La mortalité routière est l'une des premières causes de décès chez les jeunes de moins de 25 ans. L'alcool et la drogue sont impliqués dans près de la moitié des accidents. Alors pour sensibiliser cette tranche d'âge aux dangers de la conduite sous influence, une rencontre était organisée, ce 6 décembre, avec des lycéens et étudiants de Saint-Malo et Dinan. Film, crash-tests, débat ont émaillé cette matinée de prévention.
La voiture roule à 50 km/h et vient percuter de plein fouet un scooter. Le corps du pilote du deux-roues s'écrase sur le pare-brise et retombe sur le bitume. Inanimé. Le crash-test, opéré ce mardi 6 décembre devant 450 lycéens et étudiants de Saint-Malo et Dinan, en a laissé plus d'un sous le choc. "C'est impressionnant, dit Enzo. On ne s'imagine pas qu'à cette vitesse, ce soit aussi violent. On se rend compte du danger".
Alcool et cannabis, la combinaison mortelle
Le danger ? La consommation d'alcool et/ou de stupéfiants, avant de prendre le volant. Cette matinée de prévention, organisée par la MAAF, vise à sensibiliser les jeunes aux risques de la conduite sous influence.
En 2021, 692 jeunes de moins de 25 ans ont perdu la vie sur les routes de France, selon l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière. L'alcool est impliqué dans un tiers des accidents mortels. 23 % sont liés à la prise de cannabis. "Et si l'on combine les deux, il y a 14 fois plus de risques d'avoir un accident corporel voire mortel" relève Frédéric Friscourt.
L'homme est un ancien de la brigade des stups et anime désormais des rencontres comme celle de Saint-Malo, "sans culpabiliser ni jouer les moralisateurs, dit-il. L'objectif est de les amener à prendre conscience par eux-mêmes que conduire après avoir bu ou pris de la drogue est non seulement dangereux pour eux mais aussi pour les tiers".
Frédéric Friscourt rappelle que, "dès le premier verre, il y a une modification sensorielle. Fumer du cannabis n'est pas anodin non plus, ajoute-t-il. Cela entraîne une perception différente, un manque de vigilance et une diminution des réflexes. Il n'y a pas de consommation sans danger, peu importe la substance que l'on prend".
"Grosse prise de conscience"
La discussion s'engage avec les lycéens et étudiants, après la diffusion d'un film qui raconte l'histoire d'une jeune fille de 18 ans tuée dans un accident de la route, "une vie gâchée par l'alcool" explique le policier. Lequel choisit des élèves au hasard dans la salle et leur pose des questions sur leur consommation. "C'est important d'entendre leur témoignage et ça leur parle plus quand c'est un des leurs qui s'exprime" observe-t-il.
Alexis, qui prépare un BTS, apprécie "cette piqûre de rappel. Même si on connaît les effets néfastes de l'alcool et de la drogue, c'est toujours intéressant d'avoir ce genre de sensibilisation. Il y a une grosse prise de conscience et cela nous rend responsables par rapport à nous, nos familles, nos amis". "On se dit qu'un verre, ce n'est pas grave, mais c'est plus dangereux qu'on le pense" note Lauriane.
Banalisation de la consommation
Certains évoquent une "banalisation" de la consommation d'alcool et de cannabis lors de soirées. "On a l'impression que cela renvoie une image cool alors que cela ne devrait pas" analyse Maël.
L'enquête menée par le groupe d'assurances en juin 2022 met en évidence les prises de risques au volant chez les 18-24 ans : 40 % des jeunes conducteurs ont déjà conduit sous influence de l'alcool ou de la drogue. 48 % consomment de l'alcool toutes les semaines. 45 % ont fumé du cannabis au moins une fois dans l'année, "un chiffre en hausse par rapport à 2020" précise cette enquête. 15 % ont déjà essayé des drogues telles que cocaïne, MDMA et ecstasy.
"Sur 10 jeunes qui meurent sur la route, il y a 8 garçons, souligne Frédéric Friscourt. Les filles, elles, sont le plus souvent accompagnatrices. Pour les jeunes, l'alcool est habituel et le cannabis tend à le devenir. C'est rentré dans les moeurs malheureusement".
L'étude montre que 82 % des jeunes arrivent toutefois à dire non à un ami qui propose de les ramener en voiture alors qu'il a trop bu. Et ils sont 44 % à ne pas prendre le volant ou leur deux-roues après une fête bien arrosée, préférant dormir sur place.