VIDÉO. La crème des doctorants à l'Opéra de Rennes pour la finale nationale de "Ma thèse en 180 secondes"

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Le reportage de Valérie Chopin, Vincent Bars, Liza Foesser-Eckert et Gwenaël Hamon ©France 3 Bretagne

Les 16 finalistes du concours intitulé "Ma thèse en 180 secondes" se sont mesurés ce jeudi 8 juin à l'Opéra de Rennes, lors de la finale nationale organisée par le CNRS et France Universités. Devant plus de 500 spectateurs, les doctorants ont défendu leur sujet de thèse en trois minutes. Un défi de vulgarisation scientifique.

Certains font les mille pas dans le couloir en répétant leur texte, pendant que d'autres scrutent l'écran sur lequel est projetée la prestation de leurs concurrents.

Compétiteurs mais bons joueurs, les seize finalistes du concours de "Ma thèse en 180 secondes" se soutiennent mutuellement. "On s'est dit qu'on avait tous déjà gagné puisqu'on était là, relativise Flo Sordes, la dernière à passer. Ce soir, c'est juste la célébration de notre victoire."

16 sur près de 500

Ces seize étudiants ont en effet tous passé avec brio les étapes précédentes. Au total, près de 500 candidats ont tenté, comme eux cette année, les étapes sélectives dans leurs régions respectives.

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A l'échelle de la Bretagne par exemple, ils étaient une quarantaine de motivés début février. Seuls seize ont participé mi-mars à la finale régionale sur la scène des Champs Libres de Rennes.

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Les seize doctorants bretons issus des premières sélections participent ce 14 mars 2023 à la finale régionale de "Ma thèse en 180 secondes" aux Champs libres de Rennes. Reportage France 3 Bretagne de Krystel Veillard et Vincent Bars. ©France 3 Bretagne

Dans la foulée, les deux finalistes régionaux sont allés défendre les couleurs bretonnes fin mars à Paris, mais aucun n'a dépassé le stade de cette demi-finale nationale. "C'est un peu frustrant, concède Victor Lauriau, un des finalistes bretons présent à l'Opéra ce jeudi. Mais c'est le jeu ! Le cadre de l'Opéra est somptueux, et cela reste de toutes façons une très bonne expérience."

Aujourd'hui spectateur, Victor regarde depuis son fauteuil rouge les finalistes défiler. Son rôle est moins stressant cette fois-ci : en tant que membre du public, il peut voter pour son candidat préféré.

Gain de visibilité

Egalement installés dans le public, Camille Vautier et Maxime Robic aussi, sont d'anciens participants à ce concours de vulgarisation. La première a fini 3e nationale en 2018. Le second, 3e également en 2022. "C'était vraiment un des moments les plus importants de ma thèse, raconte Camille, aujourd'hui enseignante-chercheuse à l'Ecole normale supérieure de Rennes. Ça m'a permis de valoriser mes recherches de façon différente des publications scientifiques traditionnelles ou des conférences scientifiques internationales... Ce concours a clairement beaucoup marqué ma thèse."

La prof est venue ce jeudi à l'Opéra avec quelques-uns de ses élèves du département sciences pour l'environnement."Je pense que pour eux c'est très bien de voir ça. Pour des élèves de licence ou master, ça leur montre ce qu'on peut faire en thèse, quelles sont les perspectives en tant que doctorante ou doctorant de façon très accessible et même ludique."

Voir aussi : 18h30 Bretagne / Le + de l'info: Ma thèse en 180 secondes

Même son de cloche chez Maxime Robic : "Ça a changé plein de choses pour moi, d'un point de vue pro et perso parce que ça donne non pas de la notoriété mais de la visiblité, ce qui est vraiment bien quand on travaille dans la recherche" complète le jeune doctorant de l'Université de Rennes qui espère soutenir sa thèse d'ici la fin de l'année.

"Choisir, c'est compliqué..."

Du côté des candidats toujours en lice, la prestation de chacun des finalistes est millimétrée. A force de répéter, tous connaissent leur texte par coeur, mais la façon de le restituer a son importance.

Une pointe d'humour par-ci, un pas de côté par-là... Le but est d'expliquer leur sujet de thèse de façon claire concise et précise. Facile à dire !

"Choisir... c'est compliqué, surtout quand on a le choix" commence en soufflant Robin Guelimi. Le doctorant attaché à l'Université Paris-Est-Créteil a un sujet de thèse ardu à première vue : "Revue systématique des méta-analyses en réseau évaluant l'efficacité et la tolérance des traitements systémiques dans le psoriasis en plaque modéré à sévère".

En surfant sur la comparaison avec le difficile choix d'une viennoiserie, l'étudiant en dermatologie va ainsi expliquer en trois minutes combien le choix parmi vingt médicaments pour traiter le psoriasis (une maladie de peau qui concerne 100 millions de personnes dans le monde) peut être simplifié par "la méta-analyse en réseau : une méthode statistique qui compare plusieurs médicaments les uns par rapport aux autres pour former un réseau ! En fait, elle compare pour vous toutes les viennoiseries de la vitrine ! (...) Sauf que ces méta-analyses se contredisent !"

Pourquoi de telles contradictions ? Et voilà comment, avec ses pains au chocolat et aux raisins, le doctorant nous explique en 180 secondes tout l'intérêt de ses recherches. "Choisir, c'est compliqué !? conclut-il. Beaucoup moins, quand on est bien informé, que ce soit pour un croissant ou un médicament !" Il reste 2 secondes au compteur : défi relevé ! Toute la salle applaudit : le public est séduit.

Quatre prix et un voyage

Charge maintenant aux six membres du jury de trancher. Pour eux aussi, le choix va être compliqué : "Au début on avait tous des choix différents, raconte Ivane Guillot, la plus jeune des jurés. L'élève au lycée Pierre Mendès France de Rennes poursuit : "Je fais spé physique mais bon, je ne m'y connais pas trop, et il y avait des sujets que j'avais du mal à comprendre alors que d'autres trouvaient ça très clair... On n'était pas forcément d'accord non plus sur certains qui en faisaient trop. On avait vraiment des avis différents mais on a pas mal discuté, et au final, on s'est mis d'accord sur les trois."

Après trente minutes de délibérations, le jury aussi va saluer le travail de Robin Guelimi en lui attribuant le 3ème prix (un honneur accompagné d'une aide de 1.500 euros). Le Strasbourgeois Matthieu Aguilera décroche le 2ème prix (et 2.000 euros) pour ses recherches sur la maladie d'Alzheimer.

Le premier prix (et ses 3.000 euros) ont été attribués à Camille Lakhlifi de l'Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM) pour son travail sur les capacités métacognitives des médecins. La doctorante s'interroge sur les liens entre la justesse objective de leurs choix et leurs jugements de confiance subjectifs dans leur connaissances et décisions sous incertitude. Une question qui nous concerne tous et dont elle ira défendre l'utilité, à Rabat le 5 octobre prochain, lors de la finale internationale de Ma thèse en 180 secondes.

Le quatrième et dernier prix, c'est le public qui l'attribue. Cette année, c'est Vanessa Hatchi de l'Université des Antilles qui l'emporte pour ses recherches sur l'influence du moment de la journée sur la capacité d'imagerie motrice en climat tropical. Environnement et santé auront décidément été au coeur de la 10e édition de ce concours intitulé #MT180 sur les réseaux sociaux.

Un concours qui s’inspire du "Three minute thesis" (3MT®), conçu à l’Université du Queensland en Australie. Le concept a été repris en 2012 au Québec par l’Association francophone pour le savoir (Acfas) et existe en France depuis 2014, où il est organisé par France Universités (anciennement CPU, Conférence des présidents d’université) et le CNRS.

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