Depuis ce 22 avril, une simple carte d’identité suffit pour se rendre à la journée sur l’île anglo-normande de Jersey. Le secteur du tourisme retrouve le sourire. L’instauration du passeport obligatoire après le Brexit avait fait chuter le nombre de voyageurs français de 70%.
Cela faisait bien longtemps que Julien Lebaillif, Français directeur de Jersey Bus n’avait plus rempli un de ses bus qui font le tour de l’île. Ce 22 avril, il en a complété trois ! Entre l’épidémie de Covid et le Brexit qui obligeait les français à posséder un passeport pour venir à Jersey, il avait perdu 70 % de sa clientèle.
"Tout le monde dans l’hôtellerie, la restauration, le tourisme s’est plaint", explique le français installé dans l'île depsui 9 ans. Il faut dire que ce tourisme, c'est la deuxième source de revenus pour l'île anglo normande.
Du coup, le gouvernement de Jersey a décidé de faire quelque chose. Les compagnies maritimes et le Gouvernement de Jersey ont œuvré et pour tout l’été, une carte d’identité est suffisante pour accoster sur l’île, à condition toutefois de n’y passer que la journée.
"Au départ, on n’y croyait pas, vraiment, vraiment pas. Et puis quand on a vu les gens descendre du bateau… on s’est dit « woauh » super ! Ce qui serait bien de prolonger le système pour ceux qui viennent pour le week-end ! " se réjouit Julien Lebaillif.
L’île anglo-normande n’est qu’à 65 kilomètres à vol d’oiseau de Saint-Malo. "Un passeport pour un si petit voyage, personne n’en voyait l’utilité", confirme Sébastien Perrais, restaurateur français installé à Jersey. "Et puis, on sait combien il est difficile d’avoir un passeport, alors les français ont cessé de venir", regrette-t-il.
La situation a été compliquée pour son restaurant. En salle, avec cette cruelle absence de clients français, mais aussi en cuisine. "Pour commander des produits français et se les faire livrer, ce n’était pas simple avec les douanes et les prix ont grimpé" témoigne Sébastien Perrais.
Il voit donc les "Froggys" ( les grenouilles, petit surnom affectueux que nous donne parfois nos voisins "Rosbiffs") revenir avec le plus grand bonheur ! La saison va commencer, et dans son restaurant, il propose crêpes et galettes "pour tous ceux qui n’ont pas envie de se risquer à la gastronomie anglaise", dit-il en souriant.
Car si l’on ajoute à ces 65 petits kilomètres, la conduite à gauche, les scones et le bacon… cela suffit pour avoir l'impression d'être parti en voyage.
Paul, venu de Binic, a, lui aussi, le sourire, "même si on est breton, et que les paysages sont pas très différents de chez nous, ici, on mange beaucoup de fritures, il y a des pubs avec une ambiance sympa, c’est un petit dépaysement. " Un dépaysement so british, of course !
(avec Valérie Chopin)