VIDÉO. Aveugle et bientôt agricultrice, le fabuleux destin d’Anaïs : "je veux montrer que malgré mon handicap, c'est possible"

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Anaïs Bossy travaille dans la ferme depuis 8 mois
Le reportage de Gilles Le Morvan, Thierry Bouilly et Guillaume Lancien ©France 3 Bretagne

Anaïs Bossy a 21 ans et des rêves plein la tête. La jeune bretonne souhaite devenir agricultrice et refuse que son handicap freine ses projets.

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"Poussez-vous les loulous ! ". À l’heure de pailler les chèvres, Anaïs essaye de se frayer un chemin entre les biquettes. Mais elles ne rêvent que de gratouilles et de jeux…  "Allez chouchou", insiste Anaïs en distribuant des caresses.

La jeune agricultrice adore les animaux. "Ils sont toujours contents de nous voir, toujours à réclamer des câlins, toujours de bonne humeur et ils donnent toujours de l’amour" explique-t-elle, une chèvre sur les genoux, une autre dans le cou.

La passion des animaux

Cela fait 8 mois qu’elle est en stage à la ferme Maxsopolo (comme Maxime, Solenn et Paulo). Après un bac général, elle a passé son BTS au lycée agricole de Derval en Loire-Atlantique et continue avec un certificat de spécialisation en production, transformation et commercialisation de produits fermiers au CFA de Pontivy.

Mais cela n’a pas été simple, "les établissements scolaires étaient réticents, constate la jeune fille, et j’ai eu beaucoup de difficultés à trouver des stages."

Car la jeune fille est aveugle. À 9 ans, un syndrome méningé a atrophié ses nerfs optiques. Pas question pour autant de renoncer à ses rêves de devenir agricultrice.

À LIRE : TÉMOIGNAGE. Agriculture et handicap. "On est capables de faire ce métier. Il faut ouvrir les champs du possible"

"On ne se voyait pas lui fermer la porte"

Cette envie, cette détermination, c’est ce qui a fait craquer Solène et Maxime. Récemment installés, ils n’avaient pas envisagé de prendre de stagiaire. Mais "en voyant sa motivation, on s’est dit que ce serait bête que personne ne la prenne alors qu’elle est plus motivée que les gens qui voient" explique Solenn.

"On ne se voyait pas lui fermer la porte, confirme Maxime. On lui a proposé de venir à la ferme pour qu’elle se rende compte. Elle nous a dit que c’était totalement faisable pour elle alors …"

Et tous les jours, ils constatent qu’Anaïs est de plus en plus autonome. Elle nourrit et paille les chèvres et leurs petits, fait la traite, s’occupe des fromages.

Anaïs a appris la ferme par cœur

Pour l’aider, son copain lui a dessiné le plan de la ferme sur une feuille de papier en relief. Anaïs a découvert la forme des parcs des biquettes, les lieux de la salle de traite du bout de ses doigts et a tout appris par cœur.

Une ferme, ce n’est pas l’endroit le plus ergonomique qui soit mais Anaïs traverse toute la stabulation avec son seau de lait pour aller nourrir les petits chevreaux sans trembler." Il y a plein de lieux partout pour se casser la margoulette, mais elle n’est jamais tombée, s’émerveille Paulo. Elle a des sens que l’on n’a pas."

Pour des raisons sanitaires, Mozart, le chien guide d’Anaïs, n’est pas le bienvenu dans le laboratoire de fabrication des fromages. Alors, là encore, Anaïs a appris les lieux par cœur.

Le parcours du combattant

Face aux difficultés pour trouver des stages, Anaïs a pourtant failli renoncer. "Les gens ne se rendent pas forcément compte des mots qu’ils emploient. Ça a été difficile, confie-t-elle. Plusieurs fois, je me suis demandé si je voulais continuer ou pas. Mais c’est le métier que je souhaite faire, c’est un rêve. Mon entourage m’a dit, non, non, tu n’arrêtes pas, il faut que tu continues, mais c’est compliqué d’avoir autant de refus et de tenir en face."

Le stage d’Anaïs s’achève en août. Ensuite, elle espère trouver un employeur. Une petite exploitation, vaches, chèvres, brebis, qu’importe, qui fasse de la transformation.  

Elle tente donc maintenant d’ouvrir les barrières, parce qu’avoir beaucoup de refus et se battre en permanence, c’est fatigant. "Je veux montrer qu’être en situation de handicap et travailler dans une ferme, c’est possible. C’est important pour les jeunes de leur dire qu’ils peuvent croire en leurs rêves et c’est important pour les agriculteurs, pour faire bouger la société."

"Il faut au moins nous laisser essayer, plaide la jeune femme, que l’on montre ce que l’on est capable de faire."

(Avec Gilles Le Morvan)

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