Confinement : transhumance printanière et perspectives estivales en Bretagne

Quelle a été l'ampleur de la déferlante sur les résidences secondaires? Quels sont les comportements des populations en zones balnéaires? Dans la pétole du confinement, les maires de Saint-Malo et Carnac espèrent qu'une petite brise estivale regonflera les voiles de leurs vaisseaux touristiques.

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Comme Crac'h et Auray, Carnac fait partie depuis le 2 mars des premiers « clusters » bretons touchés par le Covid-19. Plus d’un mois de confinement c'est presque une éternité dans un lieu habituellement dédié aux loisirs à volonté, ceux de la plage et de l'océan, du sable et du vent.

À Carnac c’est toujours Olivier Lepick aux commandes. Avec 65.53% des voix au 1er tour des municipales, il a décroché un deuxième mandat. C’était le 15 mars, l’avant-veille du confinement général.

Seul maître à bord, il n’en est pas moins chargé, comme tous les maires de France, de faire respecter les consignes du gouvernement parti en guerre contre le coronavirus.

Sa première décision a été la mise en place d’une cellule de crise pour les commerces et entreprises de Carnac pour faire face à l’urgence économique induite par cette crise sanitaire qui va frapper le tourisme.
 

Polémiques stériles pour quelques idiots en transhumance


Depuis le 16 mars Olivier Lepick se refuse à qualifier de ruée vers l’ouest le mouvement migratoire de certains Parisiens qui s’est joué avec l’annonce présidentielle du confinement.

Il concède que ceux qui ont de petits appartements dans la capitale, ont eu tendance à rejoindre leurs résidences secondaires. Mais aujourd’hui il estime à 10 ou 15% le nombre résidences secondaires occupées.


Après cinq semaines, on n’a pas constaté que les gens se comportaient mal. Je suis même plutôt surpris de la rigueur des Carnacois à suivre les consignes. Il y a toujours quelques hurluberlus à colporter des légendes urbaines sur les réseaux sociaux, ou à lancer des 'y’a qu'à faut qu'on'. 


Sur son site Facebook justement, Olivier Lepick étaye son constat avec une vidéo tournée ce dimanche des rameaux qui montre le bord de mer désertique. 

Ma conclusion de cette tempête dans un verre d’eau de mer est que, certes il y a eu quelques arrivées, relativement peu nombreuses, mais que le confinement est plutôt, malgré quelques rares exceptions, bien respecté à Carnac. J’en veux pour preuve cette courte séquence vidéo prise hier après-midi, dimanche à 15 heures, sur le boulevard de la plage à bord de la voiture de patrouille de la police municipale. Ceux qui connaissent le visage et la fréquentation de ce boulevard aux premiers jours d’un printemps normal en jugeront par eux-mêmes. Donc on se calme, on respecte les consignes de confinement et on évite de se perdre en polémiques stériles pour quelques idiots en transhumance.


À Saint-Malo non plus : confinement n’est pas villégiature balnéaire


Ici, c’est la quatrième semaine de confinement qui commence. Claude Renoult, le maire sortant, ne se représentait pas aux municipales mais soutenait un candidat. Mais puisqu’ici le premier tour des élections n’a donné la victoire à personne, il continue de tenir la barre de la cité corsaire.

Dès le 18 mars, le premier édile hausse le ton et prévient ceux qui viennent de rallier Saint-Malo : ils embarquent mais à condition de respecter la discipline à bord.

 Vous êtes les bienvenus mais gardez à l’esprit que vous n’êtes pas en vacances!

Et d’énumérer les interdits: ni plage, ni nautisme, ni glisse, ni pêche, ni même de promenades sur les remparts ou dans les parcs communaux.

Et ce dimanche 6 avril, il repart, sabre au clair sur YouTube:

Ne baissons pas la garde ! Il est indispensable de ne pas relâcher nos efforts


Mais cette fois il tempère son propos :

 Il ne s’agit pas d’un discours de rejet. Ne tombons pas dans la stigmatisation de l’autre, dans la délation, dans le jugement hâtif. Saint-Malo est une ville d'accueil. Nous ne pouvons qu'espérer que résidents secondaires et touristes y seront bientôt les bienvenus. Prenez soin de vous, prenez soin des autres 


Presqu’un discours de semaine sainte. Il est vrai que le tourisme ici génère 8 à 10 000 emplois. Alors on respecte les propriétaires de résidences secondaires qui vivent à mi-temps à Saint-Malo entre travail, villégiature et retraite.

Mais à l’instar de Carnac, le maire malouin estime que peut-être 12 000 personnes ont rejoint Saint-Malo mi-mars. La cité compte près de 47000 habitants (environ 84000 pour l’agglo).


État d’urgence économique


Ce mardi matin, les élus des 18 communes de l’agglomération malouine se réunissaient en audioconférence pour parler économie, coronavirus et saison estivale.

Claude Renoult s’inquiète pour plusieurs secteur : le BTP, la pêche, mais surtout l’hôtellerie-restauration. Pour eux, cette pandémie est synonyme de perte sèche. Pour les artisans c’est plutôt une affaire de trésorerie : le travail est reporté mais se fera.

Première mesure : l’agglomération va suspendre la perception des taxes de séjours qui rapporte 2.6 millions d’euros par an. Suspension d’abord du versement du quatrième trimestre 2019 car il n’y aura pas de déclaration sur mars et avril. Pas de séjour, pas de taxe.
 

Des touristes masqués à Saint-Malo comme à Carnac?


Pour les touristes il va falloir s’adapter aux conditions du dé-confinement progressif. Dans les cités balnéaires on imagine un touriste masqué mais ravi de pouvoir enfin sortir des murs de son appartement.

Peut-être une certaine euphorie après le pic de la crise? Ou pas.

Peut-être une préférence pour la Bretagne plutôt que l’avion vers des horizons incertains? Ou pas.


Seulement pour les accueillir, ces touristes, il va falloir dé-densifier les transports et les terrasses de restaurants, peut-être manger à toute heure, ou encore gérer l’accès aux plages en fonction des marées et proposer des activités mieux réparties sur tout le territoire…

Qui sait, cet été, on sirotera peut-être les mojitos avec un masque et une paille ?
 
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