Début mai, le propriétaire du bâtiment abritant Le Parallèle, à Redon, a notifié à l’association locataire qu’il était vendu. Les nombreux jeunes qui profitent de la structure se mobilisent pour ne pas perdre ce lieu et les liens qu’il a permis de tisser.
A voir les dizaines de témoignages sur les réseaux sociaux, Le Parallèle semble avoir prouvé sa légitimité et son importance à Redon. Depuis l’annonce de la vente du local, les messages de soutien et les appels à l’aide se multiplient sur la toile. A l’image du témoignage de koh.kyu sur Instagram :
"Grâce au Parallèle j'ai pu grandir, faire un service civique, apprendre à me connaître et je pourrais vous en faire un livre de 1000 pages pour vous expliquer à quel point il est important à protéger, pour moi et tout•e•s les gens qui y passent ":
Ou encore de celui de Yann contributeur depuis 2 ans:
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Les parents et les proches des jeunes fréquentant le lieu ont également pris le temps de témoigner.
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Une structure atypique
Le Parallèle est une structure atypique qui a ouvert ses portes il y a deux ans et demi en plein centre-ville de Redon. Elle a été montée avec et pour les jeunes adultes, âgées de 16 à 30 ans. Portée par l’association d’éducation populaire La Fédé, la structure se définit comme un lieu autogéré de rencontre et d’expérimentation.
"Les jeunes ont simplement commencé par repeindre et redécorer cet ancien PMU de 200 m². L’idée était de ne partir de rien et de laisser les jeunes s’approprier les lieux" raconte Zakaria Hamdani. Au fil du temps, ils ont commencé à prendre confiance et ont décidé de s’investir " continue le facilitateur de la structure.
Un refuge pour des jeunes désoeuvrés
Nous sommes alors début 2021, au lendemain d’une année chamboulée par la Covid et des périodes de confinement. Beaucoup de jeunes sont désœuvrés, marginalisés et en souffrance psychique.
Au Parallèle, l’accueil est inconditionnel. Les jeunes peuvent y venir simplement pour se reposer, manger ou discuter. Le noyau dur des débuts compte une trentaine de jeunes, mais très vite, le bouche- à-oreille fait son effet et de plus en plus de personnes franchissent la porte.
Le groupe commence par mettre en place des ateliers artistiques. Les évènements sont d’abord ponctuels. Petit à petit, l’équipe accompagnatrice amène les jeunes à s’investir dans le temps sur des projets collaboratifs plus ambitieux.
" Beaucoup de jeunes étaient traumatisés par la période Covid. Sans diplôme, en rupture sociale ils n’avaient pour beaucoup aucun projet d’avenir et avaient du mal avec le collectif " confie Zakaria Hamdani
Un accompagnement à la carte
La confiance s’installe et les jeunes retrouvent le goût de l’action. Les activités se structurent autour des besoins de chaque visiteur.
Le tiers-lieu accompagne désormais son public à travers quatre dispositifs : grâce à "l’hôtel à projets" ils peuvent organiser des évènements ponctuels (concerts, spectacles, débats).
Le parcours d’accompagnement, quant à lui, les encourage à s’investir en groupe sur des projets thématiques plus longs, artistiques, sociaux, ou économiques, ce qui permet de développer des compétences concrètes.
L’équipe encadrante travaille, en parallèle, sur l’aspect social. Elle met ainsi en relation les demandeurs avec les organismes et institutions publiques qui peuvent les aider sur les questions financières, du logement, ou de la santé (CCAS, mission locale etc).
Un lieu d’expérimentation sociale
Enfin, plus récemment, le projet s’est enrichi d’un volet recherche et développement. " Notre volonté est de garder un lien avec le monde de la recherche et l‘université " explique le salarié de l’association.
Ainsi, la structure accueille des étudiants chercheurs sur des thématiques sociales ou de santé publique. Récemment, elle a également mis en place un partenariat avec le centre médico psychologique de Redon. Son objectif est de faire de ce lieu un laboratoire pour améliorer la prise en charge des publics éloignés de la prévention et de la promotion de la santé.
D’autres dispositifs sociaux innovants sont également expérimentés.
150 jeunes contributeurs venus de trois départements
Au fil du temps, Le Parallèle est devenu un lieu de rencontre incontournable pour les jeunes du pays de Redon et au-delà. Les responsables de la structure ont comptabilisé les passages de 80 personnes différentes chaque semaine, et l’investissement de 150 contributeurs, qui viennent d’Ille-et-Vilaine mais aussi du Morbihan et de Loire Atlantique.
Le Parallèle en danger
Tout le travail mené au sein du Parallèle est aujourd’hui remis en question par la vente du local. L’équipe accompagnante ne cache pas sa déception et son inquiétude "Nous avons contacté le maire afin qu’il utilise son droit de préemption mais il nous a répondu qu’il réfléchirait. Si nous perdons ce lieu, nous aurons du mal à trouver l’équivalent en centre-ville. Or, il est essentiel pour le projet de rester accessible et visible" insiste Zakaria Hamdani. Le collectif est d’autant plus contrarié qu’il était dans de bonnes dispositions pour acheter le lieu …
Le bail du Parallèle se termine le 31 juillet, mais, compte tenu des vacances scolaires, l’équipe s’est donnée jusqu’à fin mai pour trouver une solution alternative.