Une commission d'enquête parlementaire constate "un échec collectif" à réduire l'usage des pesticides et déplore une "forme d'impuissance publique" malgré les répercussions sur la qualité de l'eau et la biodiversité, selon une synthèse des travaux communiquée jeudi.
Une commission d'enquête parlementaire menée par le député socialiste Dominique Potier dresse un constat d'"échec collectif" des puissances publiques à réduire l'usage des pesticides, malgré leurs répercussions sur la biodiversité et la qualité des sols.
"C'est un archétype d'un échec des politiques publiques faute de cohérence", a déclaré à la presse le rapporteur, le député socialiste Dominique Potier. "Sur au moins 1/3 du territoire national, les pesticides et leurs métabolites [composants issus de leur dégradation, NDLR] constituent une menace majeure pour la ressource en eau potable", est-il rapporté.
Lire :"On est assis sur une bombe sanitaire". Les terres d'une paysanne bio, polluées par des pesticides épandus il y a des décennies
Dans le même temps, "l'imprégnation générale de l'ensemble des milieux impacte la biodiversité fonctionnelle et les services écosystémiques dont nous sommes directement tributaires (comme la pollinisation)". Quant aux effets sur la santé humaine, la recherche n'en est "qu'aux balbutiements" mais des liens ou présomptions de liens ont été établis entre certaines affections et l'exposition aux pesticides.
Lire : Nouvelle autorisation du glyphosate en Europe. "C'est criminel" : les associations réagissent
La commission d'enquête parlementaire, à l'initiative du groupe Socialistes et apparentés, avait démarré ses travaux en juillet. Son rapport, qui doit être publié in extenso le 21 décembre, se veut "une contribution utile au débat public" au moment où un plan "Ecophyto 2030" est soumis à la concertation.
Le premier Ecophyto, lancé en 2008, ambitionnait de baisser de moitié en 10 ans l'utilisation des pesticides (herbicides, insecticides, fongicides), un objectif sans cesse reculé.
"Globalement, nous observons que les indicateurs [d'usages des pesticides, NDLR] sont au même niveau qu'en 2009. Les seules avancées observées sont liées au retrait des molécules les plus dangereuses" - des retraits qui ne sont "pas dus à la dynamique Ecophyto", peut-on lire dans une synthèse présentée à la presse.
La commission d'enquête se dit "frappée par le sentiment d'une forme d'impuissance publique".
"Ecophyto est comme un véhicule qui roulerait sur une route sans radar, avec un tableau de bord défectueux. Un véhicule sans pilote dont les passagers feraient de la destination même un sujet de controverse."
La synthèse évoque "un échec collectif à réduire notre empreinte chimique" alors qu'il y a "urgence à agir".
La commission pose 27 recommandations, notamment de "compléter et affermir l'arsenal réglementaire visant à prévenir les pollutions diffuses dans les aires d'alimentation des captages pour l'eau potable".
Le document relève qu'"entre 1980 et 2019, 4.300 captages ont dû être fermés pour cause de pollution, principalement aux nitrates et aux pesticides".