Violences faites aux femmes. La Maison des Femmes Gisèle Halimi ouvre ses portes pour accueillir les victimes

Baptisée Gisèle Halimi, la Maison des Femmes a été inaugurée ce vendredi 17 novembre à Rennes. Pour la première fois dans le Grand Ouest, cette nouvelle structure va pouvoir accueillir des femmes victimes de toutes formes de violences et leurs enfants. Très attendu, ce lieu permettra de leur apporter un soutien à la fois médical, juridique et social.

Pour la première fois dans le grand Ouest, une Maison des Femmes va ouvrir ses portes le 23 novembre 2023 à proximité de l'hôpital sud de Rennes. Baptisée de l'avocate et féministe Gisèle Halimi, la mission de cette nouvelle unité est de proposer un lieu d'accueil pour les femmes victimes de violence, où toutes formes de soutien et de prises en charge sont rassemblées.

Consultations médicales, gynécologiques, psychologiques, mais également juridiques, et sociales. En plus de faciliter le parcours de ces femmes, "cela permet de croiser nos regards et nos expertises pour proposer une prise en charge de la meilleure qualité qui puisse être", affirme Louise Jacquot, gynécologue au CHU de Rennes.

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En tant qu'unité de soin, le rôle du personnel médical est au cœur de la Maison des femmes. "Les conséquences des violences sur la santé des femmes sont très lourdes et multiples. On sait que les femmes victimes de violences ont un risque plus élevé de développer des maladies chroniques, cardiovasculaires, immunitaires, liste Louise Jacquot.

La structure est destinée aux femmes victimes de toutes sortes de violences. Que ce soit des violences conjugales, intrafamiliales, sexistes sexuelles, incestes, "aucune forme de violence ne sera sous estimée", assure la gynécologue.

Un réel besoin

Pour les professionnels, la création de cette Maison était plus que nécessaire. "Nous sommes dans un territoire très dense. Beaucoup d'acteurs travaillaient en lien, mais il manquait vraiment une centralisation de ces acteurs pour faciliter les démarches des femmes", atteste Louise Jacquot. Selon

Aline Perrigault, responsable des services de l'Asfad, une association d'aide aux femmes victimes de violence, "on a constaté un réel pic d'augmentation des violences conjugales" à la sortie des confinements. "On a triplé nos chiffres en termes de nombre d'entretiens et d'appels sur notre ligne d'écoute sur les trois dernières années", affirme-t-elle.

Au sein de la structure, les femmes qui le souhaitent auront accès à une unité dédiée aux demandes d'avortements. Un service jugé essentiel pour le personnel médical : "En tant que soignants, on est confrontés tous les jours à des femmes qui ont besoin de ce type de prises en charge". Selon une étude réalisée par le service gynécologie de l'hôpital du CHU de Rennes, "plus d'un tiers des femmes en demande d'IVG ont vécu des violences dans l'année qui précédait".

La gynécologue nous révèle également qu'au sein d'une maternité, beaucoup de femmes allant accoucher leur racontent qu'elles subissent des violences. Selon Louise Jacquot, la grossesse serait un déclencheur de comportements agressifs. Quand elles étaient déjà présentes, "les violences augmentent considérablement", se désole la professionnelle. 

Un accueil de jour

La Maison des femmes est un lieu d'accueil de jour, pas d'hébergement. Avec ou sans rendez-vous, "c'est un endroit qui leur permet de quitter leur domicile et d'être en sécurité rapidement". Une fois sur place, les femmes victimes peuvent "déposer leur vécu, commencer une psychothérapie, et être en lien direct avec des associations comme l'Asfad qui pourront les aider à trouver un lieu d'hébergement d'urgence".

Pour la responsable de l'Asfad, les places en hébergement manquent. "Le premier besoin d'une femme qui souhaite quitter le domicile conjugal, c'est d'avoir un toit où se réfugier. Majoritairement, les femmes sont mises en sécurité dans les hôtels, qui sont des lieux inadaptés à leur situation. Quand il faut trouver la place pour une famille de cinq ou six, ça devient très compliqué", assure-t-elle.

"On a vraiment espoir que ce lieu devienne un repère où les femmes puissent trouver des ressources pour sortir de leur situation. Quand on a vécu des violences dans sa vie et qu’on n’a pas eu l’occasion d’être aidé, on est plus susceptible d’être de nouveau victime. On compte vraiment sur ce lieu pour qu'il puisse casser ce cycle des violences", espère la gynécologue.

Pour Aline Jacquot, "ce lieu s’inscrit dans le mouvement de lutte contre les violences faites aux femmes". La vocation de la Maison des femmes, en plus de les accueillir et de les soutenir, est de "porter un plaidoyer et de se faire entendre pour pouvoir montrer qu’aujourd’hui, il y a des réels besoins du chemin à faire" pour lutter contre les violences faites aux femmes.

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