Loto du patrimoine : le bunker de la Cité d’Alet à Saint-Malo choisi par la mission Bern

Parmi les 18 sites emblématiques à sauver, la mission conduite par Stéphane Bern a sélectionné, pour la quatrième édition du loto du Patrimoine, le poste directeur de tir de la Cité d’Alet à Saint-Malo. Montant estimé de la restauration : 350 000 euros 

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C’est l’un des trois joyaux du patrimoine de l’ouest, avec le château du Neubourg en Normandie et le château du Haut-Buisson dans la Sarthe, que la Mission Patrimoine, confiée à Stéphane Bern par le Président de la République, a sélectionné pour son loto du patrimoine. 

Au total, 18 sites emblématiques ont été retenus en France, un par région. Ils seront présents en septembre sur les tickets de grattage de la Française des jeux. Depuis la première édition 4000 sites en péril ont été identifiés par la mission Bern. 527 ont bénéficié d’une aide et 260 ont été sauvés. 


Selon Stéphane Bern, pour être choisis, ces sites doivent être “en état de péril et faire l’objet d’un projet de valorisation à vocation générale et culturelle en faveur des citoyens”

 

"Un patrimoine fortifié emblématique des côtes bretonnes"

C’est le cas du poste directeur de tir de la Cité d’Alet à Saint-Malo. Le site en lui-même est remarquable, dominant l’estuaire de la Rance. Il a été exposé de façon constante aux attaques tout au long de son histoire. Dès l’Antiquité, les Romains y ont construit les premières fortifications.  

Mais c’est, une fois de plus, Vauban qui lui donne ses lettres de noblesse à la fin du XVIIème siècle en équipant la Cité de plusieurs batteries destinées à protéger l’entrée de la Rance, le port et la Ville de Saint-Malo. Puis, pendant la Seconde Guerre Mondiale, l’intérêt stratégique du site n’échappe pas aux Allemands. A l’automne 1942, ils fortifient la Cité et engagent ce qui fut alors le chantier le plus important du Mur de l’Atlantique dont la pièce maîtresse est le poste directeur de tir. 

Pour Jean-Pierre Ghuysen, délégué régional de la Fondation du Patrimoine, "c'est un patrimoine fortifié emblématique des côtes bretonnes"

Même si les souvenirs de son histoire n'ont pas toujours été bons, c'est sans doute l'ouvrage le plus important du Mur de l'Atlantique, une pièce maîtresse. Ce n'est pas la première fois que la mission Bern s'intéresse aux forts bretons. En 2018, le fort Cigogne dans l'archipel des Glénan et l'année dernière le fort de l'île aux Moines au large de Perros-Guirec avaient déjà été choisis.

Jean-Pierre Ghuysen, délégué régional de la Fondation du Patrimoine


Un symbole du Mur de l’Atlantique 

En 1942-1943, en 18 mois, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, un vaste complexe défensif est construit, composé de 32 bunkers équipés d'une dizaine de canons, d'une trentaine de mitrailleuses et de 9 tourelles en acier. La quasi-totalité de ces bunkers furent raccordés entre eux par un vaste souterrain d’une longueur de 1 350 mètres, taillé à l'explosif en plein roc à 14 m de profondeur.

Le poste directeur de tir, situé au nord de la Cité, à flanc de falaise, avait une vue à 180° de toute la côte. Equipé de dispositifs de vision (jumelles) et de télémètres, il transmettait les ordres de tirs par téléphone aux différents canons. 

 

Un édifice en péril 

Ce bunker s'est beaucoup dégradé depuis l'après-guerre. Le dôme de la salle d’observation présente une partie manquante et des fers d’armature apparents. L’ensemble des aciers visibles (plafond, portes, réseaux) présente un état de corrosion avancé.

Le second œuvre est majoritairement dégradé. Les accès ne sont pas sécurisés. La cuvette en pied de bunker peut aussi être source de stagnation d’eau, amplifiant les désordres liés à l’humidité et accentuant les risques d’éboulement. 


Fermé au public pour des questions de sécurité, sa restauration permettrait d'accueillir le public et de compléter l’offre culturelle du Mémorial 39-45 qui a été créé sur ce site en 1994, à l’occasion du 50ème anniversaire de la Libération. Depuis 2018, une nouvelle visite en extérieur présente l’histoire militaire du fort du XVIIIe siècle jusqu’à l’Occupation.

L’objectif est de pouvoir la terminer par la découverte du poste directeur de tir. Cité corsaire sertie de remparts, Saint-Malo conjugue les atouts du bord de mer à la richesse de son patrimoine exceptionnel. Labellisée Ville Historique de Bretagne, elle a intégré le programme Action Cœur de Ville avec l’objectif de redynamiser son centre toute l’année et de candidater au label national Ville d’Art et d’Histoire.


Quels travaux ? 

Selon la Fondation du Patrimoine, l'objectif de cette opération est de conserver et de mettre en scène le bunker afin de le reconstituer dans son esprit 1944, à partir des collections du Mémorial. Les abords du bunker seront sécurisés et réaménagés, tout comme son entrée.

Des escaliers seront réalisés ainsi qu’une table d’orientation. Des travaux de maçonneries et de consolidation du site seront effectués avec l'aide des compagnons bâtisseurs dans un objectif d'insertion sociale, "un aspect auquel la mission Bern est très attachée" commente Jean-Pierre Ghuysen, délégué de la Fondation du Patrimoine en Bretagne.

Au total, la restauration devrait coûter selon la mairie 350 000 euros dont 60 000 euros d’autofinancement communal. Le chantier débutera en octobre prochain pour s’achever en mai 2022. 

Le maire de Saint-Malo, Gilles Lurton, salue cette décision de la mission Bern. "Aujourd’hui, tout le travail accompli, toutes les démarches engagées depuis des années sont reconnus et récompensés", se rejouit-il.

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