"On a investi des sommes colossales, et on va vendre quoi?", ces propriétaires de mobil-home doivent quitter leur camping

Les résidents du camping des Tendières, à Dol-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine) sont priés de quitter leur mobil-home et leur coin de paradis précaire. Le camping, où une vingtaine d'entre eux vivent à l'année, va devenir un espace naturel, selon la volonté des élus. Certains résidents ont trouvé à se reloger, d'autres n'arrivent pas à partir de cet endroit, où ils vivent depuis plusieurs années parfois.

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Ce mobil-home, c'est sa maison depuis 15 ans. Gilbert Sépare nous fait la visite. "Un salon, une cuisine, une salle d'eau avec une douche... dit-il fièrement. Et voici la chambre parentale. Il fait 44m2 en tout". Gilbert Sépare a atterri ici après son divorce et quelques dettes à régler. A 79 ans, il va devoir déménager avant la fermeture du camping, prévue pour le 30 novembre prochain. Car le maire de Dol-de-Bretagne veut transformer le camping en un espace naturel.

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Un équipement vieillissant et peu entretenu

La fermeture est donc la décision des élus de Dol-de-Bretagne. La municipalité, qui en est propriétaire, a annoncé en mai 2023 qu’elle ne renouvellerait pas la délégation de service public (DSP) après avril 2025.
Au début, Denis Rapinel, le maire (Sans Etiquette) a expliqué qu'il y avait trop de travaux de remise aux normes à effectuer. À première vue, les bâtiments collectifs, type sanitaires, sont vieillissants. Ils ont servi encore cet été, pour les campeurs qui ont posé leur tente ou leur caravane, aux Tendières.
Gilbert reconnaît une mauvaise gestion du site : "l’hiver, il y avait des flaques d’eau dans les allées". Il regrette que le conseil municipal ait refusé des propositions de repreneurs qui voulaient investir dans le camping.
Autre raison pour expliquer cette décision des élus, un certain désordre dans le camping. Des résidents ont aussi exagéré rapporte une résidente : "certains ont construit des extensions importantes, d’autres faisaient la fête, il y a eu des débordements..." nous a-t-elle dit.

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Dol de Bretagne : le camping va fermer ©FTV

Fermeture annuelle des campings "obligatoire" ?

Aujourd'hui, le maire s'appuie également sur la loi pour fermer le camping. Il explique que les terrains de camping doivent faire l’objet d’une fermeture annuelle. Il souhaite donc faire respecter la loi.
Que dit la législation ? Au regard du décret n° 2007-18 du 5 janvier 2007, un mobil-home est destiné à être une occupation touristique et temporaire. Toutefois, la loi Alur de 2014 visant à améliorer l’accès au logement permet de considérer un mobil-home comme une habitation permanente s’il est scellé au sol et alimenté en eau et en électricité.
À Dol-de-Bretagne, les résidents ont créé une association quand ils ont appris la fermeture du camping. Ils se sont battus au début, ensuite, la mairie a promis des logements. Et d
epuis la fin de l'été, le camping de Dol-de-Bretagne, géré dans le cadre d’une délégation de service public qui vient à échéance le 30 avril 2025, se vide petit à petit de ses résidents, contraints de partir. 

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Que vont devenir les résidents ?

En ce mois de septembre, le maire assure que presque tous les résidents ont été relogés ou vont l'être rapidement. Gilbert Sépare, lui, a trouvé un appartement à Gévézé, près de Rennes. Mais le retraité ne cache pas sa colère.

Nous, on était tous installés. On a investi des sommes colossales. Là, on va vendre quoi? Rien du tout. Ils veulent nous donner 200, 300, 400 € c’est rien du tout, qu’est-ce que l’on va faire avec ça?

Gilbert Sépare, résident depuis 15 ans

Gilbert avait planté des pommiers, de la vigne, des fleurs... Il était en train de construire une extension à son mobil-home, avec "une pièce supplémentaire et une petite cuisine aménagée" mais il a tout arrêté. Il explique qu'il va perdre 50 000 euros, entre son investissement et ses travaux. 

La mairie va verser aux résidents, entre 100 et 1000 euros selon le quotient familial, pour les aider à meubler leur futur logement.

Ils habitent dans un mobil-home, faute d'avoir trouvé un logement ailleurs

Tous déménageront avant le fin novembre, sans comprendre la décision des élus à l’heure où il est si difficile de se loger. D'ailleurs, beaucoup logent dans ce camping à l'année, parce qu’ils ne trouvaient pas de logement.

Beaucoup de personnes sont arrivées ici parce qu’elles ne trouvaient pas de logement ou alors des logements hors de prix, on est quand même limité, on a qu’une retraite et encore moi je me plains pas

Gilbert Sépare, résident aux Tendières

C'est le cas d'Agnès Roussel. Elle est installée avec son compagnon à quelques parcelles de Gilbert. Elle loue un mobil-home depuis un an. Avant, le couple avait une maison à Saint-Broladre. Ils l'ont vendue. Après le licenciement d'Agnès et les problèmes de santé de son compagnon, ils ne pouvaient plus rembourser la banque. A l’époque, ils ont demandé un logement social, en vain et ont fini par trouver ce mobil-home. Avec la fermeture du camping, le logement social a finalement été trouvé. 

J’avais fait des demandes depuis deux ans pour avoir un logement social, mais ça ne passait pas avec mes salaires. Après, explique-t-elle, j’ai été suivie par une assistante sociale. On a fait les démarches et on m’a appuyée pour avoir ce logement là.

Agnès Roussel, locataire d'un mobil-home

Agnès et son compagnon vont s'installer dans un logement social neuf à Dol-de-Bretagne, début novembre.

La fin d'une ambiance unique dans ce paradis précaire

Gilbert Sépare, lui n'est pas décidé à partir. Il pensait finir sa vie au camping des Tendières. Il aura son nouvel appartement à partir du 15 octobre. Il regrette déjà l'ambiance dans le camping. "Ici, mes voisins ont mon numéro de téléphone, ils connaissent mes problèmes de santé et s’ils ne voient pas la porte ouverte le matin, ils s’inquiètent. C’est une sécurité, pour moi, pour nous tous. Il y a une véritable entente entre nous (...) En appartement, ce n’est pas pareil".

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