La candidate verte à la présidentielle s'est rendue sur la plage où ont été découverts les cadavres de 36 sangliers.
Eva Joly sur la plage de Morieux
Eva Joly, candidate Verte pour la prochaine élection présidentielle s'est rendue aujourd'hui à Morieux, dans les Côtes d'Armor, où 36 sangliers ont recemment été retrouvés morts.
Eva Joly en visite
La candidate à la présidentielle d'Europe Ecologie Les Verts (EELV), Eva Joly, s'est d'abord rendu à Hillion pui sur le site où ont été découverts les cadavres des 36 sangliers en juillet. Elle a estimé que "le moment" était "venu" de prendre le problème des algues vertes "à bras le corps", après l'hécatombe de sangliers en juillet en Bretagne.
Il y a eu "un déni de réalité", a affirmé Eva Joly. "Le summum de ce déni a été atteint lorsque Nicolas Sarkozy a déclaré que seuls les écologistes faisaient le lien avec les algues vertes et l'agriculture", a-t-elle estimé.
"Le moment est venu de réellement prendre le problème à bras le corps et de proposer de vraies réformes", a affirmé la candidate écologiste. Elle prône l'abrogation de la loi de modernisation agricole, "avec la facilité qu'elle a donné de s'agrandir" aux éleveurs, et "un nouveau contrat social entre le paysan et la société", le modèle agricole actuel ne faisant "plus vivre le paysan".
"Il faut commencer dès aujourd'hui la réduction d'azote, de nitrates. Nous voulons réduire de moitié les azotes dans les cinq ans pour commencer à inverser la tendance", a expliqué Eva Joly, qui espère voir ainsi, d'ici dix ans, la Bretagne "débarrassée" du problème des algues vertes. "Nous ne disons pas que c'est simple, nous portons ce programme avec les agriculteurs", a-t-elle assuré.
"Les paysans ne sont pas les responsables. Les paysans ont fait ce qu'on leur demandait de faire", a-t-elle insisté. "Il y a un nombre de suicides inacceptable dans cette profession" qui "souffre", a-t-elle également fait valoir, en évoquant le "mal vivre des paysans prisonniers de leurs crédits".
Les agriculteurs s'expriment
Des représentants agricoles des Côtes-d'Armor avaient organisé la veille sur cette même plage à Morieux une conférence de presse pour exprimer leur ras-le-bol. Ils ont mis en doute l'existence d'un lien entre les algues vertes et la mort de 36 sangliers en juillet dans l'estuaire du Gouessant, allant jusqu'à dénoncer une "manipulation" de la part des défenseurs de l'environnement.
"Les premiers résultats d'analyses ne permettent pas d'affirmer très concrètement que ce sont le H2S et les algues vertes (qui sont responsables). Il y a manipulation, nous tenons à la dénoncer", a déclaré Olivier Allain, le président de la Chambre départementale d'agriculture. "Des algues vertes, il y en a depuis 40 ans. Là, ça ressemble tellement à un empoisonnement: quand les animaux sont empoisonnés, ils cherchent à s'abreuver et ils finissent là ", sur la plage, a-t-il ajouté.
Les algues vertes sur le banc des accusés
Pour le docteur Claude Lesné, ancien chercheur au CNRS, spécialiste de la toxicité des polluants aériens, le lien de cause à effet ne fait cependant aucun doute, tout comme pour les militants écologistes qui dénoncent les rejets azotés agricoles qui favorisent la prolifération des algues.
Mais selon Olivier Allain, "les agriculteurs ont obtenu déjà des résultats en termes de baisse des taux de nitrates et ils adhèrent au plan algues vertes" initié l'an passé par le gouvernement. "Mettre encore les algues vertes et derrière ça le monde de l'élevage au banc des accusés c'est un peu de trop", a-t-il déclaré.