Saint-Suliac. La taxidermie sur les crustacés, l'art devenu rare de Pierre Guyot

Pierre Guyot créé des éclatés "à la Beauchêne" de langouste, de langoustine, de homard ou d'araignée. Son travail de désarticulation sur fil de cuivre est impressionnant. Rencontre à Saint-Suliac, sur les bords de Rance.

Tout petit, Pierre Guyot se passionnait déjà pour les pièces de musée, celles qu'on regarde pendant des heures dans les musées d'histoire naturelle, dans les galeries d’évolution. Il a toujours aimé la paléontologie et tout ce qui a trait aux vivants. Il est devenu kinésithérapeute.

Et quand il a appris que le dernier spécialiste d'éclatés à la Beauchêne de crustacés arrêtait son activité, il est resté kiné, mais a décidé de se former à cette méthode de taxidermie, inventée par un biologiste français du XIXe siècle, Edmée François Chauvot de Beauchêne (1780 – 1830).

Eclaté à la Beauchêne : l'ingéniosité et la perfection de ces anatomies disséquées

Quand on le rencontre dans son atelier sur le port de Saint-Suliac, Pierre Guyot travaille sur une langouste blanche, qu'un client lui a ramenée des Caraïbes. Sur sa table de travail, une planche en bois, où sont posées plusieurs dizaines de pièces. D'autres ont déjà été remontées sur ce qui va devenir un éclaté de l’exosquelette de la langouste.

Avant d'en arriver là, Pierre Guyot a disséqué le crustacé, puis a recouvert chaque petit morceau du squelette d'un vernis protecteur. A présent, il le remonte morceau par morceau, cartilage par cartilage en reliant ces petites parties à l'aide de fils de cuivre.

150 pièces à remonter sur des fils de cuivre

La langouste compte environ 150 pièces. La réalisation d’un tel assemblage requiert une grande maîtrise technique et des heures de travail minutieux. Pierre Guyot consacrera environ 10 heures pour réaliser cette pièce.


Pierre Guyot se fournit parfois chez les mareyeurs, autour de Saint-Suliac. Ce jour-là, il nous amène aux Viviers de La Rance. Thomas Tardy, le gérant des Viviers de la Rance nous accueille. Quand on lui demande quelle a été sa réaction quand il a rencontré Pierre pour la première fois, il avoue avoir eu quelques doutes.

Je l'ai pris pour un fou. On ne connaissait pas du tout ce qu’il faisait, on ne pouvait même pas posé un nom là-dessus, puisque nous n’avions jamais vu ça.

Thomas Tardy, gérant des Viviers de la Rance

Pierre Guyot est revenu une semaine plus tard pour montrer son travail : " Et là, on était bluffé".

Aujourd’hui, Pierre vient régulièrement pour passer commande. Thomas l'appelle aussi régulièrement, car maintenant il sait ce qu’il recherche, des pièces exceptionnelles sans défaut.

De plus en plus de demandes

Ce jour-là, Pierre repartira avec un homard de cinq ans. Il n'est pas très grand, mais ne présente aucun défaut. Les pinces ne sont pas abîmées, la queue non plus et les antennes sont entières. Le passionné d'anatomie va le congeler, puis enlever la chair et le disséquer. Cette pièce finira chez un particulier dans une vitrine ou dans un restaurant sous une table en verre, dans un hôtel ou une boutique. 

Aujourd'hui, Pierre Guyot a de plus en plus de clients et il faut quelques mois d'attente entre la commande d'un crustacé et sa réception.

 

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