Le groupe de chaussures Noël était placé en liquidation judiciaire depuis le 18 septembre dernier. Ce mercredi 6 novembre, le Tribunal de commerce de Rennes a prononcé l'arrêt immédiat de son activité. La totalité des 84 salariés sont licenciés. Un CSP va leur être proposé.
"C'est la fin de l'entreprise Noël, la fin de l'histoire". Patrick Noël, le PDG du groupe de chaussures Noël ne cache pas son émotion, à la sortie du Tribunal de commerce de Rennes. Ce mercredi 6 novembre, l'arrêt immédiat d'activité a été prononcé, tous les salariés français vont être licenciés. "Je me suis battu jusqu'au bout pour trouver une solution, explique-t-il la voix étranglée. Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas" finit-il résigné.
Des offres de reprises avaient pourtant été déposées, depuis le placement de son groupe en liquidation judiciaire le 18 septembre dernier. Huit offres, précisément, mais toutes sur des périmètres limités : "Il n'y avait aucune offre globale, précise Patrick Noël. Le tribunal de commerce a jugé les propositions irrecevables. Je comprends les raisons juridiques..."
Au total, ce sont donc 84 salariés, dont 61 à Vitré qui se retrouvent sans travail, du jour au lendemain. Une poursuite d’activité avait été accordée jusqu’au 15 décembre dans la cadre de la procédure juridique, mais le tribunal a prononcé ce mercredi, l’arrêt de cette poursuite temporaire d’activité.
"Noël, une institution à Vitré"
Une page se tourne sur le site de Vitré, où jusqu'à un millier de personnes à travailler. "Moi j'y suis entrée en 1965 de l'époque de Monsieur Xavier, nous explique Brigitte, ancienne salariée qui venait ce jeudi acheter des chaussures. Surprise de découvrir le rideau baissé, elle ne cache pas son émotion. "On sentait bien que cela allait arriver, mais quand même : c'était une institution sur le pays de Vitré !"L'entreprise avait en effet été créée en 1927 à Vitré par les frères Henri et Edouard Noël. Une affaire reprise par le fils et neveu, avant que ce ne soit au tour de Patrick Noël. En difficulté depuis plusieurs années, l'entreprise Noël avait notamment été placée en redressement judiciaire en 2014-2015.
"Cette fois, c’était mission impossible" a réagi Pierre Méhaignerie, le maire de Vitré. "On le voit bien avec les entreprises en textile, cuir et chaussures... C'est une évolution mondiale ! complète par téléphone celui qui est aussi président de Vitré Communauté.
"Comme tout bassin industriel, nous faisons face depuis de nombreuses années à des mutations industrielles difficiles. Notre objectif sera à cette occasion de redonner espoir aux salariés de l’entreprise Noël, et les aider à retrouver un emploi le plus vite possible." précise-t-il dans un communiqué.
Avenir incertain
Un CSP, contrat de sécurisation professionnel va maintenant être proposé aux salariés français qui ont une vingtaine de jours pour accepter, ou non ce dispositif. Beaucoup ont fait toute leur carrière chez Noël. "Ils n'ont pourtant pas encore l'âge de la retraite, confirme Sébastien Pouteau, responsable logistique. Je m'inquiètre pour eux, comme pour les collègues tunisiens."
Le groupe regroupe plusieurs structures et comptait encore quatre marques : Babybotte, Noël-Kids, Mary Isa-Minibel et Easy Peasy. Des marques et des stocks qui pourraient peut-être être repris, dans un second temps, mais donc sans salariés.
Le groupe comprend également trois filiales en Tunisie qui emploient 700 personnes. Ces dernières ne sont pas concernées par cette liquidation judiciaire, le tribunal n'étant compétent que sur les sociétés françaises. L'avenir de ces salariés reste à ce jour incertain.