L'artichaut, une culture bretonne emblématique. Mais malgré ses vertus pour la santé, les Français n'en consomment que 450 grammes par an. Les agriculteurs cherchent donc un nouveau souffle pour relancer sa consommation.
L'artichaut, longtemps le fleuron de l'agriculture bretonne, est en perte de vitesse. Après de multiples crises, il souffre de la concurrence étrangère et de sa faible rentabilité. En 10 ans, la région a perdu plus de la moitié de sa production. Il semble aussi depuis quelques années boudé par les consommateurs. Alors comment sauver l'artichaut breton ?
Pour aller au cœur du sujet, il faut d'abord sonder le cœur (d'artichaut ou pas d'ailleurs) des consommateurs. Certains l'adorent ou le détestent, d'autres aimeraient qu'on le leur prépare car c'est trop long à cuire ou à effeuiller. Enfin, certains fleuristes, le mettent dans des bouquets, si, si. Et c'est très joli !
"Légume des courageux"
Bref, l'artichaut ne fait pas l'unanimité. Et pourtant, c'est tout un art que cultive Frédéric Leduc, producteur de légumes à La Gouesnière, près de Saint-Méloir des Ondes. Il en produit 2 à 3.000 chaque année, vendus entre 1 et 1,50 euro pièce.
C'est en ce moment la pleine saison de la récolte qui a pris 15 jours de retard à cause de l'abondance des pluies. Une culture exigeante qui nécessite beaucoup de travail manuel, 200 heures par an sur sa parcelle d'un demi-hectare, à comparer aux 8 heures annuelles pour un champ de céréales.
Heureusement qu'on a des personnes comme les restaurateurs qui nous en prennent toujours parce que sinon, c'est supplanté par la courgette ou la patate douce
Frédéric LeducMaraîcher en Ille-et-Vilaine
L'artichaut est d'ailleurs surnommé le "légume des courageux". Malheureusement, au fil des ans, il a vu la demande nettement chuter : "Heureusement qu'on a des personnes comme les restaurateurs qui nous en prennent toujours parce que sinon, c'est supplanté par la courgette ou la patate douce qui sont plus à la mode. Il faut essayer de trouver des recettes pour le remettre au goût du jour" commente le maraîcher.
Réinventer l'artichaut
Justement, le chef cancalais Hervé Mousset cherche à réinventer l'artichaut. Dans son restaurant Côté Mer, il attend avec impatience les artichauts du jour livrés par Frédéric Leduc puis il s'empresse de préparer un plat qui a de quoi faire saliver : maquereaux fumés, cœur d'artichaut cuit sous vide à basse température avec un sirop de rhubarbe et d'hibiscus et une farce à base d'échalotes, ciboulette, citron vert et huile d'ail. Le tout surmonté d'un sabayon de gingembre. Un régal !
Mais le chef l'avoue : l'artichaut c'est un peu sa madeleine de Proust. Il le préfère au naturel, souvenir de l'avoir mangé petit devant la cheminée, feuille après feuille, en famille.
Aujourd'hui, près de 70% des consommateurs d'artichauts ont plus de 60 ans. Comme le Mont Saint-Michel, l'artichaut breton fait un peu partie du patrimoine. Pour le faire durer, il faut lui redonner un peu de visibilité et une petite touche de modernité.