Parmi les monuments ouverts au public pour les Journées du Patrimoine 2022, la prison Jacques-Cartier, à Rennes, a attiré la foule.
C'était l'une des attractions des Journées du Patrimoine 2022 à Rennes. La prison Jacques Cartier a ouvert ses portes au public pour la première fois à cette occasion.
Et on peut dire que l'établissement pénitencier a connu un franc succès. Tout au long de la journée du samedi 17 septembre, il fallait passer par l'étape file d'attente pour observer le bâtiment.
Une prison à l'abandon depuis 2010
Fermée en 2010 après plus de 100 ans d'activité, cette prison, réservée aux hommes, a été laissée à l'abandon pendant une décennie. Pendant toute cette période, elle a servi de décors pour des tournages, le film "La Taularde" en 2015 avec Sophie Marceau ou encore pour la série "Profilage". Et puis depuis sa fermeture elle était aussi et surtout utilisée comme terrain d'entraînement pour le GIGN ou les les équipes régionales d'intervention et de sécurité, (Eris 35). Et certains se souviennent encore d'une soirée étudiante, Dazibao qui s'y était déroulée en 2013.
Un vrai lieu d'histoire, que les curieux ont pu visiter toute la journée : "Ça permet de découvrir un bâtiment intrigant avec une architecture imposante. Et les visiteurs ont beaucoup la volonté de découvrir les conditions d'enfermement, la vie carcérale", explique Valentine Roy, chargée de projet culturel de la prison Jacques-Cartier.
La maison d'arrêt a accueilli jusqu'à 473 détenus, pour théoriquement de courtes peines inférieures à deux ans ou pour des prévenus avant jugement. Mais dans les faits souvent beaucoup plus longues. "L'architecture de cette prison était conçue pour être au service de la peine", explique Valentine Roy. Un édifice en forme de croix latine, avec une façade d'entrée très haute et imposante, symbolique du pouvoir qui y est exercée, en schiste pourpre et briques rousses, avec de la tuile. Les cours petites, sont ceintes de grands murs avec le ciel au-dessus, comme dans les cellules où les fenêtres très hautes permettaient seulement de porter le regard vers le ciel. Une façon pensait-on d'amener la méditation sur le délit, l'élévation et l'introspection. L'intégration du châtiment.
Le bâtiment s'est beaucoup transformé depuis son ouverture en 1903, en fonction des évolutions de la société. La chapelle est devenue une salle de sport par exemple, un atelier pour le travail des détenus y a aussi vu le jour. Et puis peu à peu, à partir de 1971, l'espace a été grignoté pour faire face à l'augmentation de la population carcérale.
"On aime bien voir l'ambiance et on imagine ce que cela devait être avec plusieurs centaines de détenus à l'intérieur, c'est impressionnant", raconte Sam, avec son fils Isaac dans les bras, venu visiter la prison en famille.
"Ça m'intéressait de voir comment ils vivaient dedans"
"On voit que c'est vachement clos et qu'ils devaient se sentir vraiment enfermés. Ça m'intéressait de voir comment ils vivaient dedans", indique Mathilde, 16 ans.
Un lieu de 326 cellules, exigües, de 9 m2, qui n'ont cessé de fasciner les habitants du quartier, comme André, 89 ans : "Je ne voyais que la porte de chez moi. J'ai voulu voir l'intérieur et je ne pensais pas que c'était aussi vaste."
Vétuste et surpeuplée, la prison Jacques Cartier a été remplacée par la prison de Vezin-le-Coquet à côté de Rennes, où les détenus ont été transférés à sa fermeture en 2010.
Cette ancienne prison reste ouverte au public ce dimanche 18 septembre 2022 pour la fin des Journées du Patrimoine 2022. La réflexion est en cours pour un nouveau projet. A terme, la prison Jacques-Cartier pourrait devenir un lieu culturel et citoyen.