A quelques semaines du départ de la Route du Rhum, Samantha Davies se prépare chez elle. Entre Port-La-Forêt et Lorient, entourée de ses parents, elle peaufine les derniers réglages sur son nouveau bateau Initiatives-Cœur avant de fendre l’Océan, seule en course.
Le départ de la 12e édition de la Route du Rhum va être donné ce dimanche 6 novembre 2022 à 13 h 02. Avec 138 skippers inscrits, un record de participation est déjà battu pour cette mythique course au large en solitaire. Sam Davies sera sur la ligne du départ pour sa deuxième participation.
Née à Portsmouth en Angleterre, Sam débute sa carrière dans la compétition à 22 ans, avec un 1er tour du monde en équipage féminin sur le record du Trophée Jules Verne 1998.
Depuis, Sam a enchainé quasiment sans relâche 27 transatlantiques, 3 tours du monde et décroché une quatrième place au Vendée Globe (2009). La navigatrice de 47 ans est perfectionniste et persévérante. Elle aime la vitesse et ne lâche rien en compétition.
Quand Sam n’est pas sur l’eau, elle vit dans le sud de la Bretagne, non loin du bateau de ses parents Paul et Jenny.
J’ai toujours navigué et habité à côté de la mer
Sam Davies
Navigatrice engagée
Sam soutient l'association Mécénat Chirurgie Cardiaque qui permet à des enfants souffrant de graves malformations cardiaques d'être opérés en France quand les moyens techniques ou financiers ne le permettent pas dans leur pays.
Nous avons rencontré la navigatrice Samantha Davis, peu avant son départ de la route du Rhum.
"Samantha Davies, du sel dans le sang" dimanche 23 octobre 12h55 sur France 3 Bretagne
Pour voir le film ?
Quelques questions à Sam Davies:
Comment tout a commencé ?
J’ai eu la grande chance de naître dans une famille de marins. J’ai donc commencé à naviguer avec mes parents très tôt. On habitait sur un bateau et j’ai fait mes premiers pas sur le bateau.
Avec cet environnement familial, est-ce apparu comme une évidence pour vous de vous diriger vers le métier de navigatrice ?
Pas forcément. Parfois, ça peut écœurer, mais moi au contraire ça m’a confortée dans ce que je souhaitais faire depuis que je suis petite. Mes parents m’ont transmis cette passion de la mer et de la voile. La course au large est aussi devenue ma passion. J’ai eu beaucoup de chance d’en faire mon métier. Pour participer au Vendée Globe, il faut beaucoup travailler, beaucoup s’entraîner. Enfant, je savais que j'évoluerai de la voile. J’ai fait des études d’ingénieur, je me dirigeais vers l’architecture naval mais jamais je n’aurais imaginé être sur un bateau quelques années plus tard au départ du Vendée Globe.
Comment en êtes-vous arrivée là ?
Le hasard de la vie. A la fin de mes études, j’ai su que Tracy Edwards, skippeuse anglaise que j’admire profondément, cherchait un équipage féminin pour faire le Trophée Jules Verne, le record du tour du monde en équipage. J’ai fait un essai, j’ai bien performé et à 22 ans, j’ai eu la chance d’avoir une place à bord et d’être payée pour cela en plus.
C’était incroyable, j’ai beaucoup appris, progressé et ça m’a ouvert beaucoup de portes. Surtout, on a montré aux autres que c’était possible pour une femme de faire ce métier. Par cette expérience, on a commencé à plus me respecter.
Je suis arrivée en Bretagne pour faire de la voile. Je courais en équipage mais j’étais très attirée par le solitaire. Il fallait que je progresse encore, je savais qu’il y avait le Pôle course au large à Port La Forêt alors j’ai travaillé et j’ai eu la chance d’être sélectionnée pour m’entraîner au Pôle. C’est comme ça que je suis arrivée en Bretagne.
Toujours aussi passionnée aujourd’hui ?
Aujourd’hui, je suis toujours aussi passionnée par mon métier. Je me suis toujours dit que si un jour je ne sentais plus cette envie, cette motivation, j’arrêterais en tant que professionnel, mais je le sais, je continuerai toute ma vie à naviguer pour le plaisir…
Je ressens toujours autant de passion pour la mer et l’océan mais aussi pour l’innovation ! Je reste ingénieur quand même et j’aime ce côté "pionnier" de la course au large. Avec les foils sur mon bateau Initiatives Cœur on a fait partie des premiers à "semi-voler" autour du monde
Des moments de doute ?
Des moments de déception, d’échec. Lors du dernier Vendée Globe 2020-2021, je me suis fait très peur, je suis entrée en collision avec un OFNI [objet flottant non identifié, NDLR], mon bateau a souffert et j’ai été obligée de stopper net la course alors que j’étais bien classée. J’étais tellement déçue, je courais pour un super projet, je défendais une cause, sauver des enfants, avec Initiatives-Cœur et Mécénat Chirurgie Cardiaque. J’ai surmonté cette déception, je me suis reprise, j’étais portée par ce projet solidaire. Je voulais me battre pour cette cause jusqu’au bout alors une fois le bateau réparé, je suis repartie hors course et j’ai terminé cette course. Cette cause n’a pas forcément besoin de performance. L'important c'est de partager cette aventure humaine.
Un nouveau Vendée Globe ?
J’ai un côté compétitrice, j'aime faire du résultat et je sais que j’en suis capable avec mon nouveau bateau Initiatives-Cœur. Alors oui, je serai sur le prochain Vendée Globe…
En attendant rendez-vous le 6 novembre prochain sur le départ de la Route du Rhum à Saint-Malo…..