La chambre de l'instruction de la cour d'appel a remis en liberté le gérant d'un salon de coiffure de Fougères en Ille-et-Vilaine. Dogan X avait été mis en examen pour avoir pris part à la séquestration d'un homme laissé pendant 37 heures dans le coffre d’une voiture à Rennes au mois de mars 2024.
C’est une Rennaise qui avait donné l'alerte au commissariat de Rennes le 18 mars 2024. Elle avait eu "des échanges téléphoniques" avec son frère "dans des conditions laissant penser que les messages qu'elle recevait n'étaient pas de lui", a rapporté la présidente de la chambre de l'instruction lors de l'audience. Les "ravisseurs" de son frère lui avaient donné rendez-vous sur le parking d'un centre commercial de la banlieue de Rennes pour "remettre un sac" stocké dans un box de garage.
Plus tard dans la journée, elle avait été de nouveau sollicitée pour une rançon de "100.000 €". Elle avait alors expliqué aux enquêteurs que son compagnon s'était "intéressé à la situation de son frère", à ses "habitudes de sortie" et "au sac qu'elle venait de remettre sur le parking". Elle avait donc fouillé dans le téléphone de son conjoint et découvert des messages dans lesquels il indiquait à un certain "R" où son frère allait dîner et qu'il y avait "des espèces dans un sac de congélation".
Les enquêteurs avaient donc géolocalisé les téléphones de quatre hommes, dont celui de Dogan X, de son frère et leur cousin. Cet homme de 29 ans, qui exploite un salon de coiffure à Fougères, avait été localisé "à deux moments" sur le parcours des trois autres qui seront interpellés par la Brigade de recherches et d'intervention de Nantes.
37 heures dans le coffre d’une voiture
La victime avait donc passé "37 heures" dans le coffre d'une voiture et avait été libérée à Saint-Gilles le 19 mars : toujours "ligoté" à sa libération, il était "en état de choc". Il portait "des traces de coups sur le visage et les membres". Le jeune homme avait subi "des coups" infligés alors qu'il était dans le coffre de la voiture.
Les agents de la BRI avaient entendu "des cris de douleur" provenant du box dans lequel la victime et ses ravisseurs se trouvaient. La victime avait expliqué avoir été appelée "par six individus", en pleine nuit, avant d'être "déposée" à l'arrière d'une voiture.
Sous "les menaces et les coups", il avait "fini par admettre qu'il disposait des fonds réclamés" et avait donc remis "80.000 €" jusque-là "entreposés dans une voiture" sur un parking du sud de Rennes. L'argent provenait "du trafic de stupéfiants", a précisé la présidente de la chambre de l'instruction.
Le coiffeur servait de chauffeur
Le coiffeur de Fougères a "nié toute forme d'implication" : il avait "tenté de favoriser la libération de la victime", qu'il avait "tardivement découverte" alors que les ravisseurs s'étaient absentés. Il avait indiqué qu'il était "là pour aider". Il s'était présenté spontanément au commissariat de police, après avoir appris les interpellations des membres de sa famille. Il avait aussi reconnu avoir pu "véhiculer" son frère et son cousin, sans toutefois "demander les motifs" des déplacements.
Son avocat s'était donc étonné de ce qu'il soit toujours en détention provisoire, "huit mois" après les faits. "Il n'a pas d'antécédents dans la criminalité organisée" et a "accepté de parler", a plaidé Thierry Fillion.
Les investigations téléphoniques ont d'ailleurs "confirmé" les "réponses" qu'il avait faites aux enquêteurs."Il arrive juste à la fin [de l'instruction, ndlr] en raison de ses liens de parenté et pour ces deux trajets parfaitement décrits depuis la garde à vue", a-t-il expliqué. Son frère n'avait en fait "pas le permis" et il avait pour habitude de le "véhiculer".
Reste que "huit mois de détention provisoire pour quelqu'un qui n'a pas réellement d'antécédents, c'est extrêmement préoccupant", a aussi dit Me Thierry Fillion, avant d'assurer qu'il n'allait "pas s'enfuir" puisque le "seul intérêt" de son client "est de se défendre".
Le coiffeur remis en liberté
L'avocate de la partie civile avait aussi fait le déplacement pour dire combien il serait "parfaitement intolérable" pour son client qu'un de ses "ravisseurs" soit remis en liberté après ce "véritable calvaire". Le parquet général avait aussi requis son maintien en détention. Mais finalement, la cour en a décidé autrement et Dogan X a été remis en liberté.