8 hectares de panneaux solaires pourraient être installés à deux pas de Bréal-sous-Vitré en Ille-et-Vilaine d'ici 2022. Les riverains dont les habitations jouxtent le terrain de la future centrale solaire craignent des impacts visuels et sanitaires.
C'est en ouvrant leur boîte aux lettres qu'ils ont découvert l'étendue du projet. Les riverains de Bréal-sous-Vitré ont reçu un document détaillant le futur paysage de leur village.
Projet centrale solaire de Kernum
Le groupe LafargeHolcim qui exploite une cimenterie sur la commune toute proche de Saint-Pierre La Cour en Mayenne projette de construire une centrale photovoltaïque sous leurs fenêtres. Huit hectares de panneaux solaires doivent être installés sur une colline artificielle à deux pas du hameau de La touche. Ce merlon bâti avec les matériaux non commercialisables de la cimenterie culmine à 50 mètres de hauteur. Offrant une vue imprenable aux riverains.
L'impact visuel, c'est la plus grosse inquiétude. La plupart des habitants auront une vue directe sur la centrale. On craint une dégradation de notre cadre de vie et une dépréciation de nos maisons.
« Pourquoi choisir un merlon à 50 mètres de hauteur ? » s’interroge le Collectif.
Selon les riverains, la cimenterie Lafarge dispose d’autres terrains, des terrains plats, plus propices à une intégration paysagère de la centrale.
Pour le porteur de projet, Sylvain Mullenheim de la société Kernum, c’est au contraire l’endroit idéal.
« Ce merlon a été construit en quelques années. Sa constitution géologique induit que l’on ne peut rien en faire. On ne peut pas y planter des arbres par exemple. Il est absolument parfait pour y mettre des panneaux solaires »
« C’est un environnement très industriel. A côté de la cimenterie une carrière s’étend sur 400 hectares. Quatre merlons sont construits. Le chantier va durer huit ans. On est en bordure d’autoroute, sous une ligne à haute tension. Si tout cela n’a pas fait baisser la valeur des maisons, pourquoi la centrale solaire le ferait ? Ce projet peut bénéficier objectivement à l’industriel qui a un impact massif dans le tissu économique local»
Les habitants de Bréal-sous-Vitré estiment ne pas avoir été consultés ni informés en amont du projet. Ils s’interrogent également sur les conséquences sanitaires de la centrale. Un câble de 20 000 volts doit cheminer sur deux kilomètres dans leur village. Qu’en est-il des champs électromagnétiques ?
Si le porteur de projet ne dispose pas pour l’heure de toutes les réponses, il indique que des études ont été commandées. En l’état des connaissances actuelles, il n’y aurait pas d’effets liés au magnétisme selon lui.
Sylvain de Mullenheim rappelle que cette centrale solaire répond à un double objectif : « aider la cimenterie industrielle de Saint-Pierre La Cour, grosse consommatrice en énergie, à produire 10% de sa consommation et donc améliorer sa compétitivité ; mais aussi répondre aux objectifs du gouvernement et de la région dans l’installation du photovoltaïque ».
« Nous ne sommes pas opposés au solaire ou au projet en lui-même » précise Benoît Lécrivain, « on entend la nécessité d’énergies alternatives décarbornées. On souhaite en revanche discuter avec l’entreprise Kernum LafargeHocim, on veut en savoir plus sur l’aménagement envisagé et peut-être trouver une solution pour déménager la centrale sur un terrain plat »
Un enquête publique est annoncée pour l'automne. Les riverains pourront alors déposer leurs doléances. D'ici là ils espèrent trouver des solutions avec le porteur de projet pour réussir à vivre de façon plus sereine.