VIDEO. "Dévoiler le dessous des cartes sans tomber dans le conspirationnisme", rencontre avec Marc Dugain dans la Bibliothèque Vagabonde

De son père costarmoricain Marc Dugain a conservé le goût de la Bretagne, il y est d'ailleurs installé face à la mer à Saint-Lunaire sur la Côte d'Emeraude. Son dernier livre "Paysages trompeurs" s'y déroule en partie mais invite surtout le lecteur à un voyage entre la Somalie, le Maroc, le Groënland. Une plongée dans l'univers du renseignement qu'il connaît bien.

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Votre tout dernier livre « Paysages trompeurs » publié dans la collection Espionnage de Gallimard, collection que vous dirigez, nous entraîne de la Somalie au Groenland, mais il passe aussi par Saint-Lunaire. Dans quelle mesure ce détour par la Bretagne était important pour vous ?

C'est pratique! (rires) Je trouvais que c'était bien qu'il y ait cet ancrage. C'est toujours plus simple comme j'habite ici de ramener mes personnages. Je ne le fais pas systématiquement, mais c'est agréable parce qu'évidemment, les paysages sont là et puis, c'est très beau ici.

L’histoire commence par l’échec catastrophique d’une opération de libération d’otages en Somalie mais aussi par la mort énigmatique de deux journalistes d’investigation qui enquêtaient sur l’assassinat d’un couple de touristes au Maroc. Et voilà le lecteur propulsé dans une histoire où la manipulation règne, de rebondissements en rebondissements, entre un ancien agent de renseignement qui a déserté, un producteur de documentaires et une psychologue israélienne. Dans plusieurs de vos livres, on croise le monde du renseignement et de l’espionnage, pourquoi cet univers « invisible »  « ce monde parallèle » comme vous l’appelez dans cette histoire, vous fascine-t-il ?

Il me fascine pour une raison proprement familiale car mon père a été très impliqué dans ce monde-là, dans la partie scientifique du renseignement, sous De Gaulle, à l'époque où le nucléaire était "entre guillemets" en train d'exploser (heureusement, il n'a jamais vraiment explosé). Mon oncle qui était un grand résistant décoré par la Reine de d'Angleterre a continué aussi dans le renseignement pendant une certaine période et aussi le parrain de mon frère qui a été le patron du SDECE à une époque.

Tout cela, ça a créé une ambiance favorable, très inspirante quand j'étais enfant. On voyait des Russes, des Hongrois qui passaient à la maison. Et ça m'a ouvert sur ce monde.

Quelle part de vous y a-t-il dans ce producteur de documentaire lui-même infiltré ?

Probablement une assez grande part...Mais il y a des bouts de soi-même qui vont dans un personnage qui est inattendu, puis dans un autre. Quelques fois, c'est le principal protagoniste, alors on se dit, "oui c'est vraiment lui" et il suffit que le protagoniste ait une maison à Saint-Lunaire, pour que l'on se dise, "c'est lui", mais ça ne suffit pas!

On n'est jamais vraiment soi-même dans un roman, sinon on fait de l'autofiction et c'est un autre genre.

 

Vous le précisez dans l’avertissement qui ouvre votre livre « Ce livre est inspiré de faits réels qui pour certains ont pris une autre direction ». Quelle est ici la part de fiction et de réalité ?

 

C'est toujours très difficile d'identifier la part de réalité et la part de fiction. Ce qui est certain, c'est que je me suis inspiré de beaucoup d'histoires vraies dont j'ai eu connaissance et qui ne sont pas dans le public ou d'histoires qui ont avorté, ou d'histoires qui ont été menées à bout.

Ensuite, je les ai complètement remodelées pour faire un roman sans dévoiler des secrets d'Etat, tout en montrant quand même le dessous des cartes, ce qui est quand même intéressant pour le lecteur.

C'est le rôle de l'écrivain de dévoiler le dessous de ces cartes?

 Oui c'est le rôle de l'écrivain de dévoiler ces cartes mais sans tomber dans le conspirationnisme et sans révéler des secret-défense qui compromettraient la sécurité du pays ou les relations internationales de la France.

Donc, il faut faire très attention à cela et en même temps, c'est très intéressant et il y a vraiment un public qui est intéressé à savoir ce qui se passe en dehors de la réalité officielle.

Le livre fétiche de Marc Dugain

" Je trouvais que c'était intéressant de parler de quelqu'un qui m'a beaucoup aidé à structurer mon écriture qui est Anton Tchékhov. C'est d'autant plus intéressant de parler de lui, que c'est un auteur russe et qu'il est tout le contraire de l'image que nous donne la Russie aujourd'hui. Cette image de rustre de violence mensongère? Tchékhov, c'est tout le contraire, c'est l'humanisme, l'intelligence. Il était médecin, il est mort très jeune de la tuberculose à 40 ans et il a une œuvre considérable qui n'est pas romanesque, comme on le sait, c'est une œuvre de théâtre. C'est un des auteurs les plus joués dans le monde."

Le tiroir des jeunes lecteurs

  • Un court polar publié chez Locus Solus et à lire dès l’adolescence

Il est signé par le brestois Arnaud Le Gouëfflec, qui est à la fois écrivain, scénariste de BD et musicien. Tout démarre avec l’assassinat d’un homme et la conviction de l’enquêteur qu’il résoudra l’énigme quand il découvrira à quoi sert une clef mystérieuse sur le trousseau de la victime ? Avec les illustrations de Laurent Richard. Un livre intitulé « La Clef » que les auteurs jouent aussi sur scène avec le musicien John Trapp.

 

  • Du polar, passons au fantasy avec l’univers singulier des Mystères de Sidroch (Beluga Coop Breizh)

Le deuxième tome vient de sortir. C’est la suite des aventures de l’adolescent Antoine Steredenn et sa famille qui détiennent le secret d’un passage dans un monde parallèle fantastique. Armelle Raulo, auteur costarmoricaine s’est inspirée à la fois d’Harry Potter, du Seigneur des anneaux et des légendes bretonnes. Avec les Illustrations en noir et blanc de Senyphine.

 

 

Le tiroir du libraire

A Saint-Servan, quartier de Saint-Malo,  Pierre Garrigues vient de reprendre  "Le porte-plume malouin ", une très très ancienne librairie. Il partage avec nous un des coups de cœur de la rentrée littéraire: Les enfants endormis de Anthony Passeron (Editions du Globe).

"C'est un récit de sa famille dans les années 80 et la disparition de son oncle qui est une des premières victimes du Sida, il était héroïnomane. On est plongé dans cette famille de commerçants, immigrés italiens que rien ne destinait à connaître une telle tragédie. C'est à la fois l'incompréhension, c'est aussi la beauté du récit d'Anthony, qui est accompagné un chapitre sur deux par un récit plus scientifique sur la découverte de Sida. C'est à la fois passionnant historiquement et extrêmement fort."

 

 

La 4ème de couverture

 

La rubrique 4ème de couverture donne la parole aujourd’hui au finistérien Thierry Dussard pour un très beau livre sur les traces de Flaubert en Bretagne "Fantaisie vagabonde" (Paulsen)

 

 

 

Le Tiroir des rendez-vous

 

Du côté des rendez-vous préparés par notre partenaire Livre et lecture en Bretagne, voilà trois évènements à noter.

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