Le tribunal de Saint-Malo a demandé à ce qu'une expertise indépendante soit menée pour analyser les rejets d'ammoniac de l'usine d'engrais et de fertilisants de la Timac Agro. Il avait été saisi en référé par l'association "Osons" et une dizaine de riverains, pour "troubles anormaux de voisinage".
Les 11 riverains et l'association "Osons" ont eu gain de cause : ils demandaient une expertise indépendante, ils l'ont obtenue. Un expert indépendant nommé près la cour d'appel de Paris devra analyser les rejets de l'usine d'engrais et de fertilisants de la Timac Agro, située au coeur de Saint-Malo, et rendre un rapport dans neuf mois au plus tard.
Un bémol toutefois : cette expertise, estimée à 7000 euros, est à la charge des requéreurs. Ils ont un mois pour réunir la somme.
Des rejets d'ammoniac en quantité anormale?
Selon les plaignants, Timac Agro, le fabricant malouin d'engrais et de fertilisants, filiale du puissant groupe Roullier, rejette des poussières et de l'ammoniac dans des quantités de 6 à 15 fois supérieures aux normes autorisées, ce qui présente des risques environnementaux et de santé publique.
Il y a deux ans, la Timac a déjà été condamnée à 5.000 euros d'amende pour dépassement de ces normes.
Des riverains devant le tribunal de Saint-Malo
Pour Alain Guihard, porte-parole d'"Osons", Timac Agro rejetait début novembre 2019 jusqu'à 750mg/m3 d'ammoniac dans l'air alors qu'elle n'a l'autorisation d'en rejeter que 50mg/m3.
Aujourd'hui, des riverains continuent de se plaindre de rejets de poussières, jaunâtres, et d'odeurs insupportables. Certains affirment souffrir de nausées, maux de tête, picotements dans les yeux, voire des difficultés respiratoires. Une situation qui n'a pas changé pendant le confinement. D'ailleurs, c'est le 11 juin dernier que ces mêmes riverains avaient déposé un référé devant le tribunal de Saint-Malo
TIMAC AGRO France dit se réjouir de l'expertise ordonnée
La Timac à Saint-Malo
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Au lendemain de la décision du tribunal de Saint-Malo, TIMAC AGRO France a réagi par un communiqué. L’entreprise « salue l’expertise ordonnée qui permettra de répondre aux inquiétudes des riverains ». Elle rappelle que « les autorités ont confirmés qu’il n’y a pas eu de risques sanitaires. De même, les taux mis en avant par les plaignants sont issus des bilans d’auto-surveillance que TIMAC AGRO France communique, elle-même, chaque mois aux autorités et correspondent aux émissions en sortie de cheminée et en aucun cas aux concentrations d’exposition des riverains ».
Deux associations déposent plainte également
Dans ce contexte, deux associations environnementales, Eaux et Rivières de Bretagne et Bretagne Vivante ont décidé de déposer plainte contre la Timac.
Le communiqué de presse d'Eau&Rivière