme ça pousse bien, il faut qu'on termine l'ébourgeonnage. Après on va bloquer les brins entre les fils pour maintenir leur poids et éviter que la vigne ne se casse avec le vent."
"On a eu de l'eau, maintenant on a du soleil, ce soleil qu'on attendait avec impatience, se réjouit Guillaume tout en avançant dans sa rangée. Si ça continue comme ça, on devrait avoir un beau millésime en 2023."
6.000 bouteilles pour le millésime 2022
Cela fait trois ans que Marie Devigne et Guillaume Hagnier ont répondu à l’appel de la commune de Sarzeau qui souhaitait relancer la production de vin, disparue depuis les années 1950.
Depuis, 27.000 pieds ont été plantés sur 5 hectares et demi : cabernet franc, chenin et chardonnay. Les premières vendanges ont eu lieu en septembre 2022.
Mi-mai, ils ont mis de leur premier fruit de leur travail en bouteilles.
"L'année 2022 a été exceptionnelle : il a fait beau d'avril à septembre. On a obtenu de jolis raisins, une belle végétation, un moult de qualité, savoure Guillaume. La vigne, c'est beaucoup de travail, c'est prenant mais quand le résultat est là, ça nous fait plaisir."
Des oenologues ont testé le vin : validé ! "Nous, on peut aimer notre vin, mais il faut qu'il soit vérifié par une personne professionnelle. On a eu le consensus pour dire qu'il n'y avait pas de défaut dans le vin. On peut le commercialiser dès cette année."
Le résultat de cette première récolte tient précisément en 6.000 bouteilles. Trop peu pour être vendues en magasin. "Pour cette année, on a mis en place des pré-commandes. Pas de vente en magasin, on a trop peu de quantité : 6.000 bouteilles, ça part assez vite." C'est donc par mail, téléphone ou via les réseaux sociaux uniquement que le précieux liquide va pour l'instant s'écouler.
De la dentelle sur l'étiquette...
Depuis qu'ils sont installés, Marie et Guillaume font tout à la main : taille, liage, ébourgeonnage... Une approche du métier, qu'ils ont voulue délicatement visible sur leur étiquette. Leurs bouteilles s'appellent « Dantelezh » autrement dit : "dentelle" en breton.
"On a repris la coiffe de la presqu'île de Rhuys avec l'arrière-grand-mère d'une amie qui détenait un moulin sur le bois Danic, relate Marie. Elle symbolise à la fois le renouveau d'un terroir ancien qu'est la dentelle et le renouveau des vignes sur le territoire. Pour nous, la dentelle, c'est aussi quelque chose de fait main, et comme on fait tout manuellement de A à Z..."
...Et des projets en perspective
Tout à côté des vignes (plantées par la mairie) et du moulin qui domine le terrain, la municipalité fait construire un bâtiment : un chai, calibré pour une production de 10 hectares soit près de 80.000 bouteilles possibles.
D'ici cet automne, Marie et Guillaume (qui se sont engagés à travailler ici et à louer les terres pendant trente ans) devraient pouvoir y cultiver leurs vignes. "Toutes les vendanges seront faites à l'intérieur avec le pressoir et l'espace cuverie,, explique Guillaume. On va presser, on va vinifier, on va stocker et habiller les bouteilles dans cet endroit, pour ensuite les proposer aux personnes intéressées."
C'est donc là que devrait se déguster la future cuvée 2023. Un millesime qui, si les conditions climatiques se maintiennent, devrait bénéficier d'une récolte complète : 27.000 pieds qui baignent sous le soleil morbihannais et auxquels le binôme souhaiterait ajouter 3 hectares (une demande de plantation supplémentaire a été déposée). "Si on les obtient, ils seront plantés sur la partie ouest de la parcelle. Cela nécessitera peut-être que l'on embauche une personne à l'année pour nous aider dans tous les travaux que demande la vigne au fil des mois."
A ce jour, près de 30 producteurs de vin misent, comme Marie et Guillaume, sur le territoire breton.
(Avec Stéphane Izad)