Saint-Malo : les rejets dans l'air de la Timac bientôt devant la justice

A Saint-Malo, une association et douze riverains de Timac Agro ont décidé de saisir la justice. Ils ne supportent plus depuis des années les nuisances olfactives, s'inquiètent pour leur santé, et disent avoir vécu un calvaire pendant le confinement. L’audience est prévue le 11 juin.

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A Saint-Malo, la justice va se pencher le 11 juin prochain sur les rejets de Timac Agro, filiale du groupe Roullier, qui produit des engrais et fertilisants sur le port et dans la zone industrielle.

Douze citoyens de la cité corsaire, épaulés par une association, ont décidé d’assigner la Timac en référé. Ils demandent l'arrêt immédiat des nuisances et la désignation d’un expert indépendant.


Une riveraine : "Ici, le masque est le bienvenu !"


C’est la période du confinement qui a précipité l'assignation en justice. "Cloîtrés chez eux pendant deux mois, certains habitants ne pouvaient même plus ouvrir leurs fenêtres pour prendre l’air au balcon," explique Alain Guillard, le président de l’association "Osons !"qui depuis cinq ans alerte sur les nuisances olfactives et leurs dangers.

Catherine Tirebois, qui habite en face de la Timac, confirme. "J’ai quitté Rennes il y a trois ans pour venir respirer l’air iodé de Saint-Malo, et dans mon quartier, c’est une catastrophe. Pendant le confinement, il était impossible d’accéder au balcon. Ça sentait l’œuf pourri, la fermentation. Avec de la poussière qui s’immisce à l’intérieur. C’est insupportable et ça nous inquiète pour notre santé. Le masque est décidément le bienvenu."


Sujet de santé publique


Pour Me Virginie Le Roy, qui plaidera la cause des riverains et de l'association devant le tribunal, il s'agit d'un sujet de santé publique : "Certains habitants souffrent de pathologies ophtalmiques, de difficultés respiratoires etc. L’ammoniac est un précurseur de particules fines. Le risque de cancer est réel".

Selon ces riverains, la société Timac agro "impose des troubles anormaux du voisinage caractérisés par des émissions de poussières, particules et fumées, des rejets d’ammoniac excédant les normes en vigueur, avec à la clé des nuisances olfactives et un risque avéré d'atteintes à la santé". 

Ils demandent la suspension immédiate de l’activité de production sur le site du Quai intérieur, et la désignation d’un expert indépendant pour déterminer la nature des travaux à entreprendre pour en finir avec la pollution.


Sur son site internet, l'association Osons! met aussi en exergue une étude d'Air Breizh publiée le 30 avril dernier. L’association, agréée par le Ministère de l’environnement et qui surveille la qualité de l’air en Bretagne, indique que sur la période juillet 2018 / septembre 2019, les concentrations en particules fines PM10 relevées sur l’agglomération malouine étaient supérieures à celles des autres agglomérations bretonnes (+10% par rapport à St-Brieuc, +30% par rapport à Rennes).  


Une mise en conformité déjà exigée par la préfecture 


En  2018, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement avait contrôlé les rejets atmosphériques de la Timac, et avait relevé des taux de concentration en ammoniac six à douze fois supérieurs à la réglementation. 

La préfecture avait ensuite mis en demeure l’entreprise de se mettre en conformité, mais les dépassements s'étaient poursuivis



Le reportage de France 3 Bretagne en février 2020
C.Bélard/T. Brehier
  

Timac Agro : "pas de commentaires, mais on travaille avec les autorités concernées..."    


Contactée, Timac Agro France dit ne pas vouloir commenter une action judiciaire en cours. Mais explique, comme elle l'avait fait en février dernier, "travailler sur ce dossier en étroite concertation et en bonne intelligence avec les autorités concernées, la sous-préfecture, et la DREAL. Etre en lien via la sous-préfecture avec les associations Eau&Rivières et Bretagne Vivante dont elle a bien pris note du communiqué, et ne souhaiter rien ajouter à sa teneur."

Le communiqué en question date de février. Les deux associations environnementales y constataient "des rejets d'ammoniac toujours au dessus des normes et une absence de maîtrise des procédés de fabrication", des dépassements qui avaient entraîné "un arrêt de toute production à base de sulfate d’ammonium sur le site du Quai intérieur jusqu’à la mise en conformité de l’équipement."


Eaux et Rivières et Bretagne Vivante demandaient alors à la Timac, de revoir ses procédés de fabrication, afin d’éviter des rejets nocifs. La mise en place d'une commission de suivi avait été décidée par la sous-préfecture. Il est à noter que ces deux associations, si elle s'en réservent la possibilité, n'ont à ce jour pas saisi le tribunal.   
 

Audience le 11 juin


Pour l'association Osons en revanche, "les années passent et rien ne change. Face à l’impuissance de l’état et des collectivités, nous nous adressons désormais à la justice", explique son président Alain Guillard.

"L’objectif n’est pas de chasser la Timac, souligne Me Le Roy, mais de permettre enfin une cohabitation sereine et sécurisée entre l'activité industrielle et la population."  


L’audience en réferé se tiendra le 11 juin prochain au tribunal de Saint-Malo.
 
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