Nouvelle journée de mobilisation ce samedi 11 mars 2023, contre le projet de réforme des retraites. Après celle de mardi dernier et avant celle de mercredi prochain, c'est donc la septième fois que les opposants à la réforme sont appelés à descendre dans la rue. De nombreux rassemblements sont prévus en Bretagne, comme à Dol-de-Bretagne ce samedi matin.
Nouvelle démonstration de force à l'orée d'une semaine décisive, où le gouvernement espère voir la réforme définitivement adoptée après un parcours parlementaire chaotique.
Ce samedi marque ainsi la deuxième journée de mobilisation pendant le week-end, afin de permettre aux salariés d'y participer sans avoir à poser un jour de grève. Le 11 février dernier, 963.000 personnes étaient descendues dans la rue dans l'ensemble du pays, selon le ministère de l'Intérieur, et plus de 2,5 millions selon la CGT.
Des centaines de manifestants à Dol-de-Bretagne
C'est la 2e manifestation après celle du 11 février, à Dol-de-Bretagne, ville de moins de 6000 habitants au nord de l'Ille-et-Vilaine. Une commune où il est en effet difficile de mobiliser dans la semaine. Des centaines de manifestants, dont beaucoup de familles, se sont ainsi retrouvés, à partir de 11h sur la place Chateaubriand. "Je suis venue aujourd'hui à Dol, car le samedi, je ne travaille pas, souligne ainsi une mère de famille croisée dans la foule, ça permet de participer à une manifestation, en évitant de monter à Saint-Malo ou même à Rennes et de montrer que dans les petites communes aussi, la retraite, ça concerne tout le monde !"
"Je n'ose pas prendre de journée de grève, remarque pour sa part un jeune père de famille, car on est pas mal chargé en travail. Mais du coup, des manifestations sur des jours de week-end, c'est plus simple, d'autant quand on habite Dol-de-Bretagne. Et puis c'est un mouvement qu'on soutient, avec des enjeux conséquents contre lesquels on a envie de se positionner."
Une mobilisation en baisse ce samedi
Une mobilisation moins importante que lors des journées précédentes. À Rennes, par exemple, cet après-midi, les manifestants étaient 12 000 selon les syndicats, 10 200 selon la Préfecture, ils étaient 19 000 selon la même source mardi.
Une manifestation à nouveau émaillée en fin de parcours de tirs de projectiles, de grenades lacrymogènes, de casse du mobilier urbain et de vitrines.
Des grèves reconductibles dans les secteurs des transports et de l'énergie
Des grèves reconductibles ont été enclenchées ou intensifiées dans plusieurs secteurs, notamment les trains et le secteur aérien, ainsi que les centrales de production d'électricité, l'infrastructure gazière ou le ramassage des poubelles.
Colère attisée par la surdité de l'État
L'opposition à la réforme pourrait être attisée par la "surdité" de l'exécutif et la tentation d'accélérer le débat parlementaire, ont prévenu les syndicats. Ce vendredi, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a dégainé l'arme constitutionnelle du vote unique au Sénat, face à "l'opposition méthodique" de la gauche.
La chambre haute a jusqu'à dimanche minuit pour se prononcer, une commission mixte paritaire réunissant députés et sénateurs devant se tenir mercredi avant un vote définitif dans la foulée dans les deux chambres.
Reprise au Sénat de l'examen des articles et amendements
Les sénateurs ont repris samedi matin l'examen du texte, avec encore plus de 700 amendements au programme. La séance a démarré à 9 h 30 avec la présentation d'amendements de la droite majoritaire
à la chambre haute, demandant d'étendre aux professionnels libéraux la majoration de pension de 10% existant pour les parents d'au moins trois enfants. Ce soutien aux familles nombreuses "fait partie de nos marqueurs, et ça manquait dans votre projet", a indiqué le rapporteur LR du texte, René-Paul Savary, en s'adressant au ministre du Travail Olivier Dussopt, qui a fait part sans surprise de l'"avis
favorable" de l'exécutif.
L'ombre de l'article 49.3 pour adopter le texte
Mais il semble incertain que le gouvernement parvienne à trouver une majorité de députés pour approuver le texte, et il pourrait recourir une nouvelle fois à l'article 49.3, c'est-à-dire une adoption sans vote, ce qui le placerait dans une situation politique périlleuse. "Le recours au 49.3 pour un projet de loi qui n'aura pas été discuté serait une forme de blocage démocratique inacceptable", a prévenu mardi Laurent Berger.
Refus du président de rencontrer les syndicats
Le secrétaire général de la CFDT a regretté vendredi le refus du président de la République de rencontrer les syndicats, comme ils lui en avaient fait la demande dans un courrier solennel jeudi. "Triste mépris des travailleurs et de la démocratie sociale", a-t-il tweeté. "Quand des millions de personnes sont dans la rue (...), quand il y a des grèves et qu'en face, il n'y a rien, silence, les gens se disent : qu'est-ce qu'il faut faire de plus pour être entendu ?', a déploré vendredi le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.
(avec AFP et Thibault Grouhel)